Soudan : l'épidémie de choléra fait rage
Au moins 39 personnes sont mortes au Soudan du Sud d'une épidémie de choléra qui s'amplifie depuis un mois dans ce pays ravagé depuis 19 mois par un sanglant conflit, selon un communiqué de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), mardi 21 juillet 2015.
Au total, "1.212 cas de choléra" ont été diagnostiqués dont "39 mortels", selon les chiffres de l'OMS qui précise que l'épidémie se déplace de la capitale Juba vers l'Etat voisin du Jonglei, particulièrement touché par la guerre civile.
Le ministre sud-soudanais de la Santé a officiellement déclaré l'épidémie le 23 juin, même si le premier cas a été recensé dans un camp des Nations unies de Juba le 18 mai. A travers le pays, ces bases servent de refuge à plus de 166.000 Sud-Soudanais fuyant les combats.
Si la majorité des cas reste localisée autour de Juba, un décès a été enregistré à Bor, la capitale de l'Etat du Jonglei, une ville aujourd'hui sous contrôle du gouvernement, mais complètement en ruines après avoir changé de mains à plusieurs reprises pendant la guerre.
Les efforts pour juguler le choléra sont freinés par l'inflation galopante et la "mauvaise situation économique", estime le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
"Beaucoup de gens ne peuvent même pas s'acheter de l'eau potable", précise l'OCHA avant d'ajouter que de nombreux habitants boivent directement l'eau du Nil.
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë, strictement limitée à l'espèce humaine, provoquée par l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par un vibrion*, Vibrio cholerae. En l'absence de traitement, le choléra peut provoquer la mort en quelques heures. Il se propage facilement, notamment dans les zones dépourvues d'infrastructures de base.
En 2014, au moins 167 personnes étaient mortes d'une précédente épidémie de choléra dans le pays.
*petits bacilles, de forme incurvée, "en virgule", extrêmement mobiles.
Selon l'Institut Pasteur, "l'incubation - de quelques heures à quelques jours - est suivie de violentes diarrhées et de vomissements, sans fièvre.
"En l’absence de traitement, la mort survient très vite, par collapsus cardio-vasculaire dans 25 à 50% des cas. La mortalité est plus élevée chez les enfants, les personnes âgées et chez les individus fragilisés.
"Le traitement consiste essentiellement à compenser les pertes digestives d'eau et d’électrolytes. La réhydratation est assurée par voie orale ou par voie intraveineuse, selon le degré de déshydratation. L'amélioration est perceptible au bout de quelques heures et la guérison, sans séquelle, est obtenue en quelques jours.
"L’antibiothérapie peut être utile dans les cas graves, mais l’émergence de souches de vibrions cholériques multirésistantes aux antibiotiques en limite l’indication."
Source : Institut Pasteur