Le mercure dentaire est-il dangereux pour la santé ?
Le mercure dentaire - présent dans les plombages ou "amalgames" - serait dangereux pour la santé selon plusieurs associations. Les dentistes démentent.
A la veille de la tenue du troisième round des négociations internationales sur le mercure (NC3), à Nairobi, du 31 octobre au 4 novembre 2011, sous l'égide du Programme des Nations unies sur l'environnement, plusieurs associations tirent la sonnette d’alarme concernant l’usage du mercure dentaire en France.
Le mercure dentaire - présent dans 70 % des plombages de molaires ou prémolaires - ferait courir des risques graves à la santé et constituerait un "nouvel exemple de dysfonctionnement de la sécurité sanitaire", selon plusieurs associations (Non au mercure dentaire, Réseau Environnement-Santé, Association Toxicologie-Chimie).
Les amalgames contiennent 50 % de mercure, et on met chaque année "plus de 17 tonnes de mercure dans la bouche des Français", dénonce Marie Grosman, de "Non au mercure dentaire". Selon cette militante "des centaines d'études scientifiques" incriminent le mercure dentaire.
"Le mercure dentaire est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique), explique le toxico-chimiste André Picot. Il est aussi toxique pour les systèmes nerveux, immunitaire et hormonal". Selon ce scientifique, il s'amasse toute la vie dans le cerveau, dans les glandes endocrines, et dans le système cardio-vasculaire...
Pour les dentistes, ces risques sont virtuels. "Il n'y a jamais eu de preuve scientifique que c'est dangereux pour la santé", assure le Dr Roland L'Herron, président de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD). Dans un communiqué, le CNSD rappelle que "l’amalgame dentaire - mélange de mercure et d’alliages à base d’argent - est utilisé depuis plus d’un siècle", qu’à ce jour "aucun incident n’a été rapporté" et qu’il "reste un des meilleurs matériaux d’obturation".
Pourtant, le Conseil de l'Europe a adopté en mai 2011 une résolution invitant à "la restriction, voire l'interdiction des amalgames comme matériaux d'obturation dentaire". L'Organisation mondiale de la santé suggère elle aussi l'utilisation de matériaux alternatifs.
Ces recommandations ont été suivies dans certains pays comme la Norvège, la Suède et le Danemark où l'amalgame dentaire est interdit. "C'est seulement pour des raisons environnementales, pour éviter les rejets de mercure, très polluants", justifie le Dr Roland L'Herron.
Marie Grosman de l’association "Non au mercure dentaire", estime elle que la France reste dans une position "isolée et incohérente". Selon elle, le plan national Santé-Environnement 2 demande une réduction de l'exposition au mercure de la population de 30 % d'ici 2013, mais la France est le "seul pays qui s'est officiellement opposé à l'arrêt des amalgames dans l'Union européenne".
Selon les associations, les produits de remplacement, à base de verre dit ionomère, ont "fait leurs preuves". Ces produits substitutifs permettent d'enlever moins de dent et sont aussi bien remboursés que les amalgames. Mais ils sont plus compliqués à poser, et selon les dentistes, ils sont "moins résistants à l'abrasion et très sensibles à l'humidité".
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