Autisme : "plusieurs décennies de retard", selon une association
Des chiffres sur l'autisme "qui explosent", et "plusieurs décennies" de retard dans la prise en charge de ce handicap en France : dressant un constat alarmant, l'association de parents SOS Autisme initie ce 21 mars une campagne d’information sur ce handicap. Un manifeste résumant dix propositions clefs doit être remis à François Hollande avant la journée de l'autisme du 2 avril.
Un nouveau-né sur 100 serait atteint de troubles du spectre de l'autisme (TSA), et "650.000 personnes, dont 250.000 enfants", seraient concernés en France, selon l'association SOS Autisme.
L'association lance une campagne, "je suis autiste, et alors ?", diffusée à partir de ce 21 mars sur les principales chaînes de télévision, et à partir du 22 mars dans les cinémas. Une vingtaine de personnalités (Juliette Binoche, Anna Mouglalis, Samuel Le Bihan, Frédéric Michalak…) apparaissent dans ces clips destinés à lutter contre les préjugés, aux côtés de personnes atteintes d'autisme.
L'an passé, d'autres artistes s'étaient déjà mobilisés pour cette cause.
10 propositions
"On ne guérit pas de l'autisme, mais la précocité du diagnostic, associée à une prise en charge adaptée, suivant les préconisations de la Haute autorité de santé (HAS), permettent de faire progresser l'enfant au point d'avoir une vie « normale »", souligne l'association dans le manifeste qu’elle doit remettre dans les jours prochains au président de la République, ainsi qu'à plusieurs ministres (Santé, Famille, Handicap) et élus.
Parmi les dix propositions présentées dans le document, l'association demande une prise en charge par la Sécurité sociale de soins prescrits par les médecins mais non remboursés (psychologues spécialisés en méthode ABA, psychomotriciens, ergothérapeutes). Actuellement, seules les séances d'orthophonie sont remboursées.
"La prise en charge correcte d'un enfant autiste se situe entre 2.000 et 3.000 euros par mois, dépenses impossibles pour la grande majorité des familles", souligne le manifeste.
Le manifeste demande aussi que l'accueil des enfants autistes dans les écoles publiques soit généralisé, réclame des recrutements et une formation spécialisée des assistantes de vie scolaire (AVS) publiques, des filières universitaires plus nombreuses pour former les psychologues aux méthodes éducatives, ou encore une campagne d'information pour favoriser l'accès à l'emploi des personnes autistes.
Selon un sondage Ifop réalisé pour SOS Autisme (1.502 personnes interrogées en ligne du 1er au 3 mars), 79% des Français pensent que les personnes autistes sont victimes de discriminations ; 69% se disent prêts à travailler avec elles, et 72% se disent choqués que le terme "autiste" soit utilisé dans le langage courant et par des personnalités publiques comme quelque chose de négatif et insultant.
La HAS a estimé en 2012 que l'approche psychanalytique, "non consensuelle", n'avait pas fait la preuve de sa pertinence. Elle recommande désormais, dès le plus jeune âge, le recours à des méthodes éducatives et comportementales (par exemple, la méthode ABA, ou Applied Behavior Analysis), qui travaillent sur les apprentissages à l'aide de jeux ou pictogrammes.