La révolte des gymnastes contre leurs justaucorps

Plus que quelques semaines avant le lancement des Jeux Olympiques de Tokyo. Cette année, les tenues des gymnastes pourraient réserver quelques surprises. Leurs corps sont-ils trop exposés ?

Adélie Floch
Rédigé le , mis à jour le


Il y a deux mois, aux Championnats d’Europe, une gymnaste allemande a fait parler d’elle, non pas pour ses performances mais parce qu’elle a opté pour une combinaison intégrale. 

L’athlète a voulu pointer du doigt l’inconfort que représente le justaucorps pour une jeune fille en pleine puberté. Coupe échancrée, sexualisation… les voix commencent à s'élever contre ce vêtement.

Refuser d'exposer son corps

Certaines gymnastes ne veulent pas forcément exposer ce corps au regard des autres. En avril dernier, l'allemande Sarah Voss concourt bras et jambes couvertes aux championnats d’Europe.

L’athlète en pleine puberté, ne se sent plus à l’aise en justaucorps et le fait savoir. C’est un séisme dans le monde très codifié de la gym et la jeune génération s’en réjouit.

Carolann Heduit, championne de France Elite, 17 ans : "Cela montre qu’il y a une évolution dans la gymnastique, c'est une bonne nouvelle, et comme ça tout le monde pourra se sentir à l'aise devant les caméras, devant le public".

Youna Dufournet, ancienne gymnaste, aurait bien aimé avoir le choix de montrer son corps ou pas. La gymnaste française de renommée internationale a pris sa retraite en 2016. À l’époque, elle n’a pas eu son mot à dire sur les tenues pailletées, voyantes, certaines beaucoup trop... 

Remplacer le justaucorps par une combinaison 

Lorsque le corps de Youna se transforme à la puberté, le vêtement devient de plus en plus inconfortable. Elle prend du poids, du volume au niveau des hanches et de la poitrine. Le justaucorps expose ses nouvelles formes aux yeux de tous.  

Youna Dufournet : "J'ai pris 10kg en 2 mois juste avec les règles, en ayant le même rythme d’entraînement. Cela arrive tout d'un coup, c’est la descente aux enfers. Le regard sur nous est très dur, parce que quand je rentre dans la salle je ne m’accepte plus en justaucorps.

Les entraîneurs n’ont pas forcément des mots adaptés, n’hésitent pas à nous dire qu’on est trop grosse et si on a le malheur de faire une compétition, les juges nous assassinent au niveau des notes et ça se ressent." 

Des blessures psychiques

Pour accepter son nouveau corps, Youna est aidée par une psychologue, spécialisée dans le suivi de sportif de haut niveau.

Miriem Salmi, psychologue : "Le corps devient menaçant pour la carrière de l’athlète. Si vous écoutez des gymnastes et lorsqu’elles vous en parlent, vous sentez bien que c’est quelque chose d’extrêmement dur, d'extrêmement contraignant et qui crée des blessures psychiques". 

La combinaison intégrale est désormais autorisée par la fédération internationale de gymnastique. Pour les Jeux Olympiques, chaque équipe décidera de sa tenue, les françaises, elles, ont fait leur choix : elles performeront en justaucorps.