Handicap : le rêve d'écrire par la pensée devient réalité
Agir par la pensée a longtemps relevé du domaine de la science-fiction. Mais aujourd'hui, c'est devenu possible avec le développement des interfaces cerveau-machine. À Chambéry, un patient atteint de la maladie de Charcot teste un nouveau système pour écrire par la pensée.
La maladie de Charcot, également appelée sclérose latérale amyotrophique (SLA), provoque une dégénérescence des neurones moteurs. Incurable, elle entraîne une paralysie progressive. Peu à peu, les patients n'arrivent plus à marcher, à parler et à respirer. Mais de nouveaux dispositifs pourraient les aider à communiquer. Et si des systèmes permettant d'écrire et de dessiner grâce aux mouvements des yeux ont déjà été mis en place pour ces malades, des chercheurs veulent encore aller plus loin en élaborant des systèmes permettant d'écrire par la pensée.
Quand la fiction devient réalité
Depuis sept ans, Damien Perrier est atteint de la maladie de Charcot. Entièrement paralysé, il ne peut plus parler, seuls ses yeux bougent et l'aident à communiquer. Chaque semaine, avec un ami informaticien, il teste une nouvelle interface. Damien Perrier s'équipe d'un casque doté de 14 électrodes qui enregistrent l'activité de son cerveau. Quand toutes les électrodes sont bien connectées, le logiciel de communication est lancé.
Le patient pense à la lettre qu'il veut écrire et à chaque fois qu'un visage apparaît sur cette lettre, son cerveau produit un signal électrique capté par les électrodes. Le logiciel fait alors le lien entre le moment où il détecte l'onde et l'ensemble des lettres qui apparaissent sur l'écran. Et par recoupement statistique, il détecte la lettre sur laquelle le patient se concentrait. Quatre ans de recherche ont été nécessaires pour mettre au point ce logiciel.
Mais l'interface a ses limites. Pour le moment, Damien Perrier écrit une lettre toutes les quarante secondes environ. Il a besoin d'être très concentré. Trop fatigant, le système ne peut être utilisé en permanence pour communiquer. Mais l'ingénieur compte bien réussir à l'améliorer.
Implant cérébral
Une autre équipe travaille sur un dispositif plus invasif : des électrodes directement implantées dans le cerveau. Dans quelques mois, cet implant sera testé sur des patients. L'implant permettra d'enregistrer l'activité des neurones qui contrôlent la parole. Un logiciel se chargera ensuite d'interpréter ces signaux pour piloter un synthétiseur vocal. L'objectif étant de redonner une parole fluide au patient mais la technique n'est pas sans risque. Un risque infectieux en raison de l'intervention chirurgicale existe tout comme un risque de rejet de l'implant.
Toutes ces interfaces n'en sont encore qu'à leurs débuts. Mais les chercheurs font le pari qu'à l'avenir, elles offriront de nouvelles possibilités aux patients paralysés : parler, remarcher, contrôler des appareils électriques…