Comment bien utiliser la luminothérapie pour traiter la dépression saisonnière
L'automne et l'hiver sont des saisons propices aux baisses de moral et à la dépression saisonnière. En cause : une baisse de lumière naturelle, qu'il est possible de compenser par la luminothérapie. On vous dit tout sur ce soin.
L’hiver arrive, les jours raccourcissent, nous avons déjà perdu une heure de soleil lors du changement d'heure... C'est le début d'une période difficile pour toutes les personnes qui souffrent du manque de lumière et de dépression saisonnière.
Mais des solutions existent : c'est le cas notamment de la luminothérapie, le soin par la lumière. Cette technique n'est pas nouvelle, bien au contraire : Hippocrate, celui qui est considéré comme le père de la médecine, décrivait déjà ses bienfaits pendant l’Antiquité. Et au siècle dernier, un médecin danois, Niels Finsen, a même reçu le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la luminothérapie et ses effets sur le système immunitaire.
Un Français sur quatre souffre de "blues hivernal"
Aujourd’hui, la luminothérapie est LE traitement de référence contre le "blues hivernal", qui touche environ un quart des Français et qui se traduit par une baisse de moral, un repli sur soi, un isolement ou encore une anxiété. Quand les symptômes sont plus forts, on parle de dépression saisonnière qui, elle, concerne 5% de la population.
Pour se débarrasser de ce mal-être, la luminothérapie est une aide précieuse. Plusieurs dispositifs existent, comme des lunettes qui diffusent de la lumière, à porter tous les jours pendant 30 minutes.
Stimuler la production d'hormone du bonheur
Un dispositif original mais qui fonctionne vraiment. La luminothérapie n'est pas qu'un placebo et possède un réel impact sur le fonctionnement de notre cerveau. Effectivement, en portant ces lunettes, vous dupez votre organisme : la lumière est captée par les cellules de la rétine. Elle envoie ensuite un message aux zones profondes du cerveau. La sécrétion de mélatonine, l'hormone de l’obscurité, est inhibée. Tandis que la production de sérotonine, l'hormone du bonheur, est stimulée.
La lumière se dirige aussi directement vers le centre des émotions et permet ainsi de réguler l’humeur. En pratiquant la luminothérapie, vous redonnez le bon tempo à votre organisme et vous chassez la déprime hivernale.
La luminothérapie aussi efficace que les antidépresseurs
Et de nombreuses études scientifiques ont été publiées sur ce sujet. "Sur 400 patients, nous avons montré que la luminothérapie en traitement de première ligne de la dépression saisonnière a la même efficacité que des antidépresseurs" note le Professeur Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre à l'Hôpital Bichat, à Paris, et co-auteur d'une méta-analyse (une synthèse de plusieurs études scientifiques), sur l’efficacité de la luminothérapie.
Selon ces résultats, "cette luminothérapie peut être utilisée seule ou en combinaison avec des antidépresseurs. Et on sait que la combinaison de ces deux stratégies possède une efficacité supérieure à chaque stratégie seule, donc elle est tout à fait intéressante dans les cas sévères de dépression" ajoute le spécialiste.
Comment bien choisir sa lampe de luminothérapie ?
Les effets de la luminothérapie sont donc prouvés, mais comment bien s’en servir et comment s’y retrouver parmi tous les appareils proposés sur le marché ? Sachez déjà que les appareils de luminothérapie à domicile ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, et qu'ils coutent entre 50 et 300 euros en fonction des modèles.
Pour choisir votre appareil, veillez à ce qu’il y ait bien un marquage CE. Ensuite, il est recommandé de choisir une lampe avec une forte intensité, au minimum 10 000 lux, pour pouvoir l'utiliser sur des temps d’exposition pas trop longs.
Attention aux contre-indications
Une fois l'appareil choisi, "allumez la lumière et restez en face de la lumière en gardant les yeux ouverts" explique le Professeur Pierre-Alexis Geoffroy. "Ne regardez pas la lumière directement pour ne pas être ébloui. Exposez-vous environ 30 minutes, tous les jours, à heure régulière, le matin" poursuit-il.
Attention : "si vous avez des pathologies rétiniennes ou un glaucome, parlez-en à votre ophtalmologue pour vérifier l'absence de contre-indications" avertit le psychiatre. "Une autre contre-indication est la cataracte, car la lumière ne parvient pas jusqu'à la rétine, c'est donc inefficace et peut éblouir", ajoute-t-il. Enfin, "l'autre grande contre-indication sont les troubles bipolaires" met-il également en garde.
Dans tous les cas, avant de faire usage de la luminothérapie, n'hésitez pas à en parler à un médecin.