Maladie de Lyme : des recommandations pour éviter l’errance diagnostique

La HAS a reconnu l’existence de symptômes "persistants et non expliqués" chez des patients qui pensent souffrir de la maladie de Lyme.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Cédric Grouchka, de la HAS, était l'invité du Magazine de la santé ce 20 juin.
Cédric Grouchka, de la HAS, était l'invité du Magazine de la santé ce 20 juin.

Dans le langage courant, la « maladie de Lyme » est devenue "une expression fourre-tout, recouvrant des situations cliniques très différentes, pour lesquelles les niveaux de connaissances médicales sont très hétérogènes", explique la Haute autorité de santé dans un document présenté ce 20 juin.

Beaucoup de patients dont l’état de santé se détériore suite à une morsure de tique se convainquent qu’ils ont développé une borréliose de Lyme… alors que d’autres scénarios sont possibles. En effet "moins de 1% des morsures de tiques entraînent une infection par la bactérie Borrelia", rappelle Cédric Grouchka membre du collège de la HAS.

Le texte explique que les critères permettant de diagnostiquer une vraie infection par la bactérie Borrelia sont désormais bien définis, aux différents stades de l’évolution de la maladie. Mais les patients, ainsi que leurs médecins, ne doivent pas écarter l’hypothèse d’autres maladies dont la tique et le vecteur : les rickettsioses (qui se manifestent par un tâche noire sur la peau et s’accompagnent de fièvres, maux de tête, douleurs musculaires), la tularémie (avec état grippal et ulcération au niveau de la piqûre), la babésiose (fièvres, maux de tête et douleurs), l’anaplasmose granulocytaire (avec douleurs articulaires et des fièvres), etc.

"Sur ces deux situations, […] les choses sont claires et cadrées", insiste sur le plateau du Magazine de la santé Cédric Grouchka, de la HAS. Vulgariser l’existence de ces autres maladies transmises par les tiques doit permettre de réduire un certain nombre de retards diagnostics.

Une troisième hypothèse au cœur de tous les débats

Le texte présenté par la HAS présente une troisième hypothèse, dont la formulation ne fait pas consensus entre les contributeurs du rapport – une partie d'entre eux refusant de le signer "en l'état".

"Certaines personnes ayant été potentiellement exposées aux tiques présentent des signes cliniques polymorphes, persistants, généralement diffus, non expliqués, pouvant être invalidants", peut-on lire dans le document, qui propose de regrouper l'ensemble de ces cas difficiles à classer – et qui s’avèrent parfois sans lien avec les tiques – sous le terme générique "SPPT", pour "symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique".

Prendre les patients "au sérieux"

Sur le plateau du Magazine de la santé, Cédric Grouchka explique ainsi la position actuelle de la HAS : "Notre recommandation dit pour la première fois à ces patients : on ne sait pas vraiment ce que vous avez, mais on va chercher à le savoir. Et surtout, on vous prend en charge tout de suite, et on va vous soulager", résume-t-il. "Ces patients, il faut les prendre en charge, il faut les écouter, et les prendre au sérieux." Selon lui, dans près de 90% des cas, on finit par identifier la pathologie des patients (sclérose en plaques, maladies rhumatologiques, etc.)

Mais "pour les 10% des cas pour lesquels on ne trouve rien", la HAS recommande désormais "de faire un traitement [antibiotique] d’un maximum de 28 jours", poursuit Cédric Grouchka. "Et si ce traitement n’est pas efficace, on arrête tout, et on [entre] dans des protocoles de recherches".

L’objectif affiché est d’éviter désormais que des patients convaincus à tort d’être victime d’une borréliose ne recourent à des tests et des traitements inadaptés, non validés, "et potentiellement à risque d’effets secondaires" – notamment de dangereux traitements antibiotiques au long cours. "À partir d’aujourd’hui, tout ce qui est dans nos recommandations doit être remboursé. Le médecin conseil a tout à fait la possibilité de mettre ses patients en Affection de Longue Durée à 100%."

la rédaction d’Allodocteurs.fr