Paris : comment les hôpitaux se préparent à la crue du siècle ?
Pendant deux semaines, la préfecture de police de Paris organise un exercice de simulation de crue centennale de la Seine pout tester la réactivité de tous les acteurs concernés. Reportage au Centre hospitalier intercommunal de Meulan-les-Mureaux, dans les Yvelines.
Une Seine en crue, voilà ce que tout le monde redoute au Centre hospitalier de Meulan-les-Mureaux. En 1910, la Seine avait grimpé de plus de 8 mètres. A la construction du bâtiment, en cas de récidive, certains aménagements ont été prévus : "Si l'eau effleure la dalle du rez-de-chaussée, il n’y a pas de souci car les hébergements sont au premier étage, tout comme les blocs opératoires, les plateaux techniques et le service de réanimation", explique Walter Vettese, directeur des services techniques du Centre hospitalier intercommunal de Meulan-les-Mureaux.
Mais si la crue est plus importante de seulement 50 centimètres... l'établissement frôlera la catastrophe car les coupures d’électricité seront inévitables. Prévus pour prendre le relais dans un délai de 30 secondes, les groupes électrogènes peuvent répondre aux besoins de tout l'hôpital pendant dix jours. Au-delà, les appareils médicaux cesseront de fonctionner, les blocs opératoires seront à l'arrêt.
Les scientifiques sont formels : elle se reproduira
Une crue exceptionnelle de la Seine s'est déjà produite en 1940 et les scientifiques sont formels : elle se reproduira. Mais les dégâts financiers et humains n'auront rien à voir avec ce qu'il s'est passé au siècle dernier. Une telle crue affectera directement ou indirectement près de 5 millions d’habitants d’Ile-de-France, dont 500.000 à évacuer. Alors pour que chacun sache comment réagir, la préfecture de police soumet les établissements accueillant du public à rude épreuve : du 7 au 18 mars 2016, ils participent à des exercice de simulation grandeur nature.
L'hôpital de Meulan-les-Mureaux est ainsi confronté à une crue de plus de 6 mètres. La cellule de crise est en état d'alerte : les voies d'accès sont fermées, le parking inondé, le personnel absent et le standard téléphonique débordé.
Un exercice qui aidera le personnel à se tenir prêt le jour où cette crue arrivera. "La question est de savoir à quel moment l'hôpital doit continuer à accueillir les populations en difficulté et à quel moment l'hôpital doit évacuer les personnes qu'elle accueille ou limiter son activité", explique Sophie Guinoiseau, directrice adjointe du Centre hospitalier intercommunal de Meulan-les-Mureaux.
De 20 à 60% des sites impactés
En cas de crue similaire à celle de 1910, au moins 20% des 3.000 hôpitaux, maisons de retraites ou autres structures médico-sociales d'Ile-de-France seront impactés. Mais si la crue est plus élevée, ce sont 60% des sites qui risquent de fermer. L’Agence régionale de Santé devra alors trouver une structure de soins pour 20 à 30.000 personnes malades, âgées, ou handicapées… Un vrai casse-tête.
Cette crue centennale coutera au moins 20 milliards d’euros à la région, mais heureusement, même lorsqu’elles sont d’envergures, les inondations sont généralement assez peu meurtrières.