La partenaire idéale, maman et putain ?
Maman ou putain ? Mère respectable à laquelle l'homme réserve une sexualité routinière ou femme sexy et coquine qui fait exploser les limites du plaisir qu'il s'autorise ? Cette dualité persiste dans la tête de certains hommes mais aussi de certaines femmes. Elle est connue sous le nom de "syndrome de la maman et de la putain".
La sexualité de l'homme, parasitée par une vision binaire
A la recherche d'une mère idéale le jour, qui se transformerait la nuit en maîtresse se prêtant à tous ses fantasmes, les hommes concernés par ce syndrome n'assume pourtant pas une sexualité féminine épanouie. Cette dualité le perturbe profondément, au point de compartimenter ses comportements sexuels selon la femme avec qui il fait l'amour.
Au début de la rencontre amoureuse, il apprécie la retenue de sa partenaire, lui donnant l'impression qu'elle ne couche pas avec le premier venu et qu'il est particulier, unique. Il aime le fait qu'elle n'affiche pas une sexualité débridée... Il idéalise à tel point la femme qu'il épouse qu'il lui est inconcevable de l'imaginer s'abandonner au plaisir. Une femme qui aime faire l'amour, qui se lâche dans la jouissance reste dans son imaginaire une putain. La mère parfaite et sacralisée ne peut pas prendre du plaisir ! Il a alors du mal à la désirer ou il lui réserve une sexualité à but procréatif, dénuée de fantasmes et de jouissance extrême. Une sexualité "plan-plan" qui le lasse vite et s'oppose à celle libérée, dont il rêve en fantasmes ou qu'il met en pratique avec une maîtresse (ou une prostituée)...
Car certains vont jusqu'à disposer de deux femmes pour mieux vivre la dualité qui sévit dans leur tête : une madone parfaite pour la vie familiale et sociale d'un côté et une maîtresse pour la bagatelle de l'autre. A sa femme, l'homme réserve le classique missionnaire et ne s'autorise aucune fantaisie (et par conséquent n'autorise à sa femme aucune liberté sexuelle). A sa maîtresse, il offre des fantasmes osés, se libère du carcan de son éducation et du jugement bien-pensant...
Le syndrome en bref
Le syndrome de la maman et de la putain porte également le nom de syndrome (ou complexe) de la madone et de la putain. De tout temps, la sexualité féminine a fait peur au genre masculin, à la fois fasciné et effrayé. Pour Freud, la tendresse et la sexualité sont dissociées chez les hommes. Ils se trouvent soumis à deux images opposées : celle du bon père de famille, sacralisant sa femme et la respectant, et celle du macho vivant une sexualité vibrante mais méprisant la femme.La "putain" est une femme érotique, féminine, assumant son sex appeal. Elle est associée à l'image de la prostituée, autre femme dangereuse, fascinant les hommes.
Ce syndrome est souvent analysé comme un héritage judéo-chrétien, dissociant strictement bonheurs maternels et plaisirs de la chair...
Icône intouchable ou maîtresse libérée ?
Les femmes sont également concernées par le syndrome de la mère et de la putain. Soit par ricochet, en souffrant de la vision de leur partenaire, soit directement parce qu'elles portent en elles cette dualité sans parvenir à vivre sereinement ses deux facettes. Dans le premier cas, la femme a du mal à se positionner face aux attentes, réelles ou imaginaires de son amoureux : elle hésite entre se présenter comme une mère potentielle ou une femme, dotée de sex-appeal… Elle opte donc parfois pour l'une ou l'autre des facettes, celle qui est préférée par son partenaire, et elle se limite à celle-ci. Dans le second cas, elle fait un choix et elle se bride en conséquence. L'homme réagit alors à une façon d'être et un comportement imposés par la femme. Dans un cas comme dans l'autre, la frustration est de mise.
