Des images virtuelles pour soigner les tocs
Pour soigner des patients souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), une équipe de l'Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière et de l'AP-HP expérimente un nouveau mode de thérapie : la réalité virtuelle. Un programme qui est pour le moment mené sur une seule patiente qui souhaite rester anonyme.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont des maladies souvent très handicapantes. Dans de nombreuses thérapies cognitives et comportementales, le thérapeute amène le patient à confronter ses angoisses soit par l'imagination, soit en situation réelle. Mais ces expériences in vivo sont souvent trop violentes pour les patients qui souffrent de TOC sévères. Une équipe de l'Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière et de l'AP-HP a donc décidé d'expérimenter la réalité virtuelle.
Lors d'une séance, le patient est obligé de virtuellement s'exposer à ses angoisses sans pouvoir effectuer les rituels qui lui permettent habituellement de les canaliser : "Le but de la réalité virtuelle, c'est de faire un tremplin vers l'exposition in vivo en amenant les conditions anxiogènes du sujet, dans son environnement, dans le bureau du soignant et de l'exposer à ces situations par le biais de la réalité virtuelle", explique Nabil Benzina, interne de psychiatrie et doctorant en neurosciences.
Le soignant évalue l'état du patient pendant la séance, il enregistre aussi sa conductance cutanée, c'est-à-dire une mesure électrique à la surface de sa peau qui donne une indication sur son état émotionnel. Les séances durent environ une heure, elles sont donc longues et parfois désagréables. En fin de séance, un point est réalisé avec le patient pour évaluer son ressenti.
Le patient peut visionner plusieurs fois le même scénario jusqu'à ce qu'il arrive à le vivre sans trop d'angoisse. En tout, ce programme pilote de thérapie par réalité virtuelle s'étend sur un mois et demi, à raison de deux séances par semaine.