Syndrome de l'intestin irritable : un trouble encore mal connu

Un tiers des consultations chez les gastro-entérologues sont dues au syndrome de l'intestin irritable. Comment faire le diagnostic ? Existe-t-il des traitements efficaces ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Comment avoir un bon microbiote quand on a le syndrome de l'intestin irritable ?
Comment avoir un bon microbiote quand on a le syndrome de l'intestin irritable ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

C'est une maladie qui a changé de nom plusieurs fois : "colopathie fonctionnelle", "syndrome du côlon irritable", et aujourd'hui syndrome de l'intestin irritable. Différentes appellations pour une pathologie que l'on a encore du mal à comprendre et qui pourtant concernerait 10 à 20% de la population. 

Qu'est-ce que le syndrome du côlon irritable ?

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent le syndrome du côlon irritable.
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent le syndrome du côlon irritable.

Dans le syndrome de l'intestin irritable, l'intestin devient en quelque sorte hypersensible et présente une activité irrégulière au niveau de sa paroi.

Quand les fibres musculaires se contractent, elles permettent la progression des aliments. Dans ce syndrome, il arrive qu'à certains moments, ces fibres musculaires se contractent et se relâchent trop rapidement. L'intestin n'a alors plus assez de temps pour réabsorber l'eau contenue dans les aliments, ce qui entraîne des diarrhées. À d'autres moments, les contractions sont au contraire plus lentes ou plus faibles que la normale, ce qui entraîne alors une constipation.

Cette irrégularité dans l'activité intestinale provoque aussi une accumulation de gaz et des ballonnements. L'intestin est plus distendu, notamment au niveau du rectum. Il peut aussi y avoir des crampes ainsi que des douleurs abdominales.

Les causes du syndrome de l'intestin irritable ne sont pas connues. Les hypothèses les plus probables sont une irritabilité du système nerveux qui contrôle les contractions des intestins et aussi un problème de flore intestinale.

Le diagnostic du syndrome de l'intestin irritable

Plusieurs critères diagnostiques existent pour déterminer l'existence d'un syndrome de l'intestin irritable : 

- Début des symptômes au moins six mois avant le diagnostic 
- Douleur abdominale ou inconfort digestif (sensation abdominale désagréable non douloureuse) survenant au moins trois jours par mois durant les trois derniers mois
- Associés avec au moins deux des trois critères suivants : 

  •   Amélioration par la défécation
  • Survenue associée à une modification de la fréquence des selles 
  • Survenue associée à une modification de la consistance des selles 

Mieux comprendre le syndrome du côlon irritable

Plusieurs équipes de chercheurs s'intéressent au syndrome de l'intestin irritable.
Plusieurs équipes de chercheurs s'intéressent au syndrome de l'intestin irritable.

Le diagnostic du syndrome du côlon irritable se fait par élimination. Quand on n'arrive pas à trouver d'autres maladies organiques graves comme le cancer du côlon, le cancer digestif ou des maladies inflammatoires, grâce à la coloscopie, on parle alors du syndrome de l'intestin irritable.

Le diagnostic est très important car jusqu'à présent on traitait ces maladies comme des problèmes fonctionnels. Et les malades étaient considérés comme psychologiquement "fragiles". Mais on sait aujourd'hui que le syndrome du côlon irritable est une maladie à part entière, il ne s'agit pas d'une vue de l'esprit.

La moitié des patients se déclarent stressés et constatent que les symptômes s'aggravent durant les périodes de stress, ou au contraire s'amendent durant les vacances. le stress est donc considéré comme un facteur favorisant les crises.

Plusieurs équipes de chercheurs s'intéressent au syndrome de l'intestin irritable. On espère mieux comprendre les mécanismes dans les années à venir. Pour le moment, on ne sait pas beaucoup de choses sur le syndrome de l'intestin irritable. Un premier objectif est de mieux comprendre les populations de bactéries qui nous permettent de digérer. Les traitements de "probiotiques" améliorent la flore intestinale. Un deuxième objectif est de comprendre la perméabilité intestinale, c'est-à-dire la qualité de la membrane de l'intestin, la barrière épithéliale, très sélective entre les aliments et notre corps.

Syndrome du côlon irritable : les traitements

Le syndrome de l'intestin irritable n'est pas dangereux pour la santé. Il est donc important de sortir de la culpabilisation, d'écarter l'idée d'une maladie psychologique ou d'une mauvaise alimentation. Il faut trouver des traitements et aider les patients atteints du syndrome du côlon irritable.

On peut imaginer une prédisposition familiale à ce trouble. Les malades sont souvent des personnes qui ont eu des épisodes infectieux, des gastro-entérites qui auraient dégradé le microbiote intestinale. Le syndrome du côlon irritable est un trouble difficile à mesurer car il y a une modification de la sensibilité viscérale, le seuil des douleurs que nous ressentons. Les malades sont souvent hypersensibles des intestins.

Pour aider les patients atteints du syndrome de l'intestin irritable, il convient donc d'intervenir au niveau de la motricité du tube digestif, de calmer les spasmes et la sensibilité viscérale. Le traitement des douleurs repose sur les antispasmodiques (ou en cas d'inefficacité, certains antidépresseurs) ; celui de la constipation sur des laxatifs (doux, pour un usage à long terme) et une diététique adaptée, avec 1 à à 15 grammes de fibres. Les diarrhées sont traitées par la diététiques et des ralentisseurs du transit, tandis que les flatulences nécessitent de réduire les aliments qui fermentent, comme les haricots, les lentilles, les légumes secs (réduire les FOODMAP peut aider mais est difficilement tenable sur le long terme).

Le linaclotide, premier traitement du syndrome, a longtemps été attendu en France mais n'a toujours pas l'autorisation de mise sur le marché en 2024.

Les médecins conseillent aujourd'hui à leurs patients d'avoir recours à des "probiotiques" qui modifient le microbiote, mais ils n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité par des études scientifiques sérieuses. D'autres stratégies comme l'hypnose, la phytothérapie, le thermalisme, l'acupuncture peuvent avoir des effets positifs pour certaines personnes.

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Pour en savoir plus : découvrez le livre de Marina Carrère d'Encausse, Allo Docteurs - En finir avec les troubles digestifs