Asthme : quand les bronches s'encombrent
Plus de quatre millions de Français souffrent d'asthme. Lorsque la crise survient, l'asthme empêche la respiration. Les bronches se resserrent et ne laissent plus passer l'air normalement, le souffle est court. Sans traitement, c'est l'asphyxie. Comment soigne-t-on cette affection chronique ? Que faire en cas de crise d'asthme ?
- Quels sont les symptômes de l'asthme ?
- Des crises d'asthme angoissantes et étouffantes
- L'asthme aigu grave : encore mortel
- Le diagnostic de l'asthme
- Quelles sont les causes de l'asthme ?
- Traitements : comment se guérit l'asthme ?
- Un robot qui aide les enfants à prendre leur traitement
- La réhabilitation respiratoire
- Comment soigner une crise d'asthme ?
- Thermoplastie bronchique : traiter l'asthme avec de la chaleur
- En savoir plus
Essoufflement, gêne respiratoire, sifflement, oppression thoracique... En France, plus de quatre millions de personnes souffrent d'asthme. Cette maladie inflammatoire des bronches qui touche aussi bien les adultes que les enfants, peut avoir des conséquences graves. Chaque année, l'asthme entraîne plus de 60.000 hospitalisations et le décès de près de 1 000 adultes de moins de 65 ans, comme le jeune rappeur Luv Resval en 2022.
Quels sont les symptômes de l'asthme ?
En temps normal, lorsqu'on respire, l'air passe librement dans les voies aériennes et arrive aux deux bronches pour être distribué aux poumons. Ces bronches se ramifient et forment des conduits encore plus fins : les bronchioles. Elles apportent l'air chargé en oxygène jusqu'aux alvéoles, des petits sacs dans lesquels se font les échanges gazeux. Le sang prend alors l'oxygène et rejette le gaz carbonique. Puis, il prend le chemin inverse pour être expulsé lors de l'expiration.
Chez une personne asthmatique, ce sont les bronches qui souffrent. Habituellement, elles parviennent à évacuer les agents irritants grâce au mouvement des cils. Mais en cas d'asthme, la muqueuse bronchique est hypersensible. Si les bronches sont exposées à ces produits irritants, elles réagissent en se contractant : c'est la bronchoconstriction. Leur paroi s'épaissit et produit des sécrétions qui s'accumulent dans les voies aériennes. Résultat, la lumière des bronches rétrécit.
Les bronches ne sont plus suffisamment ouvertes pour permettre à l'air de passer. L'air est emprisonné dans la poitrine. La personne asthmatique se sent oppressée. L'inspiration et l'expiration deviennent difficiles, ce que l'on appelle une dyspnée ; un sifflement caractéristique, les sibilants, accompagne l'expiration qui est "sifflante", parfois une toux.
Des crises d'asthme angoissantes et étouffantes
Le plus souvent, l'asthme prend une forme modérée, avec des crises qui cèdent en moins de 20 minutes grâce au traitement. On dit alors qu'il est bien contrôlé par le traitement.
Chez 10% des asthmatiques, l'asthme peut s'aggraver en dépit de la prise en charge, c'est ce qu'on appelle l'asthme sévère. Les symptômes sont permanents, beaucoup plus intenses, incontrôlables, avec des crises plus fréquentes. L
es symptômes nocturnes comme une respiration sifflante ou un réveil par une toux, surviennent plus souvent et les difficultés respiratoires réduisent l'activité physique habituelle. L'asthme est alors un handicap quotidien : les nuits sont difficiles, angoissantes, une simple marche peut essouffler et dans certains cas, les crises peuvent être très graves et laisser des séquelles.
L'asthme aigu grave : encore mortel
Cette complication brutale est une urgence. Les crises se succèdent et deviennent de plus en plus intenses. Elles s'accompagnent aussi d'une difficulté à respirer et parler, des ongles et des lèvres qui bleuissent, parfois d'une confusion ou d'une perte de connaissance. Les symptômes ne sont pas soulagés par le traitement habituel.
L'asthme aigu grave aboutit à une asphyxie qui peut entraîner la mort et est responsables de près de 1.000 décès en une année en France. En cause : le sous-diagnostic, le retard de la mise en route du traitement, l'inobservance (non suivi du traitement).
Chez les adolescents asthmatiques, trois quarts des décès sont dus à un mauvais suivi des traitements. Il est donc nécessaire d’éduquer les jeunes patients atteints de cette maladie chronique et leurs proches, dès l’enfance. La tante de Grégory Pariente, décédé à l'âge de 14 ans d'une crise, alors que son père l'emmenait aux urgences, s'investit dans la sensibilisation des jeunes atteints d'asthme.
