La sexualité en 9 lettres : L comme libido
Le L offre l'occasion d'un hommage à la libido, cette énergie qui nourrit nos désirs les plus intimes. Capricieuse, incompréhensible, versatile, elle est aussi stimulante, énergisante, passionnante… Quels facteurs l'entravent ? Que faire lorsqu'elle s'échappe ? Comment la réveiller ?
La libido, cet élan de vie
La libido signifie désir en latin et elle n'est initialement pas limitée à la sexualité : les désirs sont intellectuels, culinaires, sportifs, littéraires, amoureux et sexuels bien sûr. C'est une pulsion de vie qui nourrit nos envies, quelles qu'elles soient … Freud l'a ensuite définie comme l'énergie psychique à l'origine de nos pulsions sexuelles. Par glissement de sens, elle est désormais réservée au domaine de la sexualité mais elle conserve une signification plus large que le désir sexuel, qui est l'élan poussant à faire l'amour.
Quand la libido faiblit
Les couples sont souvent confrontés à une baisse de libido. Pas de panique pour autant, elle ne traduit pas forcément un manque d'amour ou d'attirance, loin de là ! La libido fluctue avec le temps, la fatigue, le stress, les préoccupations professionnelles ou personnelles, certaines périodes de vie, etc. La vie féminine rencontre souvent des périodes susceptibles d'influencer cet élan vital, comme la grossesse et l'allaitement ; quant à la ménopause, une étude[1] de 2013 avait montré que la vie sexuelle n'était affectée que par le sentiment que la ménopause signait l'entrée dans la vieillesse… de quoi rassurer les femmes, une sexualité riche est tout à fait possible en étant ménopausée ! http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-menopause-aucun-impact-sur-la-sexualite-_11123.html
Parler de sexualité est parfois difficile dans le couple, mais c'est le seul moyen de comprendre ce qu'il se passe dans la tête et le corps de l'autre. Mieux vaut aborder le sujet plutôt que de se sentir rejeté, devant les "pas de soir, je suis fatigué(e)" ou "oh je suis épuisé(e) là". Cela permet d'ouvrir le dialogue et d'être rassuré. Cela évitera aussi de mettre la pression en faisant des avances tous les soirs : il est préférable d'opter pour un massage détendant, un simple câlin devant la télévision, sans sexe, ou simplement une activité commune. En cas d'envie pressante, la masturbation reste le meilleur moyen de se satisfaire, et elle sert de "soupape" lors des baisses de libido de l'autre. Même si certains partenaires le vivent mal, elle n'a rien d'une trahison ou d'une infidélité ; se caresser est un plaisir complémentaire et différent des rapports sexuels.
Quand consulter ?
Lorsque le manque de libido s'installe pendant plusieurs mois et s'il provoque une souffrance, une consultation permet de rechercher les principales causes médicales : hormonales (hypothyroïdie, baisse de testostérone lors de l'andropause,…), psychologiques comme dans la dépression ou l'anxiété importante, médicamenteuse avec certaines pilules, certains antidépresseurs, antihypertenseurs, anxiolytiques,… Le climat conjugal influence aussi la libido puisque les conflits francs ou larvés anéantissent souvent l'envie de faire l'amour ! La prise en charge s'adapte alors à la cause : apport d'hormones, thérapie, adaptation ou changement de médicament, thérapie de couple, relaxation ou hypnose, un outil fréquemment utilisé dans ce trouble sexuel.
[1] Women’s Sexuality: From Aging to Social Representations, V.Ringa, K.Diter, C.Laborde & N.Bajos, J Sex Med (à paraître) DOI: 10.1111/jsm.12267
L'été, la saison préférée de la libido ?
