Cancer de la prostate : éviter les surtraitements
Avec près de 54.000 nouveaux cas en France par an, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme. De nombreux patients subissent une ablation complète de l’organe. Une opération qui peut avoir des effets secondaires lourds, tels que le trouble de l'érection ou l'incontinence urinaire. D'autres options thérapeutiques existent comme la radiothérapie ou la surveillance active. Une étude américaine, publiée dans le JAMA, compare ces différentes stratégies et leurs effets sur la qualité de vie des patients.
Comment conserver la meilleure qualité de vie possible pour les patients atteints d’un cancer de la prostate ? C’est tout l’enjeu de l’étude du Dr Daniel Barocas, du centre médical Vanderbilt, à Nashville, et de son équipe. Ils ont comparé les méthodes thérapeutiques proposées à 2.550 patients. La plus fréquente est l’ablation de la prostate. Quand les tumeurs sont plus petites, il est possible de proposer la radiothérapie ou la curiethérapie. La prise en charge la moins contraignante est la surveillance active qui consiste à faire des prises de sang et des biopsies tous les six mois, mais celle-ci est réservée aux patients qui présentent des microlésions.
La surveillance active possible seulement pour les microlésions
Selon le Dr Olivier Dumonceau, chirurgien urologue : "On ne peut pas proposer la surveillance à tous les patients. Bien évidemment, il faut les sélectionner. Il faut expliquer aux patients la surveillance active, ces modalités… Il faut insister sur le fait que la surveillance active n’est pas de l’abstention thérapeutique. C’est une surveillance pour voir de quelle façon la maladie va évoluer. Si elle évolue, et si jamais elle évolue de façon défavorable, il faut pouvoir leur proposer un traitement curatif."
En moyenne, la surveillance active dure entre deux et trois ans. Parfois, la maladie s’aggrave et un autre traitement est nécessaire. C’est là que les patients voient leur qualité de vie déclinée. Les problèmes d'érection et d’incontinence urinaire sont vécus comme des séquelles aggravantes pour les patients ayant été opérés. Ceux traités par radiothérapie se plaignent davantage d'obstruction urinaire et d'irritations. Seul un traitement précoce de la maladie limite les effets secondaires.
Seul un diagnostic précoce limite les effets secondaires de l'opération
Pour le Dr Olivier Dumonceau, "quand on diagnostique tôt le cancer de la prostate et qu’on propose un traitement tôt, notamment un traitement chirurgical, on va être moins agressif que si la maladie a évolué. Quand la maladie est de petite taille dans la prostate, on va pouvoir finalement l’enlever et préserver tout ce qui est autour, à savoir les sphincters pour l’incontinence et les nerfs pour les érections".
Les problèmes d’érection peuvent concerner jusqu’à 80% des patients opérés, mais des traitements existent et permettent de redonner une vie quasi normale à près d’un malade sur deux.