Traiter la dyslexie en musique
Environ 5% des Français seraient dyslexiques. Un chiffre encore plus élevé chez les enfants. La dyslexie est un trouble de l'apprentissage de la lecture et de l'orthographe, lié à une difficulté pour différencier les lettres et les syllabes. Pour traiter la dyslexie, on connaît la rééducation classique chez l'orthophoniste. À Marseille, des chercheurs se sont demandés si la musique pouvait aussi traiter ce trouble.
Les enfants dyslexiques ont des difficultés pour lire et souvent aussi pour écrire. Pour expliquer la dyslexie, il faut chercher dans le cerveau et plus précisément dans l'hémisphère gauche, où trois zones sont activées quand on lit. Ces trois zones sont dysfonctionnelles chez les dyslexiques, elles s'activent insuffisamment ou parfois un peu trop.
Une autre différence de taille réside dans ce qu'on appelle le faisceau arqué : "Ce sont des câbles de connexion entre les zones visuelles, auditives et motrices. Les personnes dyslexiques ont précisément une organisation déficiente de ce faisceau, comme si la partie du cerveau qui sert à connecter les différentes zones importantes pour lire était mal structurée", explique le Dr Michel Habib, neurologue.
À l'inverse, des chercheurs ont mis en évidence que dans le cerveau de musiciens professionnels, les zones visuelles, auditives et motrices sont plus développées que la normale. Même constat pour le faisceau arqué qui serait une fois et demie plus important. Grâce à un entraînement répété depuis l'enfance, les musiciens ont amélioré leurs fonctions cognitives. Des capacités qui font défaut chez les personnes dyslexiques.
Partant de ce constat, ces chercheurs se sont donc demandés si l'on pouvait utiliser la musique pour traiter la dyslexie : "La pratique de la musique repose sur l'anticipation et sur une prédiction temporelle très précise. Il faut être dans le tempo avec les autres et aussi avec soi-même, il faut garder la pulsation. Et cet aspect de garder la pulsation, de garder le tempo, de savoir anticiper ce qui va se passer est très important aussi dans la perception de la parole et aussi dans la lecture parce qu'il faut toujours savoir anticiper ce que quelqu'un va dire", souligne Daniele Schön, chercheur au CNRS.
C'est l'objectif des ateliers. En plus du travail sur le rythme, les patients apprennent à coordonner le mouvement de leur corps sur la musique et à percevoir les sons. "On demande à la personne dyslexique de se centrer sur son univers sonore. Et avec cette capacité, avec cette écoute active que l'on va solliciter, on va lui demander de discriminer des sons qui vont être proches, puis de plus en plus proches. Et tout se passe comme si on préparait un peu le terrain pour ensuite revenir sur un travail orthophonique plus classique de ce qu'on appelle la phonologie, c'est-à-dire être capable de discriminer correctement les sons du langage", explique Céline Commeiras, orthophoniste. Ces ateliers ne remplacent pas une rééducation classique mais grâce à leur aspect ludique, ils permettent de lui donner un second souffle.
Amélioration de la lecture, de l'orthographe, de la concentration, les bénéfices de la musique sont nombreux. Pour encore plus d'efficacité, l'idéal est d'associer ces ateliers à l'apprentissage d'un instrument de musique.