Recrudescence de la gale : comment la reconnaître ?
Contrairement à certaines croyances, la gale n’a pas disparu. Les cas se multiplient et le diagnostic n’est pas toujours facile à établir. Reportage.
Il est devenu le cauchemar de plus en plus de Français.
Le sarcopte, un acarien responsable de la gale, creuse des sillons sous la peau.
Cette maladie se répand dans les écoles et dans les Ehpad. Il suffit d'être en contact avec la peau d'une personne contaminée pour l'attraper.
Prendre un antiparasitaire et laver tout son linge
Paul, 26 ans, a eu trois fois la gale lorsqu’il était étudiant. Les principaux symptômes sont des démangeaisons. "Je me grattais au niveau des mains donc des articulations, surtout entre les doigts. Je me grattais aussi derrière les genoux, ce qui n'est pas un endroit commun pour se gratter. Au début, je n'en souffrais pas trop, mais quand j'ai commencé à me réveiller pour me gratter, là, je dormais beaucoup moins bien, ça a commencé à ajouter du stress", témoigne-t-il.
Beaucoup de stress également pour s’en débarrasser. Paul doit prévenir ses proches pour qu’ils prennent comme lui un médicament antiparasitaire. Dans le même temps, le jeune étudiant lave tout son linge à 60 degrés et désinfecte chaque centimètre de son logement.
"Il faut vraiment imaginer une maison dans laquelle il n'y a vraiment plus rien à l'intérieur, que les meubles et tu n'oses pas, tu ne peux pas t'asseoir sur un canapé. Il y a plein de choses que tu ne peux plus faire. Tu es là en attendant dans ton appartement que le temps passe", poursuit Paul.
La gale peut toucher tout le monde
Souvent associée à un manque d’hygiène, la gale peut en réalité toucher tout le monde. Les préjugés et le manque d’information sur cette maladie ont clairement favorisé l’épidémie au sein de son université.
"Les gens ne savent pas ce que c’est, on connaît juste l’expression « j’ai pas la gale », donc ils ont une mauvaise image. Beaucoup de personnes de l’université n’ont pas dit qu’elles avaient la gale et ont préféré que ça se transmette", confie Paul.
Face à ces épidémies de gale de plus en plus fréquentes, les spécialistes réclament une meilleure information de la population et une formation plus pointue des médecins généralistes à ce sujet.
Mieux diagnostiquer pour mieux traiter
"Le problème, c’est que peu de gens connaissent la gale. Quelqu’un qui se gratte par exemple dans une maison de retraite, on va dire que c'est tout à fait banal", déplore le Pr Olivier Chosidow, dermatologue. "On va lui donner de la cortisone pour calmer le grattage et au bout, d'une, deux semaines, les gens vont recommencer à se gratter et vont faire une forme grave de gale, parce que la cortisone sur la peau va favoriser la sévérité de la gale. Il faut savoir reconnaître, chez quelqu'un qui se gratte ou même parfois qui ne se gratte pas, le diagnostic de gale pour donner le bon traitement", poursuit-il.
Ce dermatologue milite aussi pour un recensement systématique des cas de gale en maison de retraite pour mieux gérer les foyers de l’épidémie. Aujourd’hui Santé Publique France estime que 230 000 personnes seraient touchées chaque année par cette maladie.