Couple : que faire quand le désir s'émousse ?
Ils sont nombreux à souffrir d'un manque de désir. Les couples actuels, souvent biberonnés à la performance et à l'orgasme à tout prix, s'accommodent mal de la routine sexuelle. Comment expliquer les baisses de libido et surtout comment rallumer la flamme ?
Libido en panne : fatigue et stress en tête
Un Français sur deux aurait rencontré un problème dans son couple à cause du manque de désir, selon un sondage IFOP sur les Français et la sexualité dans le couple, réalisé en 2010. Près d’un Français sur quatre, dont 33% de femmes et 15% d'hommes aurait déjà invoqué un prétexte pour ne pas faire l’amour ! La fatigue a remplacé la migraine : elle est avancée dans 45% des cas. Deuxième raison (35%) : la proximité des enfants, puis suivent les préoccupations liées à l’argent ou au travail, utilisés par 33% des sondés. Et enfin, arrive la migraine qui ne remporte que 28% des suffrages. Un problème de santé ou l’âge sont ensuite évoqués.
Pas forcément dans la tête
Si elle est souvent "dans la tête", la baisse de désir peut s’expliquer par des raisons médicales : dépression, prise de médicaments (anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs,…), trouble hormonal (adénome à prolactine), prise de poids responsable d'un corps que l’on ne trouve pas désirable, allaitement (la prolactine, l’hormone responsable de l’allaitement, inhibe le désir), douleurs pendant les rapports, ou encore ménopause… Dans ce cas, il faut traiter la cause pour restaurer la libido. Dans les autres cas, un travail sur soi et souvent sur sa relation de couple s’impose.
Ce qui tue l’amour
Un sondage IFOP réalisé en 1992 rapportait que pour les hommes, les principaux "tue l'amour" étaient le manque d’hygiène, la jalousie, la boisson puis le silence dans le couple. Pour les femmes, il s’agissait princiaplement de la jalousie. Venaient ensuite la boisson, le silence dans le couple puis le manque d’hygiène.
Qu’en serait-il aujourd’hui ? L’attention portée à l’apparence étant de plus en plus importante dans notre société, on peut penser que les kilos en trop et plus largement l'aspect physique (constat plus vrai chez les hommes que chez les femmes d'après une étude), la négligence, le manque de coquetterie et d'hygiène seraient les principaux motifs invoqués...
Les écrans (télévision dans la chambre, smartphones et autres tablettes utilisées le soir) ont aussi un impact non négligeable sur la fréquence des rapports sexuels et sur la libido, chez les moins de 30 ans. Encore récemment, une enquête de l'IFOP chez les hommes avait pointé le phénomène du doigt. Alors pour préserver sa libido, mieux vaut éteindre tous les écrans le soir !
La libido des femmes en couple baisse rapidement
Une étude de 2002, portant sur plus de 1.800 personnes hétérosexuelles âgées de 20 à 30 ans, avait montré une grande disparité d'évolution entre le désir des hommes et celui des femmes. Il n'y avait pas de différence entre leur libido les trois premiers mois. Le désir masculin était stable du début de la relation à 7 ans après alors que la libido féminine baissait fortement (60% avaient encore très souvent envie de sexe après un an, 40% après 5 ans et plus que 20% près 7 ans). Parmi les hypothèses avancées par les auteurs : la routine, la pression culturelle (se conformer aux stéréoypes de genre), l'accoutumance ou encore une baisse de l'engagement dans le couple... Ce constat n'était toutefois pas retrouvé dans toutes les études.
La charge mentale est aussi mise en cause depuis quelques temps chez les femmes, qui sont beaucoup plus concernées par la logistique de la maison, la gestion des enfants et l'organisation que les hommes...
La sexualité, le liant du couple
Pour 86% des Français, la sexualité est indispensable à la réussite du couple. A l’époque du mariage d’amour, cela semble logique ! Etre heureux dans son couple contribue fortement à l’épanouissement personnel. Mais entre le travail, les enfants, le stress, la fatigue, la vie sociale et sportive… il est parfois difficile de se dégager du temps ensemble et de trouver l’énergie pour faire l’amour. Et lorsque le couple bat de l’aile, il est tentant d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, plutôt que de tout tenter pour rallumer les braises du désir.
