Bientôt un vaccin contre la maladie de Lyme : que contient-il ?
Une équipe de chercheurs est sur le point de mettre au point un vaccin ciblant le microbiote des tiques. Grâce à une technologie innovante, il pourrait diminuer le risque d'infection par la bactérie responsable de la maladie de Lyme.
En juin 2020, alors que la France traverse une vague importante de Covid, Alexandra décide de se confiner dans sa maison de campagne, en Auvergne. Mais un parasite s’invite dans ce décor idyllique.
“J’ai eu la bonne idée d’aller dans le pré chercher des orties pour faire une soupe, quand je suis revenue, je me suis rendue compte que j’avais sur l’épaule une petite chose noire, que j’ai identifiée comme une tique”, confie Alexandra.
Cette tique, venue se nourrir de son sang, lui injecte en souvenir une bactérie. Mais ce n’est que deux mois plus tard, qu’Alexandra ressent d’importants symptômes.
50 000 cas chaque année en France
"Les symptômes les plus embêtants, c’était vraiment l’impression d’être fatiguée du matin au soir, de ne plus pouvoir me concentrer sur une activité d’écriture ou de lecture. J'avais des fourmillements dans les jambes, je me suis mise aussi à tout laisser tomber, sans aucune raison particulière de manière complètement inhabituelle évidemment”, explique Alexandra.
En novembre 2020, des analyses révèlent qu’Alexandra souffre de la maladie de Lyme. Chaque année en France, près de 50 000 nouveaux cas de cette maladie transmise par des tiques infectées seraient signalés.
Perturber le microbiote des tiques
Dans un laboratoire de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), une équipe de chercheurs pourrait bien avoir trouvé un vaccin révolutionnaire. Depuis trois ans, ils étudient des centaines de tiques, ainsi que la bactérie responsable de la maladie de Lyme, la bactérie Borrelia.
"La bactérie Borrelia interagit avec le microbiote de la tique, et le microbiote de la tique aide la bactérie Borrelia à se développer dans la tique”, explique Alejandro Cabezas, chercheur INRAE.
Pour freiner le développement de la bactérie Borrelia, les chercheurs ont trouvé une autre bactérie capable de perturber le microbiote de la tique."Ce qu’on a découvert ici, c’est que la bactérie Escherichia Coli est un élément important du microbiote de la tique, et dans notre recherche, on utilise cette bactérie pour vacciner les animaux”, poursuit-il.
Des bactéries inoffensives dans le vaccin
Ce vaccin anti-microbiote contenant la bactérie Escherichia coli (E. coli) a été administré à des souris. Le but de cette injection est d’induire dans la souris la production d'anticorps anti E.Coli. Les chercheurs ont ensuite laissé les tiques se nourrir du sang des souris vaccinées.
"Pendant leur repas de sang, les tiques vont récupérer les anticorps anti E.Coli, qui vont perturber le microbiote de la tique et donc empêcher Borrelia de s'installer correctement dans le microbiote. La prochaine fois que la tique va se nourrir sur un animal ou sur un être humain, elle ne pourra pas transmettre Borrelia ni la maladie de Lyme", conclut Apolline Maitre, doctorante, biologie moléculaire et immunologie parasitaire.
Les résultats de l’étude sont prometteurs, mais il faudra encore une dizaine d’années de recherche avant de pouvoir tester ces premiers vaccins chez l’humain.