L'eau du robinet polluée pour près de trois millions de consommateurs
La très grande majorité des Français peuvent boire sans crainte l'eau du robinet. Mais pour près de trois millions de Français, habitants principalement dans des zones rurales, cette eau est polluée par des pesticides, des nitrates ou du plomb, selon une récente étude de l'UFC-Que Choisir.
Sur la base des données du ministère de la Santé, 95,6% des consommateurs bénéficient d'une eau qui "respecte haut la main la totalité des limites réglementaires et ce tout au long de l'année", souligne l'UFC Que-Choisir dans une étude publiée le 26 janvier 2017. Mais 2,8 millions d'habitants, essentiellement situés dans des petites communes rurales, la situation n'est pas aussi rassurante. En effet, ces derniers "reçoivent une eau non conforme", ajoute cette association de consommateurs. En cause : les pollutions agricoles par les pesticides et les nitrates.
- L'agricuture intensive, première pollueuse
Les pesticides arrivent en tête de ce palmarès peu glorieux. Ils contaminent l'eau de deux millions de consommateurs, princiaplement dans les régions rurales d'agricuture intensive. "Les molécules retrouvées sont essentiellement des herbicides", comme l'atrazine, un herbicide "désormais interdit mais (...) particulièrement rémanent dans l'environnement", précise l'UFC.
Dans le Loiret, la Seine-et-Marne, l'Yonne, l'Aube, la Marne, le Pas-de-Calais ou la Somme ce sont les nitrates qui polluent l'eau de près de 200.00 habitants indique l'association de consommateurs.
Cette dernière pointe un troisième type de pollution: celle des "contaminations bactériennes dues aux défauts de surveillance ou à la vétusté des installations". Elles concernent 200.000 personnes principalement dans des petites communes montagnardes (Alpes, Massif central, Pyrénées).
L'UFC alerte aussi sur la présence de "composants toxiques" dans les canalisations des logements: du plomb, du nickel ou du chlorure de vinyle, "relargués par des canalisations vétustes ou corrodées". Selon l'assocation, cette pollution est mal mesurée du fait "d'un très faible nombre de prélèvements" qui "ne permettent pas de connaître l'exposition réelle des consommateurs".
- Appliquer le principe du "pollueur-payeur"
L'ONG juge les différentes pollutions de l'eau du robinet "d'autant moins acceptables que l'alerte est donnée depuis longtemps et que les bons remèdes ne sont toujours pas appliqués".
Si l'eau du robinet est presque partout conforme aux normes, "ce n'est pas parce que l'agriculture aurait amendé ses pratiques" mais à cause d'une "coûteuse dépollution financée à 87% par les consommateurs et seulement à 6% par les agriculteurs", affirme l'UFC.
L'association réclame l'application du principe "pollueur-payeur" notamment par une augmentation de la taxation des pesticides, "un audit national" des composants toxiques des canalisations et une aide aux particuliers pour remplacer leurs canalisations en cas de pollution au plomb.
Les consommateurs peuvent se renseigner sur la qualité de l'eau de leur robinet en consultant une carte interactive sur le site de l'association.