Grèce : quelle prise en charge médicale pour les migrants ?
Sur l’île grecque de Lesbos, à quelques dizaines de kilomètres de la Turquie, de nombreux migrants débarquent après un voyage long et dangereux. Pouvant présenter de nombreux problèmes de santé, ils sont pris en charge par une équipe de Médecins du monde. Reportage.
Cela fait évidemment la une de l’actualité depuis plusieurs mois : de nombreux migrants, pour la plupart Syriens, Afghans ou Irakiens, tentent de trouver refuge en Europe. Pour beaucoup d’entre eux, la porte d'entrée est l’île de Lesbos, en Grèce, où ils arrivent après une traversée périlleuse de la Méditerranée. Selon l'ONG Médecins du monde, ils seraient entre 2.000 et 3.000 nouveaux arrivants chaque jour.
Avant de poursuivre leur route vers le continent, certains de ces migrants passent quelques jours dans le camp de Kara Tepe. Anna Reikleiti y encadre l'équipe de Médecins du monde. Chaque jour, elle vient à la rencontre des nouveaux venus pour les informer de la présence des médecins et détecter d'éventuels soucis médicaux.
Beaucoup de patients présentent des symptômes liés à leur traversée en bateau entre la Turquie et Lesbos. Un voyage éprouvant sur la mer, suivi la plupart du temps d'une longue marche en plein soleil pour atteindre le camp de Kara Tepe. "Ils sortent humides du bateau, et après ils marchent dans un endroit venteux, parfois pluvieux..." explique Anna. "Et ensuite ils dorment dehors... Quelles sont donc les chances qu’ils n’aient ni fièvre, ni toux, ni mal aux pieds, aux yeux ou à la tête ?"
Enfants vulnérables
Il y a quelques heures à peine, Saima, une jeune Irakienne, est arrivée de Turquie avec ses trois enfants dont l'aîné est porteur de trisomie 21. "Pendant tout le voyage j'étais très inquiète pour la sécurité de mes enfants", raconte-t-elle. "En particulier le petit avec son problème... Je suis contente car je n'ai perdu aucun de mes enfants, ils sont tous en sécurité ici."
Ce sont bien sûr les plus petits qui sont particulièrement vulnérables. Une maman est arrivée avec son bébé de 25 jours, et elle n'a pas de lait... Les équipes médicales ne savent pas depuis combien de temps il n'a pas mangé. Alors pour le nourrir dans l'urgence et en l'absence de biberons, il faut improviser avec les moyens du bord – en l’occurrence un gant en latex rempli de lait et percé pour faire office de tétine.
Cette autre jeune mère de famille est arrivée hier. Lors de la traversée, le bateau pneumatique sur lequel elle se trouvait avec ses deux enfants est tombé à cours de carburant. Ils ont commencé à dériver et comme la mer était agitée, le petit a bu la tasse à de nombreuses reprises. "Il a avalé trop d’eau, et aujourd’hui il a de la diarrhée" tente-t-elle d’expliquer à Anna. Un traducteur est là pour faciliter le dialogue et s’assurer que les conseils soient bien compris: "A chaque fois qu’il a la diarrhée, tu mets du sel de réhydratation dans une bouteille d'un litre et demie d'eau, tu remues et tu lui donnes à boire."
Au mois d'août, au plus fort de la crise migratoire, les équipes médicales de l'organisation ont ainsi assuré plus de 6.000 consultations sur l'île.