La madone, mère ou future mère, a du mal alors à s'abandonner pleinement lors du rapport sexuel, de peur d'être jugée et de baisser dans l'estime dans son amoureux. Elle se met des règles : "je ne couche pas le premier soir, je ne fais pas de fellation, je ne prends pas trop de plaisir"... Si elle se lâche (trop rarement), c'est avec avec les amants d'un soir ou d'un mois, tout en persistant à se freiner avec l'homme de sa vie.
Au contraire, la "putain", la femme féministe du 21ème siècle ose se libérer du corset imposé par l'homme et elle n'a pas peur du jugement. Sa sexualité s'approche de celle de certains hommes et n'a qu'un but : avoir du plaisir. Changer fréquemment de partenaire n'est pas un problème, imposer ses pratiques sexuelles, quelles qu'elles soient, non plus. Certes, elle est libre mais elle en paie parfois le prix, peinant à trouver un homme qui l'accepte comme elle est et qui voie en elle la mère de ses enfants, une mère qui aimerait autant faire l'amour que donner un biberon à son fils !
La maternité, un cap critique
Ce syndrome peut survenir dès le début des relations de couple ou ultérieurement, après la naissance du premier enfant : la femme investit totalement la maternité. Ou le regard de l'homme change et il ne voit plus dans sa femme que la mère de son enfant.
Une relation se fonde sur les interactions entre les deux personnes et ce sont elles qui déterminent les comportements de chacun. C'est donc rarement tout blanc ou tout noir, la faute exclusive de l'un ou de l'autre. Une thérapie permet de mieux comprendre ce qui se joue dans son couple et de s'offrir une chance d'assumer les deux côtés d'une femme épnaouie.
Comment réconcilier les deux facettes ?
Les mentalités évoluent, même si elles le font plus lentement que les changements sociaux : avec la pilule et la révolution sexuelle, les femmes ont acquis des désirs plus sauvages et entiers, ce que certains hommes n'ont toujours pas accepté.
Ils peinent à trouver leurs marques face à des femmes qui veulent tout, d'une sexualité épanouie à une vie familiale et professionnelle qui leur plaît. Eux-mêmes souhaitent une femme libérée, mais pas trop, une mère honorable mais pas coincée : difficile pour une femme de se positionner ! Les hommes doivent réfléchir à la place de la femme, en tant qu'être humain ayant les mêmes droits et les mêmes plaisirs sexuels qu'eux...
En attendant un ajustement, la réponse se trouve sans doute dans le juste milieu, sans se renier et sans jouer un rôle. Une femme n'est ni une madone, ni une putain (ou alors, lors d'un jeu de rôles qui se révèlera excitant pour les deux partenaires). Dans la réalité, il y a toute une palette de comportements entre la retenue d'une vierge effarouchée et les cris tonitruants dès la première fois. Des comportements qui s'ajustent dans la rencontre, en écoutant son intuition, en cultivant la confiance et la communication au sein du couple, en parlant avec son ou sa partenaire des envies et des attentes sexuelles de chacun.
Ce dialogue et cette ouverture sont à entretenir tout au long de l'histoire car la sexualité évolue, elle bouge, elle change. Au plus grand plaisir du couple qui sait s'adapter et l'apprécier.
En savoir plus sur le syndrome de ''la maman et la putain'' :
- Institut francophone de psycho-sexoanalyse
"La sexualité de l'homme, entre la maman et la putain"
- E-Santé.be
"La maman et la putain"
La créativité est un ingrédient phare de la sexualité du couple. Chaque partenaire peut passer d'un rôle à l'autre, devenir actif ou passif, alterner soumission et domination suivant l'humeur. Que l'on soit homme ou femme, cette flexibilité dans les rôles offre une voie de sortie des schémas classiques trop figés. Et cela permet à l'individu d'assumer ses différentes facettes avec une plus grande sérénité et sans jugement. Dans ce but, la complicité sexuelle est incontournable, tout comme la comunication...