Parkinson : un patient indemnisé pour les addictions liées à son traitement
Un homme atteint de la maladie de Parkinson, ayant souffert d'addictions au jeu et au sexe liées à la prise de son traitement, s'est vu allouer mercredi 29 novembre 2012, près de 200.000 euros par la cour d'appel de Rennes qui a confirmé la responsabilité du laboratoire GSK, fabricant du médicament.
Condamné en première instance, à la fin mars 2011 à Nantes, à verser 117.000 euros au plaignant, Didier Jambart, le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) a vu s'alourdir à 197.468,83 euros le montant des dommages-intérêts qu'il devra payer en réparation des effets secondaires subis par M. Jambart et sa famille, après la prise du médicament Requip®.
A l'énoncé du délibéré, M. Jambart, 52 ans, accompagné de sa femme, s'est effondré en larmes dans la salle d'audience. "C'est un grand jour", a-t-il commenté plus tard, très ému. "C'est sept ans de bataille pour faire reconnaître, avec nos faibles moyens, que GSK nous a mentis, a brisé notre vie (...) à des fins commerciales. Je suis heureux que justice soit faite, je suis heureux pour ma femme et mes enfants", a-t-il déclaré.
Evoquant une condamnation "inédite" pour des effets indésirables de ce type, hypersexualité et addiction au jeu, Me Antoine Béguin, l'avocat de M. Jambart, s'est réjoui que, "face à un laboratoire pharmaceutique surpuissant, on a une justice qui fait son travail sereinement".
La cour d'appel de Rennes a confirmé dans son arrêt que l'absence d'informations sur la notice du médicament concernant ses effets indésirables était bien liée au préjudice subi par M. Jambart.
Les juges ont aussi relevé des "présomptions graves, précises et concordantes" permettant d'imputer les troubles subis par M. Jambart à la prise du Requip®.
Le jour de l'audience à Rennes, début octobre 2012, M. Jambart avait rappelé que sa vie était devenue "un enfer".
Avec son traitement, cet "enfer" s'était d'abord traduit par un besoin compulsif de jouer, le poussant à dilapider les économies familiales et à voler les coordonnées bancaires de collègues et de proches pour jouer au total quelque 82.000 euros, selon ses avocats.
Puis s'était développée une hypersexualité, le conduisant à s'exhiber sur Internet, à se travestir et à se faire violer, selon lui. M. Jambart a aussi affirmé avoir commis huit tentatives de suicide. Les troubles avaient cessé après l'arrêt du traitement en 2005.
"Le Requip® est un bon médicament", a cependant souligné mercredi M. Jambart, "il apporte des solutions indéniables aux parkinsoniens". "Par contre, il faut que les règles du jeu soient transparentes, le Requip® a des effets indésirables, si on ne le dit pas ce n'est pas honnête", a-t-il noté, en se félicitant "qu'aujourd'hui, c'est dit, enfin".
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