Le diagnostic de l'asthme
L'asthme est une maladie qui doit être bien identifiée et traitée. Pour cela, il faut réaliser une Exploration Fonctionnelle Respiratoire (EFR). Cet examen consiste à souffler dans une machine, qui va analyser la capacité respiratoire et la représenter sous forme d'une courbe.
La deuxième étape sert à trouver ce qui provoque l'asthme.
Quelles sont les causes de l'asthme ?
Chez les enfants, plus de neuf cas sur dix sont d'origine allergique (voir paragraphe suivant). Ils surviennent lorsqu'il y a des pollens dans l'air ou des acariens, par exemple. Un deuxième examen teste donc les différents allergènes (les éléments qui provoquent des allergies) pour identifier celui qui est en cause. Il est alors possible d'éviter l'allergène en cause et de mettre en route un traitement ou une désensibilisation.
Cet asthme peut être traité par des médicaments qui dilatent les bronches (les bronchodilatateurs) et par corticothérapie pour réduire l'inflammation des bronches , mais d'autres médicaments sont à la disposition des des personnes asthmatiques si l'asthme n'est pas contrôlé ainsi (voir paragraphe 4).
L'asthme peut aussi être induit par l'exercice, par la prise d'aspirine ou d'anti-inflammatoires, par certaines substances irritantes (tabac, irritants professionnels,...) ou encore par un reflux gastro-oesophagien.
Il est connu que certains facteurs entretiennent l'asthme : les infections virales, les irritants bronchiques, les allergies respiratoires (source : société française de pneumologie).
L'asthme d'origine allergique
Chez les enfants, les crises d'asthme sont fréquemment d'origine allergique : pollens, animaux, acariens,... Pour les soigner, une désensibilisation leur est proposée dans certains cas.
Pour que la désensibilisation soit efficace, les patients doivent prendre quotidiennement un traitement par voie orale pendant plusieurs années. Ce traitement permet de diminuer la consommation médicamenteuse et d'améliorer la qualité de vie. Aujourd'hui, la désensibilisation est de plus en plus proposée pour traiter l'asthme allergique chez les enfants.
Traitements : comment se guérit l'asthme ?
Mais l'asthme n'est pas toujours provoqué par un allergène. Il peut se déclencher lors d'un effort, à cause du froid ou encore de la pollution. Dans tous les cas, le traitement de la crise est le même.
Le traitement de la crise
Première étape : dilater les bronches pour que l'air passe mieux, grâce à des aérosols de bronchodilatateurs qui agissent vite. Des anti-inflammatoires sont parfois nécessaires en plus ; ils vont agir à long terme sur l'inflammation des bronches. Le plus souvent, il s'agit de corticoïdes.
En cas de crise d'asthme, on recommande 2 bouffées de bronchodilatateur en inhalateur, à répéter une fois en l'absence d'amélioration et à prendre en étant assis bien droit pour faciliter la respiration. Si les symptômes ne s'améliorent pas, il est possible de prendre jusqu'à 10 bouffées toutes les 20 minutes (5 bouffées pour les enfants de moins de 6 ans). Si les symptômes ne diminuent pas, on associe le corticoïde si le médecin l'a prescrit. La prise de corticoïdes par comprimés peut être associée durant quelques jours.
Attention, si la crise ne cède pas avec le traitement habituel (4 à 6 bouffées), il faut appeler le 15 ou le 112 ou demander à l'entourage de le faire. Mieux vaut les déranger pour "rien" que risquer un état de mal asthmatique...
Le traitement de fond
Il est souvent nécessaire de prendre un traitement tous les jours, appelé traitement de fond. La société française de pneumologie le recommande dès que les symptômes surviennent deux fois par mois, ou plus.
Il comporte un corticoïde en inhalatateur à dose faible (du fait des effets secondaires possibles). S'il n'est pas suffisant et que les crises persistent, on ajoute un bronchodilatateur qui agit sur le long terme. Les anti-leucotriènes sont une alternative.
Et si cette bithérapie n'est pas efficace, il est possible de prendre du montélukast à la place du bronchodilatateur, parfois associé à du tiotropium.
Autre possibilité pour les asthmes sévères qui représentent 5% des asthmes, on utilise des médicaments plus récents, de la famille des anticorps monoclonaux ou biothérapies, comme l'omalizumab.
Le mépolizumab, le reslizumab et le menrolizumab ciblent l'interleukine 5 et sont indiqués dans l'asthme sévère réfractaire aux autres traitements (source : Vidal). D'après une analyse de 2023 de la revue Cochrane, ils diminuent de moitié les crises.
