AVC : quand le cerveau fait une attaque
Chaque année près de 125 000 personnes sont victimes d'un AVC. Une prise en charge rapide limite sa gravité.
- Quels sont les signes d'un début d'AVC ?
- Les multiples causes d'un AVC
- Deux types d'AVC : ischémique ou hémorragique
- Comment prendre en charge un AVC ?
- Les AVC, des accidents qui laissent des séquelles
- AVC : limiter les séquelles grâce à la médecine hyperbare
- La rééducation après un AVC
- En savoir plus
Une personne sur 5 aura un AVC au cours de sa vie. Mais lorsqu'il est pris en charge rapidement, le risque d'en mourir ou de souffrir de séquelles invalidantes diminue.
Quels sont les signes d'un début d'AVC ?
Une paralysie d'une partie du corps ou du visage, des engourdissements ou une diminution de la force peut apparaître brutalement. Dans certains cas, parler et comprendre deviennent difficiles, voire impossible. Des maux de tête violents et inhabituels sont aussi un signe qui doit alerter, même s'ils cessent très vite. Ils peuvent être accompagnés de nausées et vomissements.
Autres symptômes qui doivent alerter : une impossibilité à sourire, des difficultés pour parler ou trouver ses mots ou encore la perte de la vision d'un oeil. Si un de ces symptômes apparaît brutalement, il faut absolument appeler le 15.
Près de 125 000 Français sont victimes d'un AVC d'après la DREES. Cette affection peut être très grave puisqu'un quart des patients décède. Il est plus fréquent chez les personnes aux revenus modestes.
Les multiples causes d'un AVC
L'accident vasculaire cérébral qui correspond à un arrêt de la circulation sanguine dans une partie du cerveau, est la première cause de handicap non traumatique chez l'adulte, la première cause de mortalité chez les femmes et la deuxième cause de démences. 70% gardent des séquelles plus ou moins graves après un AVC.
Le cerveau reçoit à lui seul 15% du débit cardiaque et consomme environ 20% des apports en oxygène. Ce sang est envoyé par les carotides et les artères vertébrales. Le cerveau est donc un organe très irrigué. Entre les différents vaisseaux, des connexions, des sortes de voies annexes permettent de pallier rapidement les besoins du cerveau pour que chaque partie puisse être nourrie en permanence.
En cas d'accident vasculaire cérébral, cette irrigation est compromise.
Deux types d'AVC : ischémique ou hémorragique
L'attaque cérébrale peut survenir dans deux cas. Tout d'abord, quand un vaisseau est bouché par un caillot sanguin. La partie du cerveau irriguée par ce vaisseau manque alors d'oxygène. Résultat : des neurones meurent. C'est ce qu'on appelle l'AVC ischémique ou l'infarctus cérébral.
Ou l'AVC peut être lié à un saignement dans le cerveau, suite à la rupture d'un vaisseau. L'hématome comprime alors les structures avoisinantes : c'est l'AVC hémorragique, qui représente 20% des AVC en France, selon Santé Publique France. L'AVC hémorragique peut aussi survenir à cause d'un anévrisme, c'est une fragilisation de la paroi d'un vaisseau qui se dilate. S'il se rompt, il provoque une hémorragie.
L'AVC est une urgence car chaque minute perdue entraîne la destruction de deux millions de neurones. En fonction de la zone atteinte, différents signes neurologiques sont possibles.
Comment prendre en charge un AVC ?
Les traitements sont différents en fonction de l’origine de l’AVC.
· Traitement d'un AVC ischémique, provoqué par un caillot
La thrombectomie mécanique consiste à retirer le caillot, en introduisant un microcathéter pour extraire le thrombus (caillot) directement dans le cerveau du patient. La thrombectomie est alors réalisée soit par aspiration du thrombus, soit par déploiement transitoire d'un stent, placé au sein du thrombus afin de le capturer dans ses mailles et de le retirer. L'opération doit être réalisée dans les six heures qui suivent les premiers signes de l'AVC.
La thrombolyse intraveineuse est administrable jusqu'à 4h30 après le début des symptômes. Elle consiste à injecter dans une veine une substance, le rTPA, qui dissout le caillot. Pour gagner en efficacité, on administre directement le médicament au contact du caillot, en positionnant l'artère fémorale et en remontant jusqu'au cerveau. Cette nouvelle technique qui associe deux méthodes déjà connues améliore de manière considérable le taux de survie du patient. Elle permet de guérir 93% des patients si l'intervention est réalisée moins de 3h30 après le début des symptômes.
· Traitement d'un AVC lié à une hémorragie
Dans ce cas-là, le but de la prise en charge est de contrôler la tension artérielle (les pics d'hypertension artérielle majorent le saignement et les dégâts sur le cerveau) et de prévenir les complications. Quand c'est possible, on retire chirurgicalement l'hématome.
