De la plage à l’assiette : ces germes que vous risquez d'attraper cet été
La noyade n'est pas le seul danger qui plane sur les vacances au bord de l’eau. Des ennemis microscopiques peuvent également gâcher totalement votre été. Voici lesquels.
Près d’un mois avant le début des tant attendus Jeux Olympiques parisiens, toute l’attention se porte sur l’état inquiétant de la Seine. Un fleuve dans lequel devrait également plonger Anne Hidalgo mi-juillet, dans le but de répondre aux "gnagnagna" des "gens sceptiques", vis-à-vis de sa praticabilité pour les Jeux, dixit la maire de Paris.
Des analyses, menées par l’ONG Surfrider Foundation en avril dernier, ont pourtant mis en avant la présence inquiétante de bactéries dangereuses pour la santé dans la Seine, où se dérouleront (hypothétiquement) les épreuves olympiques de nage en eau libre. Mais le fleuve de la capitale n’est pas le seul cours d’eau à représenter un risque pour la santé des amateurs de baignade. Michèle Gourmelon, chercheure en bactériologie et en écologie microbienne à l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) nous liste les menaces bactériologiques qui vous attendent cet été si vous comptez privilégier la baignade à la randonnée.
Des bactéries fécales dans l'eau de mer
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les baigneurs ne sont pas les seuls vacanciers à risquer de développer une maladie infectieuse cet été. Les consommateurs de coquillages sont également particulièrement exposés. En effet, huîtres, moules ou palourdes concentrent "les microorganismes présents dans l’eau naturellement (vibrions, phycotoxines) ou d’origine fécale rejetés en mer par voie hydrique (virus entériques, entérobactéries, protozoaires)", peut-on lire dans une note sur la surveillance des risques biologiques liés à la consommation de coquillages en France, publiée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) en 2012.
"Les toxi-infections liées aux coquillages sont dues aux virus lors des périodes de gastro-entérites hivernales", plus ou moins longues selon les années, mais généralement situées entre décembre et mars, explique Michèle Gourmelon. Les "bactéries d'origine fécale (toute l'année)" ou les "bactéries marines, telles que les vibrions, quand la température de l’eau est suffisante", peuvent être pathogènes et responsables de maladies chez l'humain.
Ces micro-organismes, principalement "issus du tube digestif de l’Homme et des animaux, à l’image des salmonelles, des Campylobacter, de certains Escherichia coli (E. coli) pouvant être pathogènes, ou des virus entériques humains tels que les norovirus" sont connus pour être des "agents responsables d’infections ou de toxi-infections alimentaires", indique la chercheure dans un article sur le sujet publié dans The Conversation.
Coquillages et toxi-infections collectives
Lorsqu'au moins "deux cas d'une symptomatologie similaire, en général gastro-intestinale, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire" sont signalés, on parle de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC), précise Michèle Gourmelon. "En 2022, 4,5 % (74 sur 1636) des TIAC étaient liés à la consommation des coquillages", souligne-t-elle.
En dehors des toxi-infections alimentaires, il est également possible de développer d'autres types d'infections bactériennes ou virales après un séjour prolongé dans l'eau. À l'image de l'otite externe, ou "otite du baigneur". L'eau chaude des lacs ou de la mer peut en effet favoriser le développement d'une infection bactérienne ou mycosique dans le canal auditif et entraîner une inflammation aiguë de l'oreille.
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Le sable, ce nid à bactéries
Ne pensez pas qu'une fois sorti de l'eau, le danger est écarté ! "Les enfants qui creusent le sable peuvent développer un impétigo, une pathologie bactérienne bénigne mais douloureuse et contagieuse, qui se manifeste par l'apparition de vésicules ou de croûtes jaunâtres" souligne la Gazette de l'Infectiologie, dans son édition de juillet 2023.
"Le port d'un maillot de bain et l'utilisation d'une serviette pour s'allonger sont également conseillés pour éviter que des larves – celles de l'ascaris ou encore de l'ankylostome – ne pénètrent sous la peau et provoquent localement d'intenses démangeaisons", peut-on également lire. Enfin, "éviter le contact direct des parties intimes avec le sable permet, par ailleurs, de prévenir les mycoses vaginales et les érythèmes fessiers". Et, accessoirement, d'éviter d'intenses démangeaisons intimes au retour de la plage !