Les jupes qui raccourcissent et les décolletés qui s'approfondissent, la peau qui se dénude, les soirées en terrasse ou au jardin, le thermomètre qui monte… l'été semble embraser la libido et les désirs. Toutefois, les études peinent à montrer son impact. La libido serait augmentée en été tout simplement parce que cet saison correspond souvent aux vacances. Certains couples se retrouvent, accordent davantage de temps à la sexualité. Ils se laissent voluptueusement happés par la chaleur environnante et accordent leurs désirs à la température ambiante…
Cinq conseils pour enflammer sa libido
En dépit de ses fluctuations, la libido se nourrit et s'entretient toute sa vie. C'est le meilleur moyen d'éviter les écueils sur lesquels elle s'échoue, comme le temps qui passe, la routine, les enfants, les contraintes logistiques, etc. Tout en sachant qu'il y aura forcément des hauts et des bas dans une vie conjugale, certains réflexes nourrissent le désir et conservent une grande complicité érotique.
- Consacrer du temps à sa libido
La libido s'entretient, en couple bien sûr, mais aussi seul(e) en se caressant quand on a envie. Dans son bain ou sa douche, un soir où l'on passe une soirée solo,… il est tout à fait possible de trouver le temps de le faire, encore faut-il en avoir l'envie et y penser ! Parce qu'avec le temps et les journées trop chargées, on oublie même de penser à ses fantasmes ou au sexe ! Une étude de 2012[1] avait estimé que les hommes pensaient à la "bagatelle" 19 fois par jour et les femmes 10 fois par jour ; précision importante, les jeunes mâles pensaient davantage à la nourriture et au sommeil que ces demoiselles !
Pourquoi ne pas profiter du farniente pour nourrir votre libido et votre imaginaire érotique ? Par exemple en lisant des articles sur la sexualité s'ils vous intéressent (attention, pas ceux qui vous disent de faire 5 fois l'amour par semaine, pendant plus de 30 minutes, en ayant au moins 1 orgasme, préférez ceux d'Allodocteurs.fr. Autres options : lire des romans érotiques ou porno, regarder des films qui attisent le désir,… La sensualité est complémentaire de la libido, elle aussi nécessite d'être cultivée pour stimuler ses envies et voir l'excitation sexuelle se manifester à nouveau. A deux, elle stimule l'érotisme et la sexualité.
- Vivre des parenthèses épicées en couple
L'été est parfois le moment idéal pour se retrouver. La plupart des Français prennent de longues vacances et ont davantage de temps pour eux. Ce temps qui manque justement à celles dont la libido est en berne l'année… Le couple est la base de la famille, alors il faut savoir mettre les enfants de côté et se conserver des parenthèses enchantées, juste à deux, pour conserver l'harmonie et entretenir le désir. Idéalement, une nuit d'hôtel, ou encore mieux un long weekend, sont le plus efficaces pour se retrouver : le cadre est différent, l'ambiance également et un jeu amusant consiste à se séduire à nouveau, comme lors de la première rencontre ! Un simple dîner à deux, à l'extérieur de la maison, est suffisant, à condition qu'il soit régulier et fondé sur le plaisir, celui d'être ensemble, de parler de sujets agréables, de se faire du bien tout simplement.
Si le désir est au point mort depuis longtemps, la situation ne s'améliorera radicalement du jour au lendemain. En revanche, si les deux partenaires ont envie de se consacrer du temps et de l'engagement pour retrouver la flamme, là l'effet peut être explosif… En cas d'impasse mais d'envie réelle et partager de retrouver une vie intime, une thérapie de couple apporte une bonne aide.
- Attiser l'envie
Les débuts amoureux sont tout feu tout flamme : le simple de voir l'autre donne envie et un baiser suffit à nous embraser. Le désir vient de l'autre et il s'impose de lui-même. Avec l'habitude, force est de reconnaître que le désir décroît et qu'il nécessite davantage d'investissement personnel. C'est en soi que l'on trouve l'envie de faire l'amour. D'où l'intérêt de cultiver sa libido pour puiser dans ses fantasmes l'énergie sexuelle qui manque parfois à la vie quotidienne.
