Réanimation : pédaler en étant alité
Pour lutter contre la perte musculaire qui affecte les personnes hospitalisées dans un service de réanimation, de plus en plus d'hôpitaux proposent à leurs patients de faire du sport même sans sortir du lit. Au centre hospitalier du Havre, les kinés du service de réanimation ont mis leurs patients au vélo... dans leur lit. Une solution qui permet d'entretenir les muscles, d'améliorer la prise en charge et la récupération des patients, alors même qu'ils sont le plus souvent incapables de se tenir debout.
Alors que les patients en service de réanimation sont incapables de se tenir debout, au centre hospitalier du Havre, ils font du sport tous les jours.
Grâce à un vélo médicalisé, les patients font travailler leurs jambes, leur cœur et leurs poumons sans même sortir de leur lit. Dès qu'ils sont maintenus immobiles, les muscles perdent très rapidement de leur tonicité. Les quadriceps par exemple fondent de 30% en moins de quatre jours d'inactivité.
Pour les kinés, il était donc temps de trouver une solution. Ils ont donc monté un dossier afin de convaincre leur direction d'investir 9.000 euros dans cette machine aussi rare qu'innovante. "On a différents programmes. On a un programme complètement passif, où c'est le moteur de la machine qui va effectuer le mouvement pédalage. On utilise ce programme quand les patients sont incapables de répondre aux ordres simples lorsqu'ils sont dans le coma ou quand ils n'ont pas assez de force. Ensuite, à partir du moment où le patient va être plus réveillé, on va pouvoir lui proposer un programme actif, changer la résistance, l'augmenter ou la diminuer en fonction de la tolérance du patient et de son état de fatigue. On espère ainsi améliorer la condition musculaire et la condition physique des patients à la sortie de réanimation", explique Clément Medrinal, kinésithérapeute.
Service de réanimation oblige, pas question de pousser les patients trop loin. Fréquence cardiaque, oxygène… les kinés surveillent en permanence tous les paramètres du patient comme le souligne Clément Medrinal : "Il faut vérifier que tout reste stable. Il est aussi normal d'avoir des variations pendant l'exercice. La fréquence cardiaque peut augmenter, cela est physiologique. La saturation peut un peu chuter mais nous avons des bornes inférieures à ne pas dépasser".
Depuis l'été 2014, au Havre, tous les patients du service de réanimation peuvent pédaler dans leur lit dès que les médecins donnent leur feu vert. Pour le chef de service, le Dr Medhi Bousta, c'est même devenu un outil indispensable : "Ca vient plus qu'en complément, cela fait partie du soin de réanimation et cet outil permet de diminuer la durée de séjour en réanimation, d'avoir moins longtemps l'assistance respiratoire, c'est formel. Si on ne perd pas de muscle, on ne perd pas de muscle respiratoire et on peut s'acquitter plus rapidement du tuyau pour respirer. Et donc cela fait partie du projet de soins, du soin dans sa globalité du patient de réanimation. Le but quand une personne entre en réanimation, c'est aussi de sortir de réanimation le moins abîmé possible".
L'expérience fait des émules. Aujourd'hui en France, 31 services de réanimation proposent à leurs patients de faire du vélo au lit.