Affaire Naomi Musenga : Agnès Buzyn veut harmoniser les pratiques des Samu
La ministre de la santé a demandé ce 14 mai aux urgentistes de lui faire rapidement des propositions pour une "démarche qualité" dans les Samu mais sans promettre de nouveaux moyens.
La semaine dernière, l’annonce du décès fin décembre de Naomi Musenga, qui avait plus tôt contacté le Samu pour d’intenses maux de ventres mais n’avait pas été prise au sérieux par l’opératrice, a créé la polémique. Une enquête administrative, confiée à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), a débuté ce 14 mai, parallèlement à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui a reçu des représentants des urgentistes, "il convient qu'il n'y ait plus d'erreur de ce type" et d'"améliorer à l'avenir la régulation et les réponses aux patients par le Samu". Toutefois, elle a souligné que "dans 99,9% des cas, fort heureusement, le Samu travaille merveilleusement". Elle a donc chargé les urgentistes de lui présenter "une feuille de route" d'ici au 1er juillet.
"Harmoniser les pratiques"
L’un des axes d’étude doit concerner "la formation des professionnels", notamment celle des opérateurs téléphoniques qui n'est actuellement "pas homogène" sur le territoire. Elle pourrait faire l'objet d'un diplôme national.
Le ministère évoque également la piste d’une "assurance qualité", harmonisée sur tout le territoire, destinée à faire remonter les incidents, les accidents, et à vérifier que les opérateurs répondent correctement aux appels. Certains Samu sont déjà engagés dans une telle démarche, par exemple Nantes et Toulouse, a noté Agnès Buzyn. Elle peut passer par "des réunions de service, qui traitent a posteriori des incidents" ou encore "une écoute, tous les 100 appels" pour vérifier le suivi des procédures.
Cette "démarche qualité" pourrait également passer, dans certains Samu, par l'écoute systématique des enregistrements lorsqu'un problème est détecté – par exemple lorsqu'un patient arrive aux urgences "dans un état inquiétant", après avoir tenté d'appeler mais "sans avoir été pris en charge", comme l’a expliqué François Braun, président de Samu-Urgences de France. Pour lui, il faut aller plus loin et que "tous les Samu aient les mêmes indicateurs, travaillent de la même façon". Il a estimé avoir été sur ce point "très bien entendu par la ministre".
Pas de moyens supplémentaires
De son côté Pierre Carli, président du Conseil de l'urgence hospitalière (CNUH), a plaidé pour que "comme on certifie les blocs opératoires, on certifie les Samu très rapidement" afin de "sécuriser considérablement la réception de ces appels".
La ministre n'a en revanche pas promis de moyens supplémentaires pour le Samu, ni humains, ni financiers, estimant que la question d'une réforme structurelle n'était "pas posée aujourd'hui". "Le numéro du Samu répond à une multiplicité d'appels qui ne sont pas toujours des appels d'urgence, et la question est plus de comment basculer ces appels vers d'autres professionnels de santé", a-t-elle jugé.
Plusieurs professionnels des urgences avaient pourtant pointé, la semaine dernière, le stress vécu par les opérateurs téléphoniques et les médecins régulateurs, submergés par un nombre d'appels toujours croissant. "Les centres d'appel n'ont pas été dimensionnés pour faire face au flot d'appels qu'on reçoit aujourd'hui", et qui ont triplé depuis la création du Samu, avait notamment alerté Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France. M. Pelloux a également indiqué qu'un "débat" existait, entre professionnels, sur l'intérêt ou non de regrouper tous les numéros d'appels d'urgence (pompiers, police et Samu) sur une plateforme unique. Un rapport doit être rendu prochainement sur le sujet.
avec AFP