RGO : des solutions contre le reflux gastrique

Le reflux gastro-oesophagien (RGO) touche 30% des Français, un nombre en constante augmentation. Brûlures d'estomac, remontées acides, goût amer dans la bouche, sommeil troublé... Ces symptômes peuvent nécessiter des traitements.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le reflux gastro-oesophagien (RGO).
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le reflux gastro-oesophagien (RGO).

Brûlures d'estomac, remontées acides, goût amer dans la bouche, sommeil perturbé... sont les symptômes du reflux gastro-oesophagien encore appelé RGO. Fréquent chez les bébés, le reflux gastro-oesophagien concerne aussi les adultes. 

30% ont des symptômes au moins une fois par mois. Pour 5 à 10% d'entre eux, il survient plus d'une fois par semaine.

Qu'est-ce que le reflux gastro-oesophagien ?

Le reflux gastro-oesophagien est lié au processus de digestion. Les aliments sont prédécoupés dans la bouche, puis progressent le long de l'oesophage. Une fois dans l'estomac, ils sont digérés par des enzymes ainsi que par de l'acide chlorhydrique secrété par les glandes gastriques. Contrairement à l'estomac, l'oesophage n'a pas de système de protection contre l'acidité gastrique.

Alors pour éviter que l'acide ne remonte et provoque des brûlures, un sphincter ferme l'entrée de l'estomac : c'est le cardia. C'est une sorte de système anti-reflux. Le diaphragme joue aussi un rôle. Une partie des fibres musculaires entoure effectivement le sphincter et contribue en partie à la fermeture de ce passage.

Quand cette barrière est défaillante, les aliments imprégnés d'acide ont la possibilité de remonter vers l'oesophage. C'est ce qui entraîne les sensations de brûlures, c'est le reflux gastro-oesophagien (RGO). Il peut provoquer des remontées acides (pyrosis), des sensations de brûlure au niveau de l'estomac ou du sternum, des douleurs, des éructations, une toux, une laryngite ou pharyngite, ou même un asthme.

Plusieurs facteurs favorisent le RGO : certaines habitudes alimentaires (consommation d'aliments gras, de boissons gazeuses et de café, d'alcool), le tabagisme, les médicaments (progestérone, médicaments contre l'asthme ou cardio-vasculaires), une hernie hiatale, une surpression abdominale en lien avec le surpoids ou l'obésité, etc.

Les reflux chez le nourrisson

Quand le rot des tout-petits se rapproche du vomissement, quand l'heure du biberon et de la digestion devient un douloureux calvaire... C'est peut-être le signe d'un reflux gastro-œsophagien ou RGO

Près de 25% des nourrissons souffrent de reflux. Chez les tout-petits, les remontées se manifestent par des pleurs, des réveils nocturnes et des régurgitations. Rien d'inquiétant pour autant. La consultation chez le pédiatre est l'occasion de faire un examen clinique du bébé pour mettre en place des solutions et rassurer les parents.

Chez les bébés, c'est l'ensemble du système anti-reflux qui n'est pas toujours fonctionnel. La partie de l'œsophage intra-abdominale est courte chez le nourrisson et donc plus sensible aux variations de pression de l'abdomen, le sphincter est encore immature et ne résiste pas suffisamment quand la pression dans l'estomac est forte. 

L'axe de l'œsophage par rapport au diaphragme se met en place progressivement, sans oublier que plus la vidange gastrique est lente, plus il y a un risque de reflux.

Résultat, quand cette barrière est défaillante, les aliments imprégnés d'acide remontent dans l'œsophage et entraînent des sensations de brûlures.

Certains conseils permettent d'améliorer les symptômes : fractionner les repas pour diminuer leur volume, épaississement du bol alimentaire. S'ils ne fonctionnent pas, un traitement pour réduire l'acidité peut être fait une à deux semaines pour voir s'ils améliorent les symptômes.      

Diagnostiquer un RGO

Jusqu'à récemment, les médecins ne savaient détecter que les remontées acides. Or, tous les reflux ne sont pas forcément acides. De nombreux patients passaient ainsi à travers les mailles du diagnostic. L'endoscopie digestive, ou gastroscopie est l'examen de référence.

De nouvelles techniques permettent aujourd'hui de diagnostiquer tout type de RGO et de mettre en place les traitements adaptés.

La pH-impédancemétrie est un examen essentiel dans le diagnostic du RGO, il est surtout effectué en cas de symptômes atypiques ou dans un bilan avant une intervention chirurgicale. 

Cet examen, qui permet de mesurer l'acidité de l'estomac, n'est pas très agréable pour les patients notamment quand la sonde introduite passe dans l'arrière gorge avant de descendre dans l'estomac. La sonde comporte deux électrodes qui mesurent l'acidité au niveau de l'estomac et six autres capteurs qui enregistrent tout déplacement de liquide dans l'œsophage. La sonde est branchée à un boîtier qui va enregistrer toutes les informations pendant 24 heures. Les patients qui rentrent chez eux ont pour consigne de manger le plus normalement possible et de noter tous les reflux qui pourraient survenir.

La chirurgie du reflux gastro-oesophagien correspond à la pose d'une valve entre l'œsophage et l'estomac pour bloquer les remontées alimentaires. Avant toute opération, un autre examen est obligatoire : la manométrie. L'objectif de cet examen étant de mesurer les contractions de l'œsophage. Pour ce faire, une sonde est introduite par le nez. Trente-six capteurs vont mesurer durant 45 minutes toutes les variations de pression.

A travers cet examen, les médecins recherchent l'existence d'une maladie rare : l'achalasie. L'achalasie est une contre-indication absolue à l'opération. Il s'agit d'un blocage du sphincter inférieur qui empêche l'œsophage de se contracter normalement.

RGO : les médicaments et la chirurgie

L'hernie hiatale est un facteur favorisant le RGO.  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Les traitements des RGO fonctionnent bien. Ils permettent de supprimer l'acidité dans l'estomac et d'améliorer le quotidien des patients en atténuant les symptômes. 

On distingue trois grandes catégories de médicaments :

  • Les anti-acides et les alginates. Si ces médicaments calment les douleurs, ils n'ont pas d'effet sur les lésions. On les appelle également "pansements gastriques".
  • Les anti-H2. Leur objectif : réduire la sécrétion d'acide en bloquant la stimulation des cellules qui sécrètent l'acide chlorhydrique. Ils sont efficaces sur les symptômes et les lésions non sévères.
  • Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Ils réduisent la sécrétion d'acide en bloquant les cellules qui fabriquent l'acide. Efficaces sur les symptômes, les IPP sont un traitement d'attaque mais aussi un traitement d'entretien.
     

Les conseils pratiques sont indispensables : repérer les circonstances d'apparition du RGO pour les prévenir, surélever la tête de lit ou dormir avec plusieurs oreillers, perdre du poids s'il y a un surpoids, espacer le dîner du coucher d'au moins trois heures, éviter les repas gras et l'alcool avant de dormir, arrêter de fumer, etc.

Le reflux gastro-œsophagien peut aussi être provoqué par une hernie hiatale : une partie de l'estomac passe dans le thorax, tiré par l'œsophage. Du coup le contenu gastrique acide agresse les tissus et peut provoquer de fortes brûlures. Cette hernie souvent bénigne, peut devenir dangereuse quand l'estomac roule sur lui-même. On parle alors de "hernie hiatale par roulement". Le traitement devient alors chirurgical (voir la vidéo ci-dessus).

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