Une larve géante de mouche extraite d'un visage… avec du basilic
Jaime, un jeune Péruvien, souffrait depuis quatre semaines d’une vive douleur sous l'œil gauche. Des spécialistes de la capitale ont identifié la cause : la présence d'un ver de trois centimètres de long. Le ministère de la Santé péruvien a détaillé sur son site web la procédure - simple et visiblement efficace - employée par les chirurgiens pour extraire le parasite : l’attirer avec son mets de prédilection, le basilic.
Pour les médecins du centre régional de santé (Pasco, Pérou) où il avait consulté, le gonflement du visage dont souffrait Jaime, 16 ans, était probablement dû à une piqûre d’insecte. Mais en dépit d'un traitement antibiotique, la douleur allait en s'intensifiant. Il fut donc transféré au principal centre de pédiatrie du pays, où les soignants suspectèrent une infection par un parasite.
Quelques tests cliniques de routine ont confirmé cette hypothèse : un ver de 30 millimètres de long et de 7 millimètres de diamètre avait élu domicile à proximité de son conduit lacrymal.
Les médecins souhaitaient éviter d’inciser le visage du jeune homme. "[Dans son milieu naturel], la jungle, cette larve se nourrit de plantes parfumées, telles que le basilic", explique le docteur Caroline Marchena sur le site du ministère de la Santé péruvien. "En frottant du basilic près de l’œil, nous avons constaté que le ver sortait la tête [du site de l’infection]", poursuit le médecin. "Nous avons disposé des feuilles de basilic autour du cou du patient, et avons frotté les feuilles de sorte que l'odeur soit particulièrement intense". Cela a immédiatement fait sortir le ver. "Mais il fut difficile à extraire, car il cherchait à se cacher. Lorsque nous l’avons saisi avec une pince, il y avait une résistance assez importante."
Le médecin insiste sur le fait que la présence d’un tel parasite représente un réel danger pour la santé d’un patient, "car il peut continuer à croître, et sa proximité avec le cerveau peut provoquer un accident vasculaire cérébral, voire la mort".
Des moustiques comme porte-bébés
La larve a été identifiée comme celle d’une mouche, la Dermatobia hominis.
Présent sur tout le territoire sud-américain, cet insecte ne se rencontre toutefois pas très fréquemment. Au Brésil et dans les pays voisins, seuls quelques cas d’infections humaines à ses larves seraient recensés chaque année.
Pour comprendre comment le patient péruvien a pu être infecté par ce parasite, il faut dire deux mots du cycle de reproduction de la Dermatobia hominis. Les œufs pondus par la femelle ne peuvent en effet éclore qu’en milieu chaud. Après la ponte, la mouche plaque ces œufs sur le corps de moustiques ou de tiques. Chaque fois que ce "transporteur" pique un mammifère, des œufs tombent dans la lésion. Si la température de l'hôte est adéquate, les larves peuvent naître et croître lentement. Au terme de douze semaines de croissance, ces larves sortent du corps de l’hôte et débute une nouvelle phase de développement de trois semaines, qui aboutissent à des mouches adultes.
Pas de basilic ? Essayez le bacon !
La méthode d’extraction des larves de Dermatobia hominis au basilic n’est pas la seule astuce culinaire existante. La littérature médicale mentionne en effet une autre procédure : la pose d’une tranche de bacon sur le site de l’infection. Cherchant à respirer, la larve y creuse un nouveau tunnel. Dès l’orifice percé, il faut retirer le morceau de viande, où le parasite est désormais piégé. Les seringues extractrices de venin semblent également efficaces pour traiter rapidement les personnes infectées. Au rayon des médicaments antiparasitaires, l'ivermectine a elle aussi démontré son efficacité.