Dépénalisation du cannabis : l'avis d'un psychologue
Faut-il dépénaliser le cannabis ? La question soulevée par Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, médecin de profession, lui-même favorable à la dépénalisation, a enflammé toute la classe politique. En France, un jeune de 17 ans sur deux a déjà fumé au cours de sa vie. Quels sont les dangers du cannabis ? Faut-il faire évoluer la législation pour améliorer la prévention ? Les réponses de Jean-Pierre Couteron, psychologue et président de la Fédération Addiction.
"Le cannabis entraîne une dépendance, un trouble des fonctions exécutives chez les adolescents. Il altère la concentration, la mémoire, la prise de décisions, l'analyse des situations. Chez des personnalités prédisposées, il peut avoir un impact sur le déclenchement d'une maladie psychiatrique. Enfin, comme pour toute substance psychotrope, il peut favoriser la survenue d'accidents de la circulation, une perte de contrôle", explique le psychologue.
Sur la question de la dépénalisation, Jean-Pierre Couteron estime qu'il faut trouver un "système intermédiaire" car "la prohibition qu'on voudrait nous imposer, coûte très cher et n'a pas apporté de résultats [...] quant à la libéralisation absolue, ce serait une catastrophe assez évidente pour tout le monde".
Le spécialiste évoque trois approches très différentes de la consommation de cannabis. L'exemple "libéral" du Colorado aux Etats-Unis où le cannabis est devenu un produit de consommation courante. Le cas de l'Uruguay où l'on a un "monopole d'Etat". Les consommateurs se déclarent auprès de l'Etat et doivent respecter des règles d'usage en échange de cet accès. Enfin, le système portugais basé sur une "dépénalisation" dans le sens où l'usager simple n'est pas sanctionné. En revanche, les mineurs, eux, sont orientés vers des dispositifs de soins pour limiter les risques de dérives.