Un test pour détecter Alzheimer 20 ans avant les premiers symptômes ?
Une équipe de chercheurs américains présente un test sanguin qui permettrait d’identifier les prémices de la maladie d’Alzheimer, bien avant qu'elle ne se déclare.
« C’est une découverte intéressante pour les futurs essais cliniques de prévention de la maladie d’Alzheimer », estime le Pr Jacques Hugon, neurologue au Centre de Neurologie Cognitive de l’Hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP). Le test sanguin présenté dans la revue Neurology par ses confrères américains serait capable d’identifier le tout début des dérèglements qui provoquent cette pathologie.
Une simple prise de sang
Ce test mesure la quantité d’une forme toxique de la protéine amyloïde. Ses dépôts anormaux dans le cerveau sont associés au développement de la maladie d’Alzheimer. Ainsi « stockée » au niveau des neurones, la protéine devient moins présente dans la circulation sanguine : un taux faible serait donc le signe des prémices de la maladie.
L’équipe de Randall Bateman, de l’Université du Missouri, l’a mesuré sur 158 personnes âgées de plus de 50 ans dont seuls 10 souffraient de troubles cognitifs. En même temps que la prise de sang, ces personnes ont passé un TEP-Scan qui permet de détecter la présence de « plaques amyloïdes » dans le cerveau.
Un test efficace dans 94% des cas
Les chercheurs ont d’abord eu le sentiment d’un échec car les résultats sanguins « inquiétants » n’étaient pas souvent confirmés par le TEP-Scan simultané... mais ce fut presque neuf fois sur dix le cas avec l’examen réalisé quatre ans plus tard ! Autrement dit, le test avait permis de mettre au jour une anomalie bien avant qu’elle ne soit visible par l’imagerie.
Et si elle est associée à l’âge et à la présence d’un marqueur de risque génétique connu, la prise de sang permettrait même de repérer 94% des patients initiant la pathologie. « Cela pourrait bientôt faciliter la recherche contre la maladie d’Alzheimer », poursuit le Pr Hugon. Car toute la difficulté est aujourd’hui d’inclure dans les essais thérapeutiques des personnes à des stades précoces, tant que le médicament a une chance d’être efficace, de stopper l'évolution de la maladie. Jusqu’à présent, la sélection des patients commence forcément par le TEP-Scan, difficile d’accès, et plus tardif dans l’identification de la neurodégénérescence.
"Nous ne devrons pas paniquer les patients concernés"
« Ce type d’examen sera beaucoup moins cher qu’un TEP-Scan, qui coûte au moins 900-1000 euros, explique le neurologue. Et si la technique mise au point par nos confrères américains pour mesurer cette protéine reste difficile à généraliser, d’autres plus simples sont sur le point d’être validées. »
Ce dosage de protéine pourrait ainsi être opérationnel dès 2020. Avec à la clé non seulement une simplification du lancement des essais cliniques mais aussi de l’évaluation de l’efficacité des traitements. Il pourrait même sortir du secteur de la recherche pour arriver dans les centres de diagnostic. « Nous ne devrons surtout pas paniquer les patients concernés, précise le Pr Hugon, certains, sans que l’on sache pourquoi, peuvent très bien vivre longtemps avec des plaques amyloïdes. Mais nous essaierons d’augmenter cette probabilité avec les conseils de prévention habituels autour de l’activité physique et du traitement de l’hypertension par exemple. »
Le nouveau test permettra même justement peut-être de mesurer précisément l’efficacité du sport pour réduire son risque de développer la maladie d’Alzheimer.