L'érotisme s'apprend
Car nombreux sont ceux qui pensent que la sexualité est innée et que si elle ne fonctionne pas ou plus, c’est le signe qu’il faut se séparer. Or d'une part, si le coït est inné, la sexualité et l'érotisme s'apprennent ; d'autre part, l’amour et le désir sont un travail de longue haleine : il y a des hauts et des bas, il faut puiser de l’énergie positive dans les hauts pour sortir des bas ! Après la passion des premiers temps, se met en place un amour plus tranquille, un désir plus routinier, des pratiques souvent identiques : on sait ce qui donne du plaisir à l’autre, on se cantonne aux positions qui fonctionnent bien et on s’en contente. Jusqu’au jour où cela ne suffit plus… Savoir en parler avant, de façon apaisée, est nécessaire pour faire évoluer à deux les pratiques et instiller une dose d'excitation supplémentaire. Et d’après le sondage IFOP, plus de trois quarts des Français estiment que ces "pannes sexuelles" ont un retentissement sur le couple : si 40% d'entre eux pensent qu’elles n’ont qu’un impact sexuel, 36% jugent qu’elles influencent l’harmonie de leur couple.
La routine, le pire ennemi du désir ?
On la craint, on la subit, on la fuit... La routine est le grand ennemi du désir. Or elle n'est pas uniquement nocive : elle apporte aussi une sécurité rassurante qui est précieuse dans le couple et qui n'est pas problématique tant que les deux personnes trouvent aussi une variété satisfaisante dans leur sexualité et évidemment du plaisir.
A quoi est due la routine ? Au temps qui passe, à la connaissance de l’autre (la nouveauté est un grand booster du désir), aux préoccupations matérielles et logistiques qui chassent la sexualité au dernier rang et ne lui laissent que peu de place… La volonté de séduire l’autre s’émousse trop souvent au fil du temps, alors même que l’amour reste présent. Gardons à l’esprit que rien n’est acquis et que le défi du couple est d’entretenir la séduction et de la faire évoluer au fil du temps.
Les secrets des couples qui durent
Le secret des couples qui durent est peut-être d’accepter une certaine dose de routine et d’injecter une dose d’imprévu dans leur sexualité et plus largement dans leur vie. Il faut aussi avoir une communication adaptée : tout n’est pas bon à dire, il faut savoir éviter les vérités qui blessent et qui ne sont pas nécessaires à la viabilité du couple. Par exemple, on ne supporte pas sa famille, il le sait parfaitement ! Lui rappeler à chaque fois qu’on la voit a peu d’intérêt, hormis créer un conflit…
Les couples heureux ne passent pas tout leur temps ensemble : l’indépendance, lorsqu’elle n’est pas forcenée, a du bon en offrant des activités bien à soi, quelque chose de différent à raconter. L'absence exacerbe le désir, c'est bien connu ! Ils faut savoir dépasser les conflits et vivre harmonieusement en dehors de ces périodes de tension. Ils se connaissent bien, se témoignent respect et tendresse, et continuent à séduire l'autre.
Rallumer la flamme du désir
35% seulement envisagent comme solution à cette baisse de désir d’en parler à leur partenaire, pourtant le premier concerné, et 26% à leur médecin.
Ce n’est pas facile de dire à celui que l’on a désiré intensément que non, en ce moment, ce n’est plus le cas. Or le désir va et vient, la libido est capricieuse et la sexualité n’est pas un long fleuve tranquille ! En parler peut permettre de dédramatiser, à condition de ne pas agresser son partenaire et de ne pas en faire une obsession. Cela permettra de le/la rassurer et de l'aider à comprendre ce changement. D'autre part, il faudra analyser avec honnêteté si un facteur extérieur (relationnel dans le couple ou personnel) explique cette baisse de libido. Enfin, consulter au bout de quelques mois sans amélioration et en cas de souffrance peut permettre de faire un bilan pour vérifier qu'il n'y a pas de paramètre organique (physique), psychologique ou médicamenteux expliquant la baisse de désir.
Conseils aphrodisiaques…
Quoi qu'il en soit, quelques conseils aident à cultiver sa vie de couple et à entretenir le désir. Le quotidien n’est pas forcément un tue l’amour : certains y puisent leur désir et savent érotiser la relation.
