Greffe : comment éviter les rejets ?
En 2013, plus de 5.000 greffes ont été réalisées en France, selon l'Agence de la biomédecine. On évoque souvent l'attente, l'intervention chirurgicale et le début d'une nouvelle vie. Ce que l'on raconte moins, c'est le combat quotidien des médecins et des patients pour lutter contre un phénomène insidieux et pourtant parfaitement naturel : le rejet de greffe.
Pourquoi le rejet de greffe ?
Notre organisme est conçu pour se protéger de tout corps étranger : un virus, une bactérie mais aussi un organe greffé. Pourquoi un tel "sectarisme" cellulaire ? C'est Jean Dausset, prix Nobel de médecine, qui a découvert le premier le système d'histocompatibilité à l'origine du rejet, un système comparable aux groupes sanguins.
Toutes les cellules de notre corps possèdent à leur surface des molécules propres à chaque individu, sorte de carte d'identité cellulaire. C'est ce qu'on appelle le système HLA.
Il existe ainsi moins d'une chance sur un million de partager le même système qu'un autre individu. Les médecins cherchent donc le greffon le plus compatible avec le système HLA du receveur. Mais les résistances du système immunitaire restent cependant inéluctables et plus ou moins rapides.
Le rejet peut être :
- hyper aigu : au moment de l'intervention ;
- aigu : dans les trois à quatre mois qui suivent la greffe ;
- ou chronique : jusqu'à 10 ans après la transplantation.
Dans ce dernier cas, c'est un rejet beaucoup plus insidieux qui s'installe dans le temps et peut aboutir à une destruction de l'organe. Il est donc primordial de surveiller l'état du greffon pour détecter au plus tôt les signes d'un rejet. C'est pour cela que l'on pratique des prises de sang régulières et des biopsies.
Différents types de rejet
Sous le microscope, les chercheurs sont capables de diagnostiquer deux types de rejets. Le rejet cellulaire, lorsque certaines cellules immunitaires (les lymphocytes tueurs) s'attaquent directement au greffon et le rejet humoral, lorsque ce sont des anticorps qui vont s'attaquer au système HLA du greffon.
Hélas, le diagnostic se fait lorsque le greffon est déjà endommagé. Et si on pouvait le détecter en amont, avant même les premières destructions de cellules ? C'est l'objet des recherches du Professeur Dany Anglicheau. Ce néphrologue collecte depuis quatre ans des échantillons de sang et d'urine à la recherche de biomarqueurs. Des cellules associées au rejet de greffe qui pourraient servir à des diagnostics précoces, avant l'apparition des symptômes, et non invasifs.
Des recherches pour de nouveaux traitements
Une fois le rejet diagnostiqué, comment le traiter ? Il existe des médicaments : les immunosuppresseurs. Ce sont des molécules qui touchent le système immunitaire pour empêcher toute réaction de rejet contre le greffon.
Mais les défenses immunitaires du patient s'en trouvent aussi affaiblies pour lutter contre les virus, les maladies opportunes ou encore l'apparition de certains cancers. Ce sont aussi des traitements lourds à supporter au quotidien.
Que peut-on encore attendre de la recherche en matière de traitements ? Si les médecins traitent aujourd'hui assez bien les rejets aigus et les rejets cellulaires, ils sont en revanche beaucoup plus démunis pour endiguer les rejets chroniques et les rejets par anticorps. L'une des nouvelles voies de recherche consiste à développer des médicaments ciblés qui empêchent la fabrication d'anticorps sans pour autant affaiblir le système immunitaire dans son ensemble.
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