· Traitement d'un AVC provoqué par un anévrisme
En fonction de la taille de l'anévrisme et de la gravité de la rupture, les chirurgiens peuvent réaliser une embolisation. Il s'agit d'une technique consistant à boucher définitivement l'artère cérébrale dont le fonctionnement est pathologique en passant par l'artère fémorale. Un autre traitement est possible, même si l'embolisation est toujours privilégiée. Le chirurgien peut en effet passer par le crâne, en faisant un petit trou, et poser un clip au niveau de l'anévrisme. Il le sépare ainsi de l'artère et de la circulation du sang.
Recherche la cause de l'AVC, comme de l'athérome ou une arythmie, et agir sur les facteurs de risque, sont deux axes essentiels pour prévenir la récidive d'AVC. On estime que 10% des patients ayant eu un premier AVC récidivera dans les 5 ans. La prise en charge consiste alors à équilibrer la tension et le taux de cholestérol sanguin, prescrire un anti-coagulant. En cas de tabagisme, un sevrage tabagique est recommandé.
Une problématique dramatique plane sur les unités AVC : l'hôpital en pleine crise n'a plus les moyens d'accueillir les patients, entraînant une perte de chance.
Les AVC, des accidents qui laissent des séquelles
Les attaques cérébrales laissent souvent des séquelles de gravité très variable en fonction de l'étendue de l'hémorragie. La partie de cerveau qui n'est plus irriguée souffre et des neurones meurent. C'est ce qui provoque les troubles neurologiques, qui sont très différents en fonction de la zone du cerveau touchée.
On estime que 70% des victimes d'AVC gardent des séquelles (mais 60% retrouvent leur indépendance d'après l'INSERM) : il peut s'agir d'une grande fatigabilité, de troubles de la mémoire, de difficultés pour parler... Certains patients restent paralysés. Les attaques cérébrales restent, par ailleurs, la seconde cause de démence en France.
AVC : limiter les séquelles grâce à la médecine hyperbare
Après un AVC, il est impératif de débuter la rééducation le plus tôt possible, dès que l'état de santé de la personne le permet. Au CHU de Nice, quelques patients peuvent bénéficier d'un protocole pilote unique en France : des séances de caisson hyperbare pour limiter les séquelles.
Utilisé pour les accidents de plongée et les retards de cicatrisation, le caisson hyperbare accueille désormais des patients victimes d'AVC. La vingtaine de patients qui participent au protocole pilote à Nice suivent une soixantaine de séances de 90 minutes. Durant ces séances d'oxygénothérapie, les patients respirent pendant plus d'une heure l'oxygène hyperbare, une plongée à sec connue pour ses vertus curatives.
A la suite d'un AVC, les neurones meurent rapidement au niveau d'une zone dite de nécrose, qui n'est plus irriguée en oxygène. Tout autour se trouve une zone dite de pénombre, où l'activité cérébrale est endormie et qui pourrait être en quelque sorte réveillée. "On relance un processus métabolique dans ces zones et on va fabriquer de nouveaux neurones, ce qui explique la neurogenèse secondaire", explique le Dr Bernard Gamain, médecin hyperbare.
Des études sont en cours pour confirmer ces hypothèses mais les premiers résultats semblent prometteurs. Les patients sont recrutés sur dossier médical. Tous victimes d'un AVC dans un passé récent, entre six mois et trois ans. D'après le résultat de certaines études, l'oxygénothérapie hyperbare améliore les capacités de marche. Mais comme les études ne concernent qu'un petit nombre de patients, elle ne fait pas ou pas encore partie de la rééducation des patients victimes d'AVC.
La rééducation après un AVC
Paralysie, difficulté à s'exprimer, à se mouvoir, telles sont les séquelles les plus fréquentes après un AVC. Pour éviter qu'elles ne s'installent, les orthophonistes et kinésithérapeutes prennent en charge les patients rapidement, une rééducation presque au pied du lit.
La prise en charge des séquelles d'accident vasculaire cérébral est adaptée en fonction des troubles ressentis. Un kinésithérapeute intervient pour les problèmes d'équilibre et de paralysie. Les troubles cognitifs et du langage sont pris en charge par un orthophoniste.
Dans les services de médecine physique et de réadaptation, des équipes spécialisées stimulent les fonctions neurologiques endommagées pour améliorer la récupération. Le but est de stimuler la plasticité cérébrale, autrement dit la capacité à recréer des connexions dans le cerveau (voire à ce que des zones non fonctionnelles prennent le relais des zones lésées par l'AVC). Il faut entre deux semaines et six mois de rééducation avant de se prononcer sur les séquelles définitives d'un AVC.
En savoir plus
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