Séduire à nouveau l'autre
Ne pas se laisser aller physiquement, maintenir un poids de forme, ne pas négliger sa garde-robe sont le b.a.ba de la séduction. Non aux culottes de grand-mère, aux caleçons troués, aux cheveux gras et aux vêtements informes ! Intriguer l’autre en gardant un jardin secret et le surprendre via de nouvelles passions stimuleront son intérêt.
Se créer des moments d’intimité en dehors de la sexualité
Partager des instants de complicité autour d’intérêts communs, se lancer dans une nouvelle activité à deux et avoir des petites attentions sont de bons moyens pour se rapprocher de son partenaire. Se tenir par la main, ou s'assoeir côte à côte sur le canapé stimule la production d’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Se regarder avec tendresse, amour et/ou désir est une façon de communiquer non verbale toujours appréciée...
Et à côté des rituels de couple (fêter la date de la première rencontre, l’anniversaire de mariage...) un peu de fantaisie insufflera une dose d’exceptionnel : une nuit à l’hôtel, une soirée surprise, un nouveau restaurant… A improviser pour sortir de l’ordinaire, qui plombe souvent le désir !
Oser la nouveauté
C’est le moyen par excellence d’injecter du renouveau, à condition de respecter la pudeur et les envies de l’autre. Bousculer sa sexualité est une des clés du désir : de nouvelles positions, un massage coquin, un film ou une lecture érotique après un dîner aux chandelles sont un bon début. Ou pourquoi pas un sextoy ?
Garder son sens de l’humour, même à l’horizontal, offre une porte de sortie complice en cas d’effeuillage raté ou de lumbago suite à une position acrobatique !
Quant à regarder des films X, très à la mode, c'est très satisfant pour certains couples cela elle peut être risqué pour d'autres car en étant trop brute et dénuée de sentiments et émotions, cette sexualité risque de choquer. Il faut en discuter avant.
Certains couples se laissent séduire par le tantrisme, une pratique hindouiste qui allie corps et esprit pour vivre chaque instant en "pleine conscience", en vivant profondément chaque sensation. Les Occidentaux l’ont détournée et axée sur la sexualité : postures et techniques de respiration ont pour objectif de prolonger le plaisir et de le laisser atteindre tout le corps, et pas seulement les organes génitaux.
En pratique…
Sortir de la maison ou de l’appartement pour rompre avec ses habitudes est une excellente idée. L’hôtel est une bonne option pour ceux qui peuvent se le permettre. En faisant chambre à part, on redécouvre également la joie de s’inviter dans le lit de son amant (mais aussi celle de dormir seul !). Les couples fusionnels auront cependant du mal à se passer de la présence rassurante de l’autre.
Pas de panique si ni l’hôtel ni une seconde chambre ne sont possibles, changer de pièce est déjà une alternative : le canapé ou la table sont certes moins confortables mais plus excitants ! Avec un objectif : chahuter ses habitudes en changant de lieu et de pratiques sexuelles (positions sexuelles, fellation et cunnilingus, masturbation du/de la partenaire, massage érotique, sextoys, etc)
Infidélité, libertinage : une option parfois risquée
Certains optent pour une solution radicale : changer de partenaire. Bonne ou mauvaise idée ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle est n'est pas sans risque. Si l’infidélité est pour certains le moyen d’assouvir leurs désirs cachés, elle est pour le/la partenaire trompée une trahison très blessante et peut aboutir à une rupture irrémédiable.
D’autres choisissent le libertinage pour donner un peu d’air à leur couple et mieux se retrouver après. A discuter avec son partenaire, sans pression ! Tout le monde n'en a pas envie et accepter juste par peur de perdre l'autre est souvent le meilleur moyen que cela se passe mal.
Quand consulter ?
Lorsqu’il y a une souffrance : certains couples seront satisfaits d’un rapport par mois, d’autres s’alarmeront bien avant. A chacun sa norme, à chacun son niveau d’inquiétude. Certains parviendront seuls à relancer le désir, d’autres auront besoin d’un regard extérieur, bienveillant, pour réussir à exprimer leur manque à leur partenaire et trouver des solutions.
