Quoi de neuf dans l'éjaculation prématurée ?
Faute de définition précise, l'éjaculation prématurée, anciennement appelée éjaculation précoce, a longtemps été trop diagnostiquée, touchant un homme sur trois, selon les communiqués diffusés par les laboratoires. L'International Society for Sexual Medecine (ISSM) vient d'en préciser le cadre, en distinguant l'éjaculation prématurée permanente de l'acquise. Explications.
Ejaculation prématurée : une définition précisée
Elle fût récemment présentée comme la dysfonction sexuelle la plus fréquente : un homme sur trois était concerné selon les laboratoires et un sur deux confiait y avoir déjà été confronté selon un sondage. Difficile d'avoir des chiffres fiables tant ce trouble reste tabou... Devant le flou artistique entourant l'éjaculation prématurée (EP), l'International Society for Sexual Medecine (ISSM) a donc souhaité préciser le cadre de ce trouble en faisant appel à un comité d'experts. Ils ont alors séparé l'éjaculation prématurée permanente de l'éjaculation prématurée acquise.
La première existe depuis le début de la vie sexuelle, et se manifeste moins d'une minute après le début de la pénétration, dans au moins 80% des rapports, voire avant la pénétration (on parle alors d'éjaculation prématurée ante portas). Elle a tendance à s'aggraver avec l'âge.
La seconde survient après des expériences sexuelles où l'éjaculation était bien contrôlée, avec un délai moyen de 8 minutes. On parle d'éjaculation prématurée acquise lorsque l'homme rencontre ultérieurement des difficultés de contrôle et que l'éjaculation survient en moins de 3 minutes.
Deux autres critères s'ajoutent à cette notion temporelle : l'homme doit avoir du mal à retarder son éjaculation et le trouble doit avoir un retentissement personnel, à type de grande souffrance psychologique, stress, frustration et/ou évitement de l'intimité sexuelle.
Les experts vont plus loin et différencient deux sous-types : l'EP subjective, qui se manifeste de façon irrégulière et s'accompagne de l'impression d'une perte de contrôle et l'EP variable, qui survient dans un temps différent, entre un délai très court et un délai normal. L'EP subjective nécessite une prise en charge tandis que l'EP variable ne serait qu'une variation de la performance sexuelle et non une dysfonction sexuelle et elle ne nécessiterait pas de prise en charge particulière, hormis peut-être rassurer les hommes qui s'estimeraient concernés par l'éjaculation prématurée.
Avec cette nouvelle définition, seuls 5% des hommes en souffriraient, dont 4% d'éjaculation prématurée permanente, et afin d'aider les praticiens à poser avec justesse le diagnostic, plusieurs tests sont proposés, comme le Premature Ejaculation Diagnostic Tool (PEDT).
Une prise en charge plus codifiée de l'éjaculation prématurée
Les experts de l'ISSM conseillent ensuite aux praticiens d'agir sur différents niveaux :
- Un soutien psychologique, de préférence avec la partenaire, dans le but de rassurer les hommes très inquiets de leurs performances sexuelles.
- Une thérapie comportementale afin de mieux gérer le niveau d'excitation, de repérer le moment précédant l'éjaculation et de diminuer son excitation grâce à des exercices de respiration, de retrait ou de compression du gland.
- Une information sexuelle pour les hommes souffrant d'EP variable chez lesquels l'éducation sexuelle a souvent été insuffisante et qui ont des idées erronées sur la sexualité et la performance. Le rôle du praticien est alors de les informer et de rassurer.
Lorsque cette prise en charge ne suffit pas, il est recommandé d'adresser les patients à un sexologue. Celui pourra alors déterminer si un traitement médical est nécessaire. Une crème anesthésiante peut être appliquée sur le gland ou l'homme peut utiliser un préservatif avec anesthésique ; leur intérêt est de diminuer les sensations ressenties et donc retardent la survenue de l'éjaculation.
Le médecin peut prescrire de la dapoxétine, le premier médicament à être autorisé en France pour l'éjaculation prématurée. A prendre 1 à 3 heures avant le rapport, il multiplierait par trois ou quatre le délai d'éjaculation et ce médicament, existe en 30 ou 60 mg. Son coût est de 8 euros le comprimé.
Autres alternatives médicamenteuses à l'étude : le tramadol, l'ocytocine, l'ablation ou la neuromodulation du nerf dorsal du pénis.
Source : An Update of the International Society of Sexual Medicine's Guidelines for the Diagnosis and Treatment of Premature Ejaculation (PE), Sexual medicine, Althof S, McMahon C, Serefoglu EC, publication en ligne du 22 mai 2014.
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