Nanisme : un traitement pour rétablir la croissance osseuse ?
La forme la plus commune de nanisme, l'achondroplasie, est causée par une mutation génétique qui entraîne un développement osseux anormal. Alors que tous les traitements basés sur l'injection d'hormones de croissance s'avèrent inefficaces, des chercheurs de l'Inserm viennent de démontrer, chez la souris, l'efficacité d'un tout nouveau protocole. Leurs travaux font l'objet d'un article, publié le 18 septembre 2013, dans la revue Science Translational Medicine.
Le développement de l'ossature, chez de nombreux mammifères, est régulé par l'action d'une protéine du nom de FGF. Celle ci, en se fixant sur les récepteurs de certaines cellules souches, interrompt leur différenciation en cellules du cartilage.
En temps normal, la protéine FGF se détache rapidement de son récepteur. Dans le cas de l'achondroplasie, du fait d'une mutation génétique qui modifie la structure du récepteur, la protéine y reste fixée beaucoup plus longtemps. La production des cellules cartilagineuses est durablement inhibée et, en conséquence, la croissance des os fortement réduite.
Fort de ces connaissances, une équipe de l'Inserm de Nice a expérimenté sur des souris atteintes d'achondroplasie une thérapie basée sur l'injection de molécules réceptrices de FGF dans l'organisme.
Ces récepteurs additionnels, parfaitement fonctionnels, parviennent à capter les protéines FGF émise par l'organisme. De fait, les FGF se déposent en bien moindre proportion sur les récepteurs présentant la mutation génétique. Au cours de trois semaines d’expérimentation, durant lesquelles les souris ont reçu en tout et pour tout six "injections de récepteurs", les chercheurs de l'Inserm ont constaté la reprise de leur croissance osseuse. Huit mois après l'arrêt du traitement, aucun signe de toxicité n'avait été observé.
L'achondroplasie pouvant s'accompagner, dans les cas les plus graves, de déformations graves du crâne et des vertèbres (avec des conséquences neurologiques et orthopédiques très importantes), la poursuite des recherches dans la perspective d'une application à l'homme apparaît une priorité absolue aux chercheurs.
"Le produit que nous avons testé dispose d'atouts majeurs par rapport à ceux testés dans d’autres études en cours", observe Elvire Gouze, coordinatrice de l’étude, dans un communiqué du CNRS. "Sa durée de vie dans l'organisme est suffisamment longue pour ne pas nécessiter d'injections quotidiennes." Les chercheurs vont désormais s'attacher à vérifier l'absence d'effets toxiques à long terme, ainsi qu'à déterminer la dose minimale pour laquelle le traitement serait efficace.
Source : Postnatal Soluble FGFR3 Therapy Rescues Achondroplasia Symptoms and Restores Bone Growth in Mice., Elvire Gouze et al. Science Translational Medicine, 18 septembre 2013 doi:10.1126/scitranslmed.3006247
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L'achondroplasie est un trouble génétique de la croissance qui touche environ 1 enfant sur 15.000 naissances.