Les différences de désir, diificiles à gérer
Tous les couples sont confrontés un jour ou l’autre à une différence de désir sexuel (ou de besoin sexuel). L’un a plus envie que l’autre, souvent l’homme mais pas toujours, et cela est source de frustration et de conflit. Physiologiquement, le désir de l’homme est plus linéaire car la production de testostérone se fait de façon régulière, tandis que la femme serait plus soumise aux variations hormonales de son cycle et la production de testostérone est 10 fois moindre. Mais bien d'autres facteurs influencent le désir : psychologiques, physiques, relationnels, médicaux, médicamenteux...
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Et si la nouveauté du début de relation et la passion gomment souvent ces différences de désir, il est fréquent que par la suite, celles-ci s’accentuent. Tel homme préfèrera faire l’amour le matin, en confiance grâce à son érection matinale, telle femme plutôt le soir, une fois les soucis de la journée réglés ou à certains moments de son cycle, comme l’ovulation par exemple… Résultat : la femme se sentira harcelée, réduite au rôle d’objet sexuel et son désir s’étiolera tandis que l’homme manquera de rapports et ne sera pas valorisé. L'inverse (la femme plus demandeuse que l'homme) est tout à fait possible, contrairement aux idées reçues.
Comment dire à son partenaire que l’on n’a pas envie ?
Simplement, gentiment et sans agressivité, en expliquant que ce n’est pas dû au/à la partenaire, que c’est à cause du stress, de la fatigue, des préoccupations professionnelles ou toute autre explications. Le dialogue est essentiel dans un couple, notamment dans le domaine de la sexualité. Il permet à chacun de mieux comprendre l’autre et de ne pas se sentir rejeté(e), délaissé au profit d'un(e) autre.
Autres recommandations : ne pas le mettre en cause son partenaire et ne pas lui faire des reproches. La douceur et l’honnêteté de la réponse éviteront au partenaire de se poser des questions sur les sentiments, d’autant plus qu’un geste tendre accompagne la réponse (sans qu’il soit trop « sexuel » ce qui stimulerait son désir !).
Alors comment synchroniser son désir sexuel ?
Une expérience ludique est intéressante à mener pendant quelques semaines : la première semaine, c’est la femme qui fixe le moment et la fréquence des rapports sexuels. La deuxième, c’est l’homme qui décide, etc. Le but est de comprendre ce que ressent l’autre et de faire le point sur son propre désir.
La personne qui a le moins de désir peut aussi réfléchir à la place qu’elle accorde à la sexualité : est-elle suffisante ? Ne l’idéalise-t-elle pas trop ou n’est-elle pas trop exigeante en souhaitant soit donner soit vivre un orgasme à chaque fois ? Lors de sa semaine, plusieurs jours passeront vraisemblablement avant qu’elle n’ait envie de faire l’amour mais au moment où elle le décidera, il y a de grandes chances pour que le rapport soit de meilleure qualité pour les deux. La personne avec le plus de désir se sentant alors profondément désirée, elle comprendra aussi que se faire désirer est le meilleur moyen de stimuler le désir de son/sa partenaire !
La masturbation est un excellent régulateur, qui évite bien des frustrations à celui/celle qui a plus de désir. L'autre doit accepter sereinement que son/sa partenaire se caresse et se fasse plaisir.
Et si un partenaire met un point d’honneur à donner un orgasme à l'autre, il doit vraiment lâcher du lest car l'orgasme peut nécessiter un grand investissement émotionnel et physique, notamment pour certaines femmes qui ne le jugent pas indispensable à la satisfaction sexuelle. Les deux partenaires doivent prendre conscience que l’orgasme n’est pas une finalité et que le simple plaisir de faire l’amour sans jouissance fait passer un moment très agréable.
La clé est donc de faire un pas vers l’autre et si l’un a très envie de faire l’amour, la pénétration n’est pas une finalité, les caresses, la sexualité orale, les massages (érotiques ou pas) se révèlent un moyen moins coûteux en énergie et en émotions qu’un rapport avec pénétration. Aller vers l’autre et varier les plaisirs sont donc des voies intéressantes pour synchroniser ses désirs.
Autres conseils : il ne faut pas hésiter à fixer des moments consacrés à l’amour dans son agenda si on se fait rattraper à chaque fois par le temps et les contraintes de la vie. Etudier son désir et ce qui le stimule (livres ou films érotiques, lumière tamisée à la bougie, bains coquins, rendez-vous galants dans un hôtel,…) offre la possibilité de l’apprivoiser ensemble et de l’amplifier.
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