Bulletin de santé du 28 juillet 2011
La fin annoncée de l’épidémie E. Coli, un remède miracle contre l’alcoolisme au banc d’essai, ou encore la "chasse" aux conflits d’intérêt du ministre de la Santé, voici l’actualité santé de ce jeudi 28 juillet 2011.
L’Allemagne annonce la fin de l’épidémie E.coli
Après trois semaines sans nouvelles contaminations, les autorités allemandes ont déclaré la fin de l’épidémie qui a fait une soixantaine de victimes et près de 4400 malades en Europe et Amérique du Nord. "La plus importante épidémie d' E. Coli survenue en Allemagne est maintenant terminée", a déclaré Reinhard Burger, président de l'institut Robert Koch, l'Agence fédérale allemande de contrôle des maladies. Toutefois, même si l’épidémie est désormais terminée, les autorités allemandes, et françaises, restent en alerte.
Les médecins sont appelés à signaler tout nouveau cas de diarrhée sanglante suspect tandis que les conseils aux consommateurs demeurent : ne pas faire germer de graine soi-même et cuire les germes ou graines germées avant de les manger.
Alcoolisme : Le baclofène au banc d’essai
Le baclofène, simple décontractant musculaire, peut-il stopper durablement l’alcoolisme chez les patients qui en sont atteints ? C’est pour tenter d’y répondre avec certitudes qu’un essai clinique, piloté par le professeur Philippe Jaury, à la faculté de médecine Paris-Descartes, verra le jour dès septembre 2011.
Depuis la parution du livre Le dernier verre (2008), témoignage écrit par le Pr. Olivier Amesein, médecin cardiologue, dans lequel il explique comment il s’est sorti de l’alcoolisme grâce au baclofène, le médicament aurait été prescrit sous le manteau à plusieurs milliers de patients alcooliques. Hors le myorelaxant ne bénéficie à ce jour d’aucune autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter l’alcoolisme. En attente de l’étude, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a publié une mise en garde aux utilisateurs de baclofène, estimant "qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques de l’efficacité du médicament contre l’alcoolisme" et "qu’ils ne connaissaient pas les effets secondaires de cette molécule aux doses où elle est prise contre l’addiction à l’alcool".
Loi sur le médicament : Xavier Bertrand annonce plus de transparence
"Il faut clairement qu’il y ait un avant et un après Mediator®", a déclaré le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, jeudi 28 juillet 2011, alors que son projet de loi sur le médicament doit être présenté lundi en Conseil des ministres.
La question épineuse des conflits d’intérêts devrait être le nerf de la future guerre menée contre les lobbies pharmaceutiques par le gouvernement : "toutes les sommes versées par les laboratoires seront maintenant déclarées", a déclaré M. Bertrand.
Cocaïne, au cœur du danger
La banalisation de la cocaïne ne fait plus aucun doute. Aujourd’hui, on estime que 13 millions d’Européens ont déjà consommé de la cocaïne à un moment ou à un autre de leur vie. Pourtant, elle est la drogue la plus dangereuse sur le plan cardiovasculaire. Cette drogue "dure" est associée à l’hypertension artérielle, à l’arythmie, à l’œdème du poumon, à la mort subite et surtout à l’infarctus du myocarde (Syndrome Coronaire Aigu ou SCA).
Une équipe de chercheurs espagnols a repris les données de 2 752 patients admis entre 2001 et 2008 pour SCA dans leur service. Elle s’est concentrée sur les 479 patients âgés de moins de 50 ans.
La prévalence des SCA secondaires à une prise de cocaïne est passée de 6,8 % en 2001 à 21,7 % en 2008. Le quart des patients de moins de 30 ans étaient positifs à la cocaïne la dernière année contre 5,5 % pour les 45-50 ans. Les SCA secondaires à la drogue ont été responsables d’infarctus de taille plus importante, et d’une mortalité hospitalière très supérieure.
Cette étude démontre que le nombre d’infarctus du myocarde sur les patients ayant consommé de la cocaïne est en forte augmentation. Une statistique d’autant plus préoccupante que leur pronostic est plus sombre.
Selon un baromètre santé daté de 2010, la cocaïne serait la deuxième drogue illicite la plus consommée en France après le cannabis.
Téléphone portable, les risques de tumeurs contestés
Alors que l’Organisation mondiale de la santé concluait récemment que les téléphones cellulaires pouvaient être "possiblement cancérigènes pour les humains", une énième étude cas-témoins, publiée dans le Journal of the National Cancer Institute, relance le débat sur le lien entre l’utilisation des téléphones portables et le risque de tumeurs cérébrales. Réalisée pour la première fois chez les enfants et les adolescents, l’étude montre que les utilisateurs réguliers n’ont pas plus de risque que les autres.
L’étude de Denis Aydin et coll, nommée CEFALO, a été menée sur une population de 1000 individus, présentant des tumeurs cérébrales ou non. La comparaison d'une population présentant des tumeurs cérébrales, et d'une population saine, a révélé que la fréquence d'utilisation du téléphone cellulaire ne permettait pas de classer ces populations en deux groupes distincts. De nombreux malade ont une utilisation très limitée du téléphone, tandis que certains non-malades en font une utilisation intensive.
La localisation du téléphone sur un unique côté de la tête semble n’avoir pas non plus d’influence significative, malgré le fait que les radiations se concentrent à l’endroit où l’objet est tenu. "Le risque de tumeur cérébrale parmi les utilisateurs qui appliquent leur téléphone d’un seul côté n’est pas plus grande que celle des utilisateurs qui portent leur mobile des deux côtés", relèvent les auteurs.
Si ces résultats se veulent rassurant, ils ne peuvent pas faire office de prophétie. "Nous ne pouvons pas éliminer la possibilité que le portable n’ait pas une minime influence dans l’augmentation des risques, et nous soulignons l’importance de futures études", ont d’ailleurs indiqué les auteurs de l’étude.
Industrie alimentaire : Bruxelles fait le ménage
"Réduit le taux de cholestérol", "solidifie les os", "facilite la circulation sanguine" : ces promesses et tant d’autres ont fleuri sur les étiquettes des denrées alimentaires commercialisées dans l'Union européenne ces dernières années. 2 000 allégations de santé comme celles-ci ont été jugées comme étant "mensongères" ou "trompeuses" par la Commission européenne réunie à Bruxelles ce jeudi 28 juillet 2011. En conséquence, l'industrie alimentaire devra procéder à un grand ménage dans ses étiquettes et faire disparaître les étiquettes non validées de certains emballages et aliments.
L'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA, en anglais) a été chargée de rendre un avis scientifique sur ces assertions. Elle a achevé l'exercice jeudi 28 juillet 2011 et le verdict est sévère : sur les 2 760 allégations nutritionnelles étudiées, 510 seulement se sont avérées scientifiquement prouvées. L'analyse n'a pas porté sur les produits mais sur leurs composantes dont les bienfaits sont vantés.
La Commission européenne va préparer un projet de règlement sur la base des avis de l'EFSA. Elle va le soumettre aux Etats et espère une décision en 2012.
Une fois le règlement adopté, les industriels auront six mois pour retirer des étiquettes les allégations de santé non validées.
Cette étude ne concernait pas les 1 500 allégations de santé liées aux plantes, qui seront examinées ultérieurement par l’EFSA.
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