Dépression : quand la nourriture devient réconfort
Les symptômes dépressifs s'accompagnent souvent de troubles du comportement alimentaire. Les personnes qui souffrent d'hyperphagie et de grignotage compulsif lors de leur dépression peuvent alors être amenées à suivre un programme dans une clinique spécialisée.
Quand rien ne va, il y a le chocolat ! En cas de coup dur, de stress ou de contrariété, nous sommes nombreux à chercher du réconfort dans notre frigo ou nos placards. Et lorsque nous avons le moral dans les chaussettes, nous jetons rarement notre dévolu sur des haricots verts. Nous avons en effet tendance à privilégier le sucre, les aliments gras et riches en calories.
Depuis plus de vingt ans, Anne-Gaëlle souffre de dépression. Un mal-être quasi-permanent qu'elle a tendance à compenser par la nourriture et les grignotages compulsifs. Il y a quelques semaines, elle a débuté un séjour d'hospitalisation dans une clinique spécialisée. Avec un psychiatre, elle participe notamment à des séances de thérapie comportementale et cognitive. L'objectif des séances est d'analyser les mécanismes et les émotions qui sont à l'origine des compulsions alimentaires.
L'hyperphagie d'Anne-Gaëlle est compulsive et pathologique. Mais dans une moindre mesure, nous sommes nombreux à nous tourner vers la nourriture en cas de stress ou de coup de blues comme l'explique le Dr Christian Juenet, psychiatre : "Certaines personnes ont tendance à se tourner prioritairement vers la nourriture en cas de troubles émotionnels parce qu'ils ont expérimenté préalablement. Finalement, manger leur apportait quelque chose d'agréable, soit un soulagement, soit un bien-être, soit une sensation de plénitude. Et c'est ce bénéfice associé à la nourriture qui fait que assez rapidement la personne va enchaîner ce comportement. Elle ne va pas bien, elle mange, elle va un peu mieux, cela la soulage…".
La nuit, les personnes dépressives ressassent leurs angoisses. Et lorsqu'il leur est impossible de dormir, c'est tout naturellement dans la nourriture qu'elles se réfugient. Les compulsions sont ritualisées, ce sont des plaisirs coupables qu'on s'offre à l'abri des regards. Pour certains patients, la clé de la guérison passe par un lâcher prise. Tout au long de leur séjour, les patients apprennent ainsi à exprimer leurs émotions pour peu à peu devenir plus forts que la dépression.