L'interleukine 5 est une protéine produite par le système immunitaire qui circule dans le sang. Chez une personne asthmatique, cette protéine est en quantité anormalement élevée. En se fixant sur un récepteur situé à la surface des cellules bronchiques, elle crée une inflammation.
Ces nouveaux traitements bloque la protéine qui ne peut plus se fixer sur les récepteurs. La réaction inflammatoire est stoppée.
"L'efficacité n'est pas immédiate. Elle apparaît sur quelques semaines. Ces médicaments agissent tant que le médicament est présent, et quand on arrête le médicament, l'efficacité se perd, c'est-à-dire qu'on ne guérit pas les patients asthmatiques avec ces médicaments même très efficaces. On contrôle la maladie mais quand on arrête le traitement, la maladie est toujours présente", précise le Dr Camille Taillé, pneumologue.
La prévention, à ne pas oublier !
La prévention est elle aussi importante : il est possible de mesurer soi-même son souffle, pour anticiper une crise en augmentant son traitement. Il faut éviter, pour l'asthme allergique, tout ce qui déclenche une crise : les acariens, la moquette, les couvertures poussiéreuses ou encore le tabac. Le patient doit aussi apprendre à bien se connaître et à identifier rapidement les symptômes annonciateurs d'une crise. C'est pour cette raison que l'on recommande une éducation thérapeutique dans une Ecole de l'asthme par exemple.
Quand on a un asthme, en particulier sévère, un suivi régulier est nécessaire pour réévaluer et réadapter les traitements.
Un robot qui aide les enfants à prendre leur traitement
Depuis deux mois, Joe le robot aide Théa, étape par étape, à prendre ses traitements contre son asthme chronique.
Lorsque Théa a accompli sa mission, le robot lui offre même une surprise avec une histoire. C'est une motivation supplémentaire pour la petite fille, qui a complètement adopté le robot.
Le robot de Théa est connecté à une application, il facilite aussi la tâche d’Aline, sa mère, dans la prise en charge de la maladie, qui peut vérifier grâce à l'appli que Théa a bien pris ses traitements. Elle gagne du temps grâce à ces notifications et programmation de rappels.
Le robot Joe est encore en phase d’évaluation après avoir été testé auprès d’une centaine d’enfants, dans le cadre d’une étude clinique. Pour le pédiatre de Théa, il pourrait permettre aux enfants de mieux prendre leurs traitements, et donc d’améliorer leur qualité de vie.
La réhabilitation respiratoire
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la pratique régulière d'une activité physique modérée améliore la capacité respiratoire des asthmatiques. Elle fait même partie de la prise en charge.
La réhabilitation respiratoire peut en effet être utile aux patients qui souffrent d'asthme sévère. 5 à 10% d'entre eux en bénéficient. La réhabilitation respiratoire leur permet de mieux contrôler leur respiration tout en ayant une activité physique.
Comment soigner une crise d'asthme ?
Une crise d'asthme se manifeste généralement par une difficulté respiratoire avec des sifflements expiratoires.
On recommande 2 bouffées de bronchodilatateur en inhalateur, à répéter une fois en l'absence d'amélioration et à prendre en étant assis bien droit pour faciliter la respiration. Si les symptômes ne s'améliorent pas, il est possible de prendre jusqu'à 10 bouffées toutes les 20 minutes (5 bouffées pour les enfants de moins de 6 ans). Si les symptômes ne diminuent pas, on associe le corticoïde si le médecin l'a prescrit.
Attention, si la crise ne cède pas avec le traitement habituel (4 à 6 bouffées), il faut appeler le 15 ou le 112 ou demander à l'entourage de le faire. Mieux vaut les déranger pour "rien" que risquer un état de mal asthmatique...
Les complications d'une crise peuvent être importantes et imprévisibles, d'où l'intérêt de sa prise en charge en urgence.
Thermoplastie bronchique : traiter l'asthme avec de la chaleur
Ces dernières années, un nouveau traitement est venu enrichir l'arsenal thérapeutique de certains cas d'asthme très sévère. Il s'agit de la thermoplastie.
La thermoplastie est un traitement qui cible directement les bronches. Après une anesthésie locale, le médecin introduit un fibroscope dans les voies nasales. Une fois dans les bronches, quatre petites électrodes sont déployées contre la paroi. Elles délivrent une énergie thermique de 65 degrés. Objectif : brûler le muscle présent dans la paroi des bronches.
Grâce à la thermoplastie bronchique, la paroi ne peut plus se contracter, ce qui diminue le risque de faire une crise d'asthme. Autre effet de ce traitement, l'air a plus de place pour circuler dans les bronches. Trois séances de thermoplastie sont nécessaires pour obtenir une amélioration.
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