Le neurofeedback, une technique expérimentale discutée
Depuis quelques mois, plusieurs psychologues privés et quelques services hospitaliers proposent des séances de neurofeedback. Un terme générique qui recouvre en réalité des pratiques très différentes. L'idée est d'enregistrer l'activité électrique neuronale et de permettre au cerveau de la corriger s'il y a un trouble. Cette technique est utilisée dans des cas de troubles du déficit de l'attention, de stress post-traumatique ou encore d'insomnie. En France, les protocoles ne sont pas encore normalisés, ce qui rend cette pratique difficile à évaluer.
Le neurofeedback est une technique qui doit permettre au patient de mieux maîtriser son activité cérébrale. Le principe des séances est d'aider le cerveau à se rééduquer lui-même et à gommer les dysfonctionnements qui causent le trouble psychologique.
Le neurofeedback fait débat dans le milieu scientifique notamment parce qu'il existe de nombreux logiciels pour pratiquer cette thérapie. Selon le Dr Olivier Pallanca, psychiatre neurophysiologiste, avec cette méthode, on ne sait pas si le signal enregistré correspond bien à l'activité cérébrale : "On n'a jamais démontré qu'on pouvait resynchroniser le cerveau de manière aussi simple, avec deux électrodes. En sachant que même avec des IRM et des EEG (électroencéphalogramme) quantifiés, on a déjà du mal à percevoir cette activité".
Concernant l'efficacité du traitement rapportée par les patients, le Dr Pallanca explique qu'il est difficile de savoir s'il s'agit d'un "effet placebo, un effet prise en charge ou un effet de l'appareil chez certaines personnes…".
Pour étudier et éventuellement valider des prises en charge, Olivier Pallanca mène des recherches sur le neurofeedback. Il effectue d'abord une étude précise de l'activité électrique du cerveau grâce à un électro-encéphalogramme complet. Cet examen couplé à l'examen clinique du thérapeute permet de déterminer sur quelle partie du cerveau travailler.
Depuis les années 70, des milliers d'études dans le monde ont cherché à évaluer les effets du neurofeedback. Les plus probantes portent sur les troubles du déficit de l'attention ou sur l'épilepsie. Mais à ce jour, aucun protocole de soins n'a été validé en France par la Haute autorité de santé (HAS).