Comment éviter les noyades d'enfants ?
Elle n'arrive pas qu'aux autres... Plus de 500 enfants sont victimes de noyade chaque année. On fait le point sur les conseils de prévention pour limiter ces accidents.
"Les parents
ont tous les mêmes mots : c'est la sidération, c'est le choc. Après, vient la
culpabilité, le chagrin et le long chemin de reconstruction. Un accident tient
à très peu de choses, c'est un instant d'inattention : la noyade, c'est un
drame qui se produit en 10 à 20 secondes. Et aucun parent n'est à l'abri d'un instant d'inattention,"
estime Laurence Pérouème, dont le fils de 16 mois s'est noyé en 1996.
Pour lutter contre les accidents de noyade, les Ministères de la santé et des sports ont lancé une campagne intitulée "Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux."
Noyade : toujours le même contexte
Pour Laurence Pérouème, la noyade s'explique toujours par les mêmes circonstances : "C'est un enfant autonome, qui marche, qui est inconscient du danger et dont la capacité exploratoire est sous-estimée. Il y a ensuite une piscine qui est peu ou mal protégée. Enfin, c'est une faille dans la vigilance des adultes. Il y en a toujours une : quand vous croyez qu'il est avec son papa, lorsque la porte reste ouverte... On ne peut pas surveiller son enfant tout le temps. Avec la piscine, nous n'avons pas 10 ou 20 mn mais 15 ou 20 secondes."
D'après les chiffres de Santé publique France, les deux catégories d’âge les plus représentées parmi les noyades accidentelles sont les enfants âgés de moins de six ans (26 %) et les personnes âgées de 65 ans et plus (20 %).
Pour donner du sens à ce qui n'en a pas et protéger les plus vulnérables, Laurence Pérouème a créé son association Sauve-qui-veut. Elle a également travaillé avec Jean-Pierre Raffarin, alors Premier Ministre, sur la loi relative à la sécurité des piscines, votée en janvier 2003.
Une loi nécessaire mais insuffisante devant les 500 enfants noyés chaque année. Améliorer la prévention s'avère incontournable.
Comment prévenir les noyades ?
Prendre conscience de la fréquence des accidents de noyade, qui n'arrivent pas qu'aux autres, est la première étape pour mettre en place des comportements systématiques de prévention.
"Un dispositif de protection permanent et aux normes est indispensable autour des piscines, énumère Laurence Pérouème. C'est important de sensibiliser au danger de l'eau le tout-petit, de faire de l'aisance aquatique pour les enfants de deux ans et demi ou trois ans et de leur apprendre à nager dès que possible, vers quatre ans."
Pour le Pr Michelet, chef du service des urgences à Marseille, l'apprentissage de la natation et l'aisance sont essentiels. Mais ils ont des limites puisque les noyades concernent souvent les enfant de moins de quatre ans, ne savant pas nager.
"Les systèmes de protection sont par essence faillibles, ajoute le médecin. Il faut ouvrir les yeux sur la soudaineté des accidents, donc la vigilance est de mise : ce n'est pas seulement être proche de l'enfant, c'est ne pas le quitter des yeux. Et si on doit faire autre chose, comme préparer le repas, regarder une vidéo, passer un appel, il faut verrouiller les systèmes de protection."
Le Pr Michelet recommande de nommer un adulte en charge de la surveillance, afin d'éviter de croire que l'autre parent ou un autre adulte surveille l'enfant.
"Il ne faut pas confier ce rôle à un grand frère ou une grande sœur, scotché(e) au téléphone," met aussi en garde l'urgentiste.
"Un enfant peut se noyer dans 10 cm d'eau"
"Retirer les jouets autour du bassin est important parce qu'ils peuvent attirer l'enfant ou lui permettre de grimper par-dessus la barrière", conseille également Laurence Pérouème.
Si équiper l'enfant de brassards aux normes diminue les risques, il y a toujours des moments à risque où l'enfant ne les porte pas, comme les jours de pluie, lors de la sieste, etc.
Enfin, "attention aux piscines et baignoires gonflables. Un enfant peut se noyer dans 10 ou 20 cm d'eau et il n'y a pas de dispositifs de protection, complète Laurence Pérouème Quant aux piscines gonflables hors sol, il faut penser à retirer l'échelle."