Mais ce n'est pas tout, la sexualité commence par la séduction : c'est aussi en attisant l'envie de l'autre que l'on s'assure des ébats enflammés. L'allumage peut prendre la forme d'un sms faussement innocent, suggérant que l'on porte les dessous qu'il préfère, ou franchement érotique avec un sexto riche en émojis sexuels… ou celle d'un email suggestif énumérant la liste de ses envies sensuelles, celle d'un dîner aux chandelles qui dérape, d'un quickie inattendu en plein air, ou encore d'un massage érotique. Là encore, l'imagination est la clé !
- Créer le manque
Le désir se nourrit du manque, ce que comprennent difficilement ceux dont la libido est linéaire et intense ! Un parallèle culinaire permet de mieux comprendre cette théorie : lorsque l'on est au régime sans pâtisserie, notre envie de pâtisseries ou de frites grimpe en flèche… La fusion a tendance à étouffer la libido, alors s'accorder des moments seul(e) est le plus souvent très bénéfique pour le couple. Partir un week-end avec des copines ou quelques jours en déplacement donnera vraisemblablement envie de fêter les retrouvailles sous la couette !
C'est particulièrement vrai en cas de différence de désir importante, la personne qui a moins envie se sent étouffée et envahie par les demandes répétées et insistantes de son ou sa partenaire (c'est classiquement l'homme qui a plus envie, mais pas toujours) : le désir n'a pas le temps de s'embraser qu'il est éteint. De l'autre côté, celle qui a le plus de libido est terriblement frustrée, se pose des questions sur le désir, voire l'amour que lui porte son/sa partenaire. La solution est de faire un pas l'un vers l'autre : la personne à faible désir peut réfléchir sur son rapport à la sexualité et lui accorder davantage de place ; elle peut aussi attendre moins des rapports : le 7ème ciel n'est pas toujours systématique, qu'importe quand le plaisir, même sans atteindre l'orgasme est là, et la complicité du couple renforcée… Celle à fort désir doit laisser de la place à la libido de l'autre et apprendre à se faire désirer, elle a tout à y gagner puisqu'un désir maximal et réciproque augure de plaisir plus intense.
- Se réserver des moments pour le sexe…
La sexualité est parfois la 5ème roue du carrosse, après le travail, les enfants, la famille et la belle-famille, les amis. Dans la course de la vie quotidienne, on oublie de lui réserver du temps en estimant qu'elle n'est pas prioritaire. Ce qui est peut-être vrai pour certains couples mais dans la majorité des cas, la sexualité alimente le couple, le "cimente" et lui fait un bien fou.
Se réserver un créneau le week-end et s'accorder des soirées à deux doivent être des priorités pour le couple. Pour disposer d'un peu plus de temps, il faut revoir à deux et apprendre à "lâcher" sur certaines choses, à demander davantage d'aide à son homme par exemple. L'idée n'est pas de culpabiliser les femmes qui ont déjà tellement à gérer et portent le poids de la charge mentale ; c'est de les inciter à en faire moins, même si ce n'est plus parfait ! Les hommes ont leur part de responsabilité et arrivent le soir en espérant une femme disponible pour les galipettes alors qu'elle enchaîne deux journées et n'a pas assez de temps pour tout faire. Ce genre de situation dénonce un déséquilibre qui est nocif pour le couple ; il ne faut pas hésiter à en parler, ou à demander de l'aide à un professionnel si l'on n'arrive pas à faire bouger les choses.
[1] Sex on the Brain?: An Examination of Frequency of Sexual Cognitions as a Function of Gender, Erotophilia, and Social Desirability. Terri D. Fisher. The Journal of Sex Research 2012
La libido des hommes est-elle différente de celle des femmes ?
La réponse est digne d'un Normand : oui et non. Oui, dans le sens où la libido est sous-tendue par les hormones, notamment la testostérone. Or les hommes en produisent 10 fois plus que les femmes, et de façon linéaire. Les estrogènes, hormones sexuelles féminines, fluctuantes suivant le cycle menstruel, interviennent dans la libido et expliquent que certaines femmes ont très envie juste avant l'ovulation. Mais de nombreux facteurs, dont des facteurs psychologiques, pratiques, culturels,... Une femme peut donc avoir un libido supérieur à celle de son homme !