Mort de deux nourrissons après une vaccination contre la gastro
Deux décès et 47 cas d'effets indésirables graves ont été répertoriés suite à des vaccinations contre le virus de la diarrhée du nourrisson, entre 2012 et 2014. Des informations apportées par le Canard Enchaîné, et confirmées par l'Agence du médicament. En 2014, les deux vaccins Rotarix® et RotaTeq® avaient pourtant été recommandés à tous les enfants de moins de 6 mois.
Les doutes se confirment concernant le vaccin contre la diarrhée du nourrisson. Les effets secondaires graves du Rotarix® et du RotaTeq®, utilisés pour prévenir les infections dues au virus responsable de la gastro-entérite des bébés, sont jugés "préoccupants". Deux décès ont même été recensés, selon un bilan confirmé par l'ANSM. Parmi les observations graves, 47 cas d'invaginations intestinales aiguës, survenues dans le mois suivant la vaccination, ont été rapportés, dont deux fatals. L'invagination intestinale aiguë est un effet indésirable qui, bien que considéré comme très rare (moins de 1 cas sur 10.000 vaccinés), nécessite, en raison de sa gravité, une prise en charge immédiate.
Le Comité technique de pharmacovigilance (CPTV) a analysé les données de suivi national et international concernant ces vaccins oraux. Conclusion : il «s'interroge sur le bien-fondé de recommander la généralisation de cette vaccination en France». Ces deux vaccins buvables prescrits à partir de l'âge de six semaines sont commercialisés en France depuis mai 2006.
Des recommandations à réévaluer rapidement
Il y a un an, le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) avait recommandé aux médecins d'administrer ce vaccin à tous les nourrissons âgés de moins de 6 mois, revenant alors sur ses propres avis négatifs de 2006 et 2010. Des recommandations que le HCSP devrait "réexaminer dans les prochains jours" indique l'ANSM.
«Depuis le début de la commercialisation en France de ces deux vaccins plus de 1 million de doses ont été distribuées. 508 notifications d'effets indésirables médicalement confirmées, dont 201 graves», ont été recueillies et analysées, souligne l'agence du médicament. Le rotavirus, cible du vaccin, engendre en moyenne 14.000 hospitalisations par an, dont 7 à 17 décès.
Un courrier a été envoyé mardi à 160.000 professionnels de santé afin qu'ils sensibilisent les familles sur ces signes survenant dans le mois suivant la vaccination, pour consulter sans délai, car la prise en charge précoce permet de soigner le bébé.
Le remboursement du vaccin "mis au rencart"
«Conseillée, déconseillée, reconseillée, cette potion (ces vaccins contre la gastro, ndlr) va finalement être mise au rencart», écrit le Canard enchaîné, qui révèle dans son édition du 1er avril le décès des deux bébés qui «empoisonne les autorités sanitaires».
Concernant les multiples changements de recommandations de l'HCSP, le Canard Enchaîné incrimine clairement les lobbies pharmaceutiques. "Jérome Cahuzac, qui avait créé sa boite Cahuzac Conseil dès 1993, pour conseiller l'industrie pharmaceutique monte au créneau le 17 mars 2009 ", expliquant à l'Assemblée le bien-fondé de ces vaccins. "Les vaccins (contre la gastro ndlr) sont disponibles, efficaces, et sûrs. Il faut (…) que la décision de recommendation soit prise dans des délais très rapides" assurait-il alors.
La décision de remboursement du Rotarix® et du RotaTeq® devrait tomber dans les prochains jours, et "ce sera non", avance un connaisseur du dossier auprès du journal satirique, qui note que l'obtention du remboursement aurait été un «jackpot assuré» pour les laboratoires.
Qu'est ce que l'invagination intestinale ?
Une invagination intestinale aiguë est une urgence chirurgicale qui correspond à la pénétration d'une partie de l'intestin dans une autre, ce qui conduit à une occlusion intestinale. Elle survient généralement dans les 7 jours qui suivent la vaccination. Les premiers signes doivent alerter : douleurs abdominales, pleurs répétés et inhabituels de l'enfant, vomissement, présence de sang dans les selles, ballonnements abdominaux et/ou fièvre élevée. "L'invagination fait très mal à l'enfant sur le moment, puis la douleur s'en va et revient. Si ce n'est pas traité à temps, la paroi de l'intestin est en souffrance et se nécrose, ce qui peut aboutir à une péritonite" explique le Dr Laurent Beaugerie, gastro-entérologue à l'hôpital Saint-Antoine.