Relancer la croissance
À l'école, les enfants sont souvent rudes avec ceux qui grandissent moins vite que les autres. En plus d'être difficile à vivre, cela peut être inquiétant pour les parents. Comment savoir si son enfant est trop petit ? Peut-on intervenir sur la croissance dans tous les cas ?
Qu'est-ce que la croissance ?
Anomalie génétique, troubles alimentaires ou encore problèmes hormonaux... Plusieurs facteurs peuvent perturber la croissance et avoir des conséquences à l'âge adulte si l'on ne traite pas. Les os commencent à se développer dès la vie foetale et continuent après la naissance. Au départ, les différents os ne sont que du cartilage. Ils vont ensuite s'ossifier progressivement, durcir et croître aussi bien en largeur qu'en longueur.
Un os long comprend une partie centrale, la diaphyse (os compact) et deux extrémités, les épiphyses (os spongieux). Entre les épiphyses et la diaphyse, il y a un espace fait de cartilage qui correspond à la plaque de croissance. On l'appelle aussi le cartilage de conjugaison. La croissance en longueur se fait à partir de cette zone, vers l'extrémité supérieure de l'os.
Grâce à l'hormone de croissance, les enfants grandissent d'environ 5 centimètres par an dès l'âge de 2 ans. A la puberté, les hormones sexuelles, la testostérone et les oestrogènes, accélèrent la croissance. Les filles gagnent 6 à 11 centimètres par an (la croissance a habituellement lieu entre 10-12 ans et 14-16 ans). Les garçons, eux, grandissent encore plus vite, de 7 à 12 centimètres, entre 12 et 16 ou 17 ans.
Lorsque la plaque cartilagineuse est complètement ossifiée, la croissance est définitivement terminée, habituellement autour de 20 ans. Des courbes de croissance, une pour les filles et une autre pour les garçons, permettent de vérifier qu'un enfant grandit normalement et atteint cette taille cible. Elles ont été actualisées en 2018. On parle de retard de croissance quand le rythme de croissance est plus lent que la moyenne et qu'il est en dessous des valeurs inférieures.
Identifier un ralentissement de la croissance
En cas de retard de croissance, différents examens sont réalisés, dont un bilan biologique par prise de sang et un bilan hormonal.
En seconde intention, un test de stimulation de l'hormone de croissance peut être réalisé, afin de voir si elle est correctement sécrétée par l'organisme grâce à un test réalisé en hôpital de jour. Cette hormone qui permet notamment de grandir est fabriquée par une petite glande du cerveau : l'hypophyse.
Pour ce test, deux produits sont administrés. Le premier est l'arginine. Des prélèvements sanguins et un contrôle de la glycémie sont ensuite réalisés toutes les 15 minutes. Et pendant trois heures, toute la durée du test, ce geste est répété onze fois. Le deuxième produit administré est l'insuline. Elle provoque une hypoglycémie, une réaction à laquelle le corps doit normalement répondre par une augmentation de la sécrétion d'hormone de croissance. En général, les résultats sont attendus dans les quatre à six semaines. Si l'enfant souffre d'un déficit en hormone de croissance, une IRM de la glande hypophyse est ensuite réalisée pour confirmer le diagnostic.
Un trouble hormonal peut être à l'origine d'un retard de croissance mais d'autres causes sont possibles comme des maladies digestives, osseuses ou rénales ou encore une anomalie chromosomique. Dans certains cas, l'origine du trouble reste inexpliquée.
Un traitement efficace
Il n'est pas toujours facile de savoir quand il faut s'inquiéter de la taille de son enfant et solliciter un spécialiste. Pour le Dr Delphine Zenaty, pédiatre endocrinologue, il est important que les parents demandent "une mesure de leur enfant au moins une fois par an et que la taille soit reportée sur la courbe de croissance". Ainsi, les parents peuvent s'alerter et consulter quand l'enfant commence à "quitter son couloir" et que sa taille se situe en dessous de la courbe inférieure. A savoir, ce peut être très ponctuel et compensé dans les mois qui suivent, d'où l'uimportance du suivi.
Et quand un problème de croissance est identifié, un suivi régulier est essentiel. En cas de retard de croissance, la tolérance au traitement (hormones de croissance) doit être contrôlée une fois par an par une prise de sang. 6.000 enfants bénéficient de ce traitement d'après l'INSERM.
Apprendre à se soigner
Sans traitement, les enfants qui souffrent d'un retard de croissance risquent de ne jamais atteindre la taille adulte considérée comme "normale", c'est-à-dire une taille comprise entre 1 mètre 62 et 1 mètre 90 pour un homme et entre 1 mètre 52 et 1 mètre 77 pour une femme.
Lorsque l'origine est un déficit d'hormone de croissance, le traitement consiste à supplémenter l'enfant par une injection quotidienne d'hormone et ce, pendant plusieurs années. Pour accompagner au mieux les familles au début du traitement, des ateliers d'éducation thérapeutique sont mis en place dans certaines structures comme à l'hôpital Necker-Enfants malades, à Paris.
Parents et enfant suivent ces séances pour apprendre à bien réaliser les injections d'hormones de croissance. Ces conseils et cette éducation thérapeutique sont d'autant plus essentiels que les piqûres se poursuivent pendant plusieurs années.
Aujourd'hui, l'hormone administrée est synthétisée en laboratoire et ne présente donc plus aucun danger. Avant la fin des années 80, l'hormone était extraite de l'hypophyse de cadavres animaux et humains. Certains étant infectés par des prions, des enfants avaient été contaminés et avaient par la suite développé la maladie de Creutzfeld-Jacob. A ce jour, 125 personnes sont décédées.
La croissance n'est pas qu'une question esthétique, mais surtout un signe de bonne santé. Il est donc primordial de la surveiller.