Faut-il dérembourser les traitements de l'arthrose ?

A la lumière de nombreuses études scientifiques, la Haute Autorité de Santé avait conclu début juillet 2013 à la très faible efficacité des principaux traitements de l’arthrose. Face à l’absence d’alternative thérapeutique sur le marché, l’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR) a diffusé le 13 novembre 2013 une pétition et une lettre ouverte au président de la République demandant à ce que les traitements actuels ne soient par déremboursés.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le

Début juillet 2013, la Haute Autorité de Santé (HAS) achevait sa réévaluation du bénéfice des seuls médicaments disponibles sur le marché pour traiter l’arthrose sur le long terme (les "anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente", ou AASAL). Après une revue détaillée de la littérature scientifique, il apparaissait que ces AASAL n’avaient pas beaucoup plus d’effet sur la douleur ou sur la fonction articulaire qu’un placebo.

"La quantité d’effet observée est faible et de pertinence clinique discutable", notait la HAS, observant que les effets indésirables – diarrhées, allergies cutanées, atteintes hépatites – associés à ces médicaments n’était pas anodins.

Le service médical rendu par les AASAL étant insuffisant, l’intérêt de son remboursement par la collectivité est désormais vivement discuté. Depuis juillet, l’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR), qui représente les patients français souffrant d’arthrose, appelle le gouvernement à ne pas dérembourser ces médicaments. Ses appels étant restés sans réponse, l’AFLAR a fait diffuser une lettre ouverte au président de la République dans de nombreux journaux, le 13 novembre 2013.

L’AFLAR ne conteste pas que les AASAL aient un service médical rendu insuffisant. Le problème, selon l’association, est "[que] leur déremboursement, sans aucune autre alternative médicamenteuse pour le traitement de fond, entraînera un report massif vers la prescription prolongée de médicaments de substitutions". En ligne de mire : les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, qui possèdent des effets indésirables beaucoup plus importants (toxicité gastrique, rénale, hépatique et cardio-vasculaire).

L’AFLAR craint donc que ce report entraîne "plusieurs milliers de cas graves et de décès". Le déremboursement des AASAL, qui doit permettre d'économiser 26 millions d’euros, "[devrait] au contraire générer un coût supplémentaire pour l’Assurance Maladie".

Injections d'acide hyaluronique

"Un autre traitement risque également de ne plus être pris en charge", note l’AFLAR : les injections d’acide hyaluronique qui, à ce jour, sont remboursées "à raison d’un traitement par an et par genou".

"On estime que [ces injections permettent] d’épargner 19 000 prothèses de genou sur 2,7 ans (coût total d’une prothèse estimée à plus de 11 900 euros)" argumente l’AFLAR, se référant à une récente étude scientifique d’envergure. "Là encore, l’économie réalisée grâce aux déremboursements, ne compensera pas le surcoût occasionné par la chirurgie."

Parallèlement à la publication de cette lettre ouverte, l’AFLAR diffuse une pétition, soucieuse de démontrer aux pouvoirs publics qu’elle porte bien la voix et l’inquiétude des patients.

 

En savoir plus

Site de l'AFLAR :

Sur Allodocteurs.fr :

Plus de 10 millions de personnes, soit 17% de la population française souffrent à des degrés divers d'arthrose, une pathologie qui résulte de la dégradation du cartilage des os au niveau des articulations de la colonne vertébrale, des doigts, du genou ou de la hanche. Peu de traitements existent à l'heure actuelle, à l'exception de traitements symptomatiques pour soulager la douleur.