Les jeunes délaissent la drogue pour les écrans
Que les parents se rassurent, les jeunes boivent de l’alcool et fument leur première cigarette de plus en plus tard… Un recul en partie lié à une autre activité : le temps passé devant les écrans. La part des jeunes qui surfent quotidiennement sur Internet a en effet explosé en 12 ans, passant de 23% en 2003 à 83% en 2015. François Beck, directeur de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies répond à nos questions.
- Selon une étude réalisée par l'Observatoire que vous dirigez, l’addiction aux écrans et à Internet aurait retardé les premières expériences de consommation d’alcool, de tabac et de cannabis. D’après vous, est-ce une bonne nouvelle ?
François Beck – Plus que d’addiction, il faut parler de temps passé devant les écrans. Ce que l’on a étudié dans ce rapport, c’est un temps global. Il n’y a pas que des gens qui sont "addict" aux écrans, loin de là. Mais c’est vrai, ce temps passé est pris sur d’autres activités qui pourraient être des opportunités d’être en contact avec des produits comme l’alcool, le cannabis, ou le tabac.
- Votre rapport constate que la consommation d’alcool, de tabac et de drogue a baissé chez les adolescents ?
François Beck – La consommation a surtout baissé chez les très jeunes. Quand on regarde la fin de l’adolescence, c’est moins vrai. On retrouve des niveaux qui sont assez élevés par rapport à d’autres pays européens. Il s'agit surtout de la génération de jeunes nés entre 2000 et 2005, âgés de 11 et 16 ans aujourd’hui. Eux sont nettement moins consommateurs que la génération précédente.
- Comment expliquer cette évolution ?
François Beck – L’une des explications, c’est que les parents de ces jeunes-là sont eux-mêmes moins consommateurs que les générations précédentes. Or jusqu’à au moins 12-13 ans, le premier modèle des enfants, ce sont les parents. La prévention elle aussi fonctionne. Encore faut-il qu’on laisse les actions de prévention s’installer dans le temps.