Troubles de l'érection : gardez la tête haute
Un homme sur trois est concerné par les troubles de l'érection. En dépit de cette fréquence, ils restent un sujet tabou avec des conséquences pour le couple parfois désastreuses.
Le mécanisme de l'érection
Les troubles de l'érection sont des sujets qui concernent les hommes, mais qui intéressent aussi les femmes. Dans une étude réalisée par l'IFOP, 64% des hommes déclarent y avoir déjà été confrontés.
Le pénis est constitué de trois corps érectiles : deux corps dits caverneux et un corps spongieux. Les deux corps caverneux sont de larges réservoirs en forme de cylindre, ils renferment des veines et des artères. Le corps spongieux contient l'urètre, par lequel peuvent s'écouler l'urine et le sperme.
La plupart du temps, les corps caverneux sont pauvres en sang et le volume du pénis est faible. Au cours d'une excitation, des signaux sensoriels parviennent au cerveau. Les centres de l'érection envoient des ordres qui transitent par la moelle épinière jusqu'au pénis grâce aux nerfs érecteurs. Ces nerfs sont directement connectés aux artères et aux corps caverneux du pénis. Résultat : les artères se dilatent, les tissus spongieux se remplissent de sang et le pénis entre progressivement en érection.
Les causes d'un trouble de l'érection
Toute anomalie des vaisseaux ou des nerfs qui jouent un rôle dans l'érection peut entraîner un dysfonctionnement érectile.
L'hypertension artérielle et les maladies cardio-vasculaires sont souvent en cause. il peut s'agir d'une fuite veineuse, ou d'une atteinte neurologique suite à un accident vasculaire cérébral. Les affections neurologiques, comme la sclérose en plaques ou une maladie de Parkinson, peuvent également entraîner une dysfonction érectile. Les maladies métaboliques, comme le syndrome métabolique, les dyslipidémies (excès de lipide), sont aussi en cause, et parmi elles, c'est le diabète qui reste la principale cause d'impuissance. Il s'attaque en effet aux vaisseaux sanguins et aux nerfs. Les troubles de l'érection sont trois à quatre fois plus fréquents chez les personnes diabétiques. La chirurgie au niveau du bassin, particulièrement l'opération de la prostate, altère également l'érection. Une dépression s'accompagne souvent de troubles sexuels. Autre cause : l'âge, qui provoque une baisse de la production de testostérone.
Certains traitements, comme les antidépresseurs ou les traitements de la prostate, peuvent aussi aider au développement de l'impuissance. Certains troubles passagers de l'érection peuvent quant à eux être causés par une mauvaise hygiène de vie : tabagisme, alcool, drogues, fatigue et stress font mauvais ménage avec une érection épanouie !
Au final et contrairement aux idées reçues, les troubles de l'érection ne sont d'origine psychologique que dans 20% des cas ! L'angoisse de perfomance, certains évènements de vie (divorce, chômage, retraite...), l'anxiété ont souvent un retentissement négatif, à l'instar des conflits conjugaux ou d'une méconnaissance de la sexualité et du poids de la religion.
Les facteurs de risque :
Certains facteurs sont bien connus pour augmenter le trouble de l'érection. Il s'agit de :
- L'âge (10 fois plus de dysfonction érectile chez les 60-70 ans et 20 fois plus chez les 70-80 ans que chez les 30-40 ans.
- Les facteurs de risque cardio-vasculaires : maladie de cœur, hypertension, cholestérol bas, diabète, tabagisme.
- Les facteurs non cardiovasculaires : dépression, prostatisme, chirurgie au niveau du pelvis (bassin), mauvais état général.
- Autres facteurs : faibles revenus, stress émotionnel, absence de plaisir dans la vie, absence de partenaire
Troubles de l'érection : comment y remédier ?
La première solution est de prendre des médicaments, comme la célèbre molécule, le sildénafil, ou le taladafil et le vardalafil. Ils renforcent l'érection à condition que le désir soit présent.
Si ce n'est pas suffisant, il faut réaliser des injections de substances qui stimulent l'érection, l'alprostadil, directement dans un corps caverneux. Ce principe actif peut désormais s'appliquer en crème au niveau du méat urinaire (l'orifice par lequel s'écoule le sperme et l'urine). Ils sont pris en charge par l'assurance-maladie dans certaines indications, comme la sclérose en plaques, une atteinte des nerfs liée à un diabète, une séquelle de chirurgie, etc.
Cette molécule existe également en gel, à appliquer au niveau de l'urètre.
Il existe également une technique appelée vacuum, qui créé le vide autour de la verge et permet de la faire gonfler à l'occasion des rapports sexuels. Un anneau en latex est installé au bout d'un tube, il viendra bloquer le reflux du sang de la verge une fois l'érection suffisante. Le patient n'a alors plus qu'à chasser l'air de l'intérieur du tube, grâce à une pompe qu'il actionne, jusqu'à obtenir une érection. Peu onéreux, ce dispositif nécessite un certain apprentissage et une bonne communication entre les partenaires.
Une bonne hygiène de vie indispensable
On conseille systématiquement d'arrêter de fumer en cas de tabagisme, de modérer sa consommation d'alcool, de perdre du poids en cas de surpoids et de pratiquer une activité physique. Les maladies induisant une dysfonction érectile sont prises en charge, avec une correction de l'hypertension, du diabète, d'un excès de cholestérol, l'adaptation d'un traitement délétère pour l'érection, etc...
