Sida : le mystère des patients en rémission après l'interruption des traitements
Certains patients séropositifs traités à un stade très précoce de l'infection au VIH ne présentent plus de charge virale dans leur organisme et ce plusieurs années après l’arrêt des traitements. L’Agence nationale de recherche sur le sida les suit dans le cadre d'une étude baptisée "Visconti".
Ces patients sont extrêmement rares, moins d'une vingtaine en France. Ils sont séropositifs en moyenne depuis dix ans, mais leur organisme parvient à contrôler le virus du sida sans médicaments. Ils ont tous bénéficié d’un traitement antirétroviral démarré dès la phase de primo-infection. Il s'agit d'un moment critique de l'infection qui survient généralement entre trois et six semaines après la contamination.
Les trithérapies sont très agressives pour l'organisme et les équipes médicales proposent à certains patients des interruptions de traitements pendant quelques semaines ou quelques mois pour mettre l’organisme au repos. Or chez quelques rares patients, suivis dans le cadre de la cohorte VISCONTI (ndlr : Viro-Immunological Studies in CONtrollers after Treatment Interruption - en anglais), le virus ne réapparaissait pas dans le sang malgré l’absence de médicaments.
Pour expliquer cela, la première hypothèse est que le traitement antirétroviral précoce aurait limité la constitution des "réservoirs" du virus, qui se fait dans les tous premiers mois qui suivent la contamination, et préservé leurs défenses immunitaires. Mais pour comprendre, les chercheurs étudient aussi leur système immunitaire inné, le premier mécanisme de défense du corps humain, très variable d’un patient à l’autre.
Les organismes des patients de la cohorte Visconti contrôlent le virus, mais ils restent pourtant porteurs du VIH. Rémission ne veut en aucun cas dire guérison, mais le suivi de ces patients a déjà permis de confirmer l'intérêt d'un traitement très précoce après l'infection.