Ouverture d'une enquête suite au suicide d'un cardiologue dans un hôpital parisien
Le parquet de Paris a ouvert le 30 décembre 2015 une enquête préliminaire pour harcèlement moral après le suicide sur son lieu de travail d'un cardiologue de l'hôpital parisien Georges-Pompidou, a appris l'AFP de source judiciaire. Cette enquête a été diligentée sur fond d'accusations de "luttes claniques" au sein du prestigieux établissement hospitalier, et d'un avertissement qui n'aurait pas été pris en compte sur la souffrance de ce médecin.
Le professeur Jean-Louis Megnien, cardiologue de 54 ans et père de cinq enfants, s'est défenestré le 17 décembre en fin d'après-midi sur le site de l'hôpital européen Georges Pompidou.
Après avoir porté plainte, sa veuve a été entendue par les enquêteurs le 29 décembre, a appris l’AFP de source proche de l'enquête. Les investigations auraient été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne.
Dans une lettre rendue publique quelques jours avant Noël, un chef de service de psychiatrie, le Pr Bernard Granger, avait interpellé Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Pour le Pr Granger, par ailleurs membre de la Commission médicale d'établissement (CME), "la complexité d'un acte suicidaire sur le lieu de travail [ne doit pas être] un prétexte pour occulter la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité".
Le Pr Granger fait notamment état d'un courriel envoyé il y a plus d'un an par un confrère du cardiologue, et resté selon lui sans réponse. Le texte, explique-t-il, mettait en garde contre le "risque suicidaire" de ce médecin. Affirmant que la maltraitance venait "de ses pairs et de l'administration", l'auteur ajoutait : "Ces médecins et vos subordonnés auront des comptes à rendre. Vous aussi sans doute. […] Le devoir du directeur général est de protéger ses personnels, et sauf à vous rendre complice de cette maltraitance, il vous appartient de prendre les décisions qui s'imposent pour préserver ceux qui se plaignent d'en être victimes." Le texte évoque des "luttes claniques" au sein de l'hôpital Pompidou.
Interrogée par l'AFP, la direction de l'AP-HP n'avait pas souhaité réagir à ce courrier.
L'AP-HP diligente une commission d’enquête indépendante
Un CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire s'était tenu après le suicide en présence de Martin Hirsch, qui avait annoncé "la saisine" de la commission d'analyse des suicides.
Le directeur général de l'AP-HP avait ensuite adressé un courrier au personnel leur annonçant, entre autres, le lancement d'une autre commission, composée de trois personnalités "extérieures à l'hôpital, pour procéder à une mise à plat des sujets conflictuels dans l'établissement, des problématiques mal résolues, de tous les éléments de contexte d'un hôpital qui a connu plusieurs crises au cours des dernières années". Leur mission se déroulera en janvier et février 2016.