Cannabis : la consommation précoce influencerait les résultats scolaires
Fumer du cannabis avant 17 ans peut induire des difficultés scolaires conduisant à ne pas dépasser le baccalauréat. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Inserm et publiée dans l’International Journal of Epidemiology. Portrait de Romain, 19 ans, ancien gros consommateur de cannabis.
Romain a fumé son premier joint à l'âge de 13 ans, puis de manière insidieuse, il est tombé dans une consommation régulière de cannabis jusqu'à fumer cinq joints par jour. Une période qui a duré plus de quatre ans. "Je fumais tous les soirs jusqu’à 4 heures du matin en mettant quelque chose sous la porte pour pas que ma mère ne sente pas l’odeur…", raconte le jeune homme.
Romain fumait aussi la journée, entre midi et deux et à la sortie du lycée. L'année de son bac, il a cumulé plus d'un mois d'absence. Il a eu beaucoup de difficultés à suivre ses cours et à les mémoriser.
"Quand on fume, en général, on se couche tard, on a beaucoup de mal à se lever, cela provoque l'absentéisme : de manière générale, je loupais les cours presque toutes les matins", confie Romain. "En plus de ça, cela fait perdre des capacités au niveau de l'attention et de la concentration. Quand on doit se mobiliser pendant deux, trois ou quatre heures pour un examen, c'est pratiquement impossible", ajoute-t-il.
Diminution de la matière grise, fonctionnement des neurones perturbé, la consommation régulière de cannabis a des effets néfastes sur le cerveau d'autant plus si le fumeur commence très tôt. "Le cerveau continue à maturer jusqu'à 24 ans environ. Le cerveau mature, donc la matière cérébrale entre en compétition avec la consommation de ce produit or cette mise en concurrence avec la matière cérébrale va avoir un effet sur les opérations cognitives", explique Pr Amine Benyamina, psychiatre-addictologue à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP). "L'attention, la mémoire et la concentration sont des fonctions qui sont indispensables pour engendrer du savoir et pour être meilleur sur le plan de l'efficacité scolaire", ajoute-t-il.
Ce lien entre résultats scolaires et consommation précoce de cannabis se précise. Une étude de l'Inserm menée sur 1.100 personnes âgées de 25 à 35 ans, montre que plus un jeune commence à fumer tôt, moins il a de chances de faire des études.
"Un jeune qui consomme du cannabis avant 17 ans ira peut-être jusqu'au baccalauréat, mais aura une probabilité bien moindre de poursuivre ses études au-delà par rapport à un jeune qui n'a pas consommé de cannabis et ce quelque soit son milieu social d'origine, qu'il ait eu des difficultés scolaires ou psychologiques ou non", affirme Maria Melchior, épidémiologiste, directrice de recherches à l’Inserm.
En France, un collégien sur quatre et un lycéen sur deux a déjà fumé du cannabis. Reculer l'âge d'initiation à cette pratique reste donc un objectif majeur de santé publique.