Prévenir l'apparition de la maladie d'Alzheimer
A l'heure actuelle, les scientifiques ignorent comment prévenir l'apparition de deux types lésions caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. En revanche, de nombreuses préconisations existent pour retarder l'apparition de ses symptômes. Point sur l'état des connaissances scientifiques sur le sujet avec le Dr Carole Sereni, chef de service de neurologie hôpital Léopold-Bellan (Paris).
Prévenir les pathologies vasculaires
"Il y a une association perverse entre les lésions typiques de la maladie d'Alzheimer, qui ont une évolution lente, et les lésions vasculaires", explique le docteur Sereni. "Du fait de ces lésions de type vasculaire, les symptômes de la maladie vont apparaître plus tôt, et évoluer beaucoup plus vite. En conséquence, tout ce qui est valable pour la prévention des pathologies vasculaires cérébrales est valable pour retarder l'apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer."
De fait, le diabète, le surpoids, un haut taux de cholestérol, le tabagisme ou la sédentarité sont autant de facteurs qui vont favoriser l'apparition des symptômes.
"Ceci justifie toutes les préconisations d'ordre hygiéno-diététiques", poursuit Carole Sereni. "Plusieurs études ont ainsi souligné les bénéfices du "régime crétois", riche en fruits et en légumes, dans la prévention de la maladie d'Alzheimer. Celui-ci est probablement d'autant plus intéressant qu'en plus d'une bonne santé vasculaire, il peut exister des bénéfices en termes d'apports en antioxydants. Ces antioxydants participent à la réduction de l'inflammation, et les lésions [typiques de la maladie d’Alzheimer] sont des formes d'inflammation."
Entretenir notre réseau de neurones
Par ailleurs, il faut souligner la grande importance de l'exercice physique pour prévenir l'apparition des symptômes de la maladie. Là encore, il y a d'importants bénéfices en terme de santé cardiovasculaire. Mais l'exercice physique joue également sur les capacités - modestes mais réelles - de régénération de notre cerveau. Il semble que l'activité générale cérébrale augmente la capacité de néogénèse des neurones. Or, le volume de notre cerveau consacré à la production de nos mouvements et à leur coordination est très, très important !
"En comparaison, les efforts purement intellectuels sollicitent moins le cerveau", note le docteur Sereni. Il ne s'agit pas, pour autant, de les négliger (1). "La lecture d'un livre est probablement l’exercice intellectuel qui sollicite le plus le cerveau", complète le médecin.
L'importance des relations sociales
Troisième voie de prévention de la maladie : les relations sociales. "On met plus le cerveau en jeu quand on parle à quelqu'un que lorsque l'on reste seul", explique le docteur Sereni. Certaines études ont montré que les symptômes de la maladie tendent à apparaître plus tard chez les personnes qui ont travaillé le plus longtemps. "Cela n'a rien d'étonnant", commente le médecin. "Le travail entretien activité et sociabilité. Plus on reste en contact avec les autres et plus on maintient son activité physique, mieux c’est !"
"Aujourd'hui, voilà les seules préconisations que l'on peut faire pour prévenir l’apparition des symptômes de la maladie", conclut-elle. "Il est très difficile de s’aventurer au delà de ces conseils généraux, qui sont ceux d'une bonne hygiène de vie."
(1) A noter qu’il semble qu'un développement précoce du réseau de synapses retarde l'expression de la maladie à l’âge adulte. Il existe probablement une plus grande aisance pour le cerveau à se reconfigurer chez des personnes ayant eu une sollicitation intellectuelle plus importante dans l'enfance.
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