Lyme : de nouvelles recommandations ravivent la controverse
Le texte, publié par une vingtaine de sociétés savantes, contredit les recommandations de la HAS et l'existence de symptômes persistants et inexpliqués dus à la maladie.
Non, il n’existe pas de "symptômes persistants" divers "attribués à une borréliose de Lyme". C’est du moins ce qu’affirment une vingtaine de sociétés savantes françaises, qui présenteront bientôt officiellement leurs propres recommandations à propos de Lyme, sur demande du ministère de la Santé. Ce texte, que l'AFP a pu consulter, est radicalement opposé aux recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), publiées il y a un an, et critiquées par l'Académie de médecine.
Les symptômes persistants relèveraient d'un autre diagnostic
D’après ces sociétés savantes – la Société de pathologie infectieuse de langue française, le Collège national des généralistes enseignants et le Collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales, entre autres – les patients qui présenteraient des "symptômes persistants" divers attribués à Lyme relèvent en très grande majorité d'"un autre diagnostic". Celui-ci serait le plus souvent lié à des troubles neurologiques, psychologiques ou articulaires. Faire suivre des cures d'antibiothérapies à ces patients est donc déconseillé jugent ces experts, dans deux articles publiés sur le site de la revue Médecine et maladies infectieuses les 14 et 31 mai.
Il est toutefois impératif que les praticiens prennent leur temps pour établir le diagnostic et exposer la situation à leurs patients de façon personnalisée, affirment ces experts. Surtout, "les simplifications abusives et stigmatisantes, susceptibles d'être comprises comme « c'est dans la tête »", sont à proscrire.
L'incidence de la maladie reste stable
Pour ces experts, l’objectif est de rassurer. Comme ils le rappellent, depuis 2009, l'incidence de la maladie est stable, et non en expansion, malgré ce qu’affirment les associations de patients. Les médecins ayant participé à l’élaboration de ces recommandations réaffirment par ailleurs que pour établir le diagnostic, il existe deux tests sérologiques – même si leur fiabilité est contestée.
Leurs recommandations doivent être présentées le 7 juin lors des Journées nationales d'infectiologie de Lyon.
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La maladie de Lyme, transmise par les tiques, se guérit facilement lorsqu'elle est prise en charge tôt, mais reste difficile à détecter dans ses formes tardives. Environ trois à trente jours après la morsure de tique apparaît un érythème migrant, une tache rougeâtre qui s'étend lentement et qui disparaît spontanément au bout de trois à six semaines. Le deuxième stade de la maladie correspond à une dissémination de la bactérie via les ganglions et le sang et peut se traduire par des troubles neurologiques, notamment des paralysies faciales, mais aussi de la fatigue ou des maux de tête. Le troisième stade, qui peut durer des années, se manifeste sous la forme de problèmes divers (cutanés, articulaires, etc.).