L'innovation est un moteur pour la recherche : la "thérapie par ondes de choc extracorporelle de faible intensité "s'avère prometteuse pour les dysfonctions érectiles, d'après les résultats d'étude. Elle est réservée aux troubles d'origine vasculaire (par atteinte des vaisseaux, comme dans un diabète). Si le mode d'action n'est pas complètement élucidé, les effets secondaires s'avèrent absents. D'après une étude de 2021, elle pourrait être intéressante chez les patients qui répondent pas aux traitements mais ne souhaitent pas passer à une solution plus invasive (prothèse).
La prothèse pénienne
Pour certains hommes, il n'est plus possible d'avoir des érections naturelles après un cancer, un diabète ou suite à des traumatismes. Il est alors possible d'implanter une prothèse pénienne dans la verge. Il s'agit d'un acte chirurgical lourd, irréversible et proposé en dernier recours pour permettre à ces hommes de retrouver une érection.
La prothèse pénienne représente le dernier recours (environ 750 interventions par an en France). Mais acceptée si elle est proposée d'emblée, les patients mettent tous leurs espoirs dans le traitement chirurgical, après avoir testé sans succès d'autres thérapeutiques.
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Le sexologue à la rescousse
Troubles de l'érection, éjaculation précoce, difficultés à éjaculer, baisse du désir, difficultés à atteindre l'orgasme, douleurs lors de la pénétration... sont les motifs de consultation les plus fréquents.
De nombreux couples rencontrent des difficultés dans leur vie sexuelle, sans jamais oser en parler, souvent depuis des mois, voire des années. Un sexologue, praticien spécialiste des troubles de la sexualité peut aider à résoudre les problèmes sexuels de tous ceux qui ne vivent pas une sexualité épanouissante.
Pour se renseigner sur les professionnels compétents :
La prise en charge psychologique
Les thérapies sont indiquées en cas d'origine psychologique pour prendre en charge l'anxiété de performance, les facteurs personnels entravant l'érection, les scenarios sexuels inadaptés, les conflits de couple. Et même lorsque le trouble de l'érection est d'origine organique, il a un retentissement sur l'état d'esprit de celui qui en souffre : perte de confiance en soi, baisse de l'estime de soi, évitement des rapports pour ne pas se retrouver en situation délicate, renfermement sur soi. En parler avec un professionnel est important pour reprendre confiance en soi.
Troubles de l'érection : un nouveau traitement en crème
Depuis le 1er juin 2015, un nouveau traitement est disponible en pharmacie sur prescription médicale. Il s'agit d'une crème à appliquer localement au niveau du pénis.
Pour le moment, ce traitement n'est pas remboursé mais selon le laboratoire, un remboursement à hauteur de 15% est attendu en juillet 2015 sur les mêmes conditions que pour les injections intra-caverneuses : personnes diabétiques, cancers de la prostate, sclérose en plaques, paralysie...
"Cette crème contient un produit qui s'appelle alprostadil, qui correspond à de la prostaglandine E1, et qui est connu pour avoir un effet vasodilatateur, c'est-à-dire que cette crème va favoriser l'ouverture des artères. Et en favorisant l'ouverture des artères, elle va favoriser le remplissage sanguin du pénis et donc faciliter l'érection", explique le Dr Gilbert Bou Jaoudé, sexologue.
Grâce à une petite seringue, une goutte de crème est déposée sur l'orifice urinaire. La crème est absorbée au niveau du gland, elle passe ensuite de l'urètre au corps spongieux puis se diffuse vers les corps caverneux. L'effet apparaît dans les cinq à trente minutes suivantes. Accompagnée d'une stimulation sexuelle, l'érection est facilitée pendant une à deux heures selon les patients.
Comme pour tous les traitements de la dysfonction érectile, la crème est contre-indiquée chez les personnes atteintes notamment de problèmes cardiovasculaires. Son usage est également proscrit en cas de lésion, de blessure ou d'infection locale. Outre ces contre-indications, la crème présente quelques effets indésirables comme des brûlures, des picotements...
Des effets indésirables pointés du doigt par la Haute autorité de santé mais rien d'alarmant selon le Dr Bou Jaoudé, qui a été sollicité par le laboratoire pour donner son avis sur le bon usage de ce nouveau traitement : "D'après les études, à peine 5% des utilisateurs arrêtent le traitement à cause des effets secondaires. Cela signifie que dans 95% des cas, la personne supporte le traitement même si on remarque un petit peu des sensations désagréables".
Et même s'il est déconseillé d'utiliser cette crème plus de trois fois par semaine, elle change beaucoup de choses pour les patients qui souffrent de troubles de l'érection. Délivrée uniquement sur ordonnance, chaque dose de crème coûte 10 euros et plusieurs utilisations sont nécessaires avant d'observer un résultat optimal sur l'érection.
Troubles de l'érection : les ondes de choc
Si les médicaments ne suffisent pas au patient pour retrouver des érections satisfaisantes, on peut proposer dans certains cas le recours aux ondes de choc. L’idée est de régénérer les vaisseaux sanguins de la verge pour améliorer l’érection.
Patrick, 59 ans, bénéficie de ce traitement grâce à une sonde qui envoie 1500 coups par séance sur la totalité de sa verge et qui va stimuler les cellules souches qui vont remplacer les cellules vieillissantes qui ne fonctionnent plus au niveau des corps caverneux.
Pour optimiser l'effet des ondes de choc, le patient doit se stimuler ou avoir des rapports réguliers et surtout adopter une bonne hygiène de vie : maîtriser son stress, pratiquer une activité sportive et contrôler son régime alimentaire (apports glucidiques et lipidiques). Patrick effectue 12 séances rapprochées et les effets du traitement perdure un an.
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