Mysimba® : le médicament coupe-faim approuvé par l'Europe
Alors que l'Agence du médicament (ANSM) avait exprimé ses réserves à l'égard de ce traitement, le Mysimba®, coupe-faim anti-obésité, a finalement été autorisé par la Commission Européenne. Les experts français s'inquiètent particulièrement des incertitudes autour de possibles risques cardiovasculaires et psychiatriques sur le long terme. D'autant plus que la pilule américaine n'a prouvé qu'une efficacité limitée sur la perte de poids …
En décembre 2014, le Mysimba® avait laissé septique l'Agence du médicament… Pourtant, après réexamen du dossier par Bruxelles, ce coupe-faim a finalement reçu un avis favorable pour sa commercialisation en Europe. Le Mysimba®, commercialisé par le laboratoire californien Orexigen Therapeutics, est la combinaison de deux principes actifs. La naltrexone, déjà utilisée pour traiter la dépendance à l'alcool et aux opiacés, et le bupropion (autrefois appelé amfébutamone), de la famille des antidépresseurs et prescrit pour le sevrage tabagique. Ces molécules permettraient de diminuer l'envie de nourriture et d'augmenter la dépense calorique.
A plusieurs reprises, l'ANSM a défendu son opposition à la commercialisation de ce médicament. En plus d'avoir une "efficacité limitée sur la perte de poids", ce produit pourrait poser des problèmes de sécurité pour les utilisateurs. L'Agence évoque en particulier des "incertitudes sur des risques" d’ordre neuropsychiatrique (dépression, suicide...) et cardiovasculaires, pour une utilisation à long terme de ce produit.
Une molécule proche des amphétamines
En février dernier, la revue indépendante Prescrire s'alarmait déjà contre la commercialisation du Mysimba®, évoquant "une recommandation inacceptable qui doit être rejetée". Dans le viseur de Prescrire : le bruporion, une molécule proche des amphétamines et qui pourrait s'avérer dangereuse. Finalement, "l'autorisation de mise sur le marché a été octroyée jeudi dernier au niveau européen" indique Joseph Emerich, directeur des médicaments en cardiologie à l'ANSM.
M. Emerich explique également que la tolérance du médicament est limitée, puisque 50% des personnes ayant participé à un essai clinique ont abandonné en cours de route en raison d'effets indésirables. Les résultats définitifs de cet essai ne sont d'ailleurs pas encore connus.
Il a également rappelé qu'un autre médicament anti-obésité "plus efficace", le Saxenda® (dont le principe actif est le liraglutide, déjà commercialisé dans le traitement du diabète) avait reçu le feu vert de l'Agence Européenne du Médicament pour sa commercialisation en Europe en janvier dernier.
Surveiller activement les prescriptions
Pour l'instant, le laboratoire américain n'a pas encore fait savoir s'il allait commercialiser le Mysimba® en France, mais dans le cas où il le ferait, son utilisation pourrait, selon l'ANSM, faire l'objet "d'un encadrement précis". "On va notamment discuter des conditions de prescription, surveiller le chiffre des ventes et informer les professionnels de santé" précise M. Emerich.
En septembre dernier, après plusieurs années d'hésitation liée à la crainte d'éventuels risques cardiaques, l'agence américaine Food and Drug Administration (FDA) avait finalement approuvé le médicament.
Depuis plus de 60 ans, les traitements anti-obésité mis sur le marché ont tous été retirés à cause de leurs effets secondaires.