Topiramate : pourquoi cet antiépileptique est déconseillé pendant la grossesse
Le topiramate, médicament antiépileptique, multiplie par trois le risque d’autisme et de déficiences intellectuelles chez le nouveau-né. Déjà connu pour provoquer des malformations, il n’est prescrit qu’en dernier recours.
Une étude, publiée dans la revue JAMA Neurology, révèle que les enfants exposés au topiramate durant la grossesse ont trois fois plus de risques de présenter une déficience intellectuelle et de développer des troubles de l'autisme. L'étude a été réalisée à partir de données de millions de mères scandinaves.
Quel est ce médicament ?
Le topiramate est un antiépileptique, l’un des rares à être efficace pour toutes les formes d’épilepsie. Il est également indiqué en cas de migraines. Le médicament est "particulièrement efficace", assure le Dr Gilles Huberfeld, neurologue à la fondation Rothschild. Mais il est souvent mal toléré : "les patients peuvent souffrir de troubles de la mémoire, ont du mal à trouver leurs mots… chez certains, le topiramate génère de l’anxiété et est un coupe-faim", poursuit-il.
À cause de ces effets secondaires, beaucoup de patients arrêtent le médicament.
Quels risques pour l'enfant ?
Le médicament est déjà connu pour son risque d'exposition à des malformations foetales comme une fente labio-palatine ou un mauvais placement de l’urètre sur le pénis. Comme la Dépakine, "on sait que le topiramate est tératogène, c’est pourquoi on ne le prescrit pas aux femmes enceintes", explique le Dr Gilles Huberfeld.
De manière générale, "comme les grossesses ne sont pas forcément programmées, on prescrit plutôt le lamotrigine et le lévétiracétam aux femmes. Ils n’ont pas d’effets sur l’enfant à venir, alors si une grossesse devait survenir, ce n’est pas dramatique", explique-t-il.
Un traitement à éviter pour les femmes
Mais pour certaines femmes, seul le topiramate agit efficacement contre leurs crises d’épilepsie. Dans ce cas, le médicament est prescrit jusqu’à un projet de grossesse, ensuite "on passe à un autre médicament. On sait que l’équilibre ne sera pas le même, qu’il y aura quelques crises durant ces quelques mois, et dès la grossesse finie, on reprend le topiramate".
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a demandé à l’Agence européenne du médicament (EMA) de réévaluer les conditions de prescription du topiramate.
L’agence sanitaire rappelle aux médecins de ne pas prescrire le topiramate aux femmes enceintes sauf rares exceptions. Autre recommandation : ne l'indiquer qu'en dernier recours aux femmes en âge d’avoir un enfant qui ne prennent pas une contraception jugée "hautement" efficace.