Lactalis : une situation "incompréhensible", selon Agnès Buzyn
Une enquête est en cours pour comprendre pourquoi des lots de lait potentiellement contaminés n'avaient pas été retirés de la vente dans certains hôpitaux et pharmacies.
Le "dossier Lactalis" est loin d’être clôt. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déclaré vendredi 12 janvier à nos confrères d’Europe 1 qu'il y aurait "des suites" dans l'affaire du lait contaminé à la salmonelle du groupe Lactalis, évoquant des "peines graves" encourues par certains acteurs, sans les identifier. "Une enquête est ouverte et nous verrons les responsabilités de chacun", a-t-elle ajouté, assurant que les services de l'Etat avaient "fait leur travail" et que les alertes étaient "plus que claires".
La légèreté "incompréhensible" de certains établissements
Malgré le rappel de lots de lait infantile susceptibles d'être contaminés en décembre, des supermarchés ont reconnu avoir continué à commercialiser des produits qui auraient dû être retirés de la vente cette semaine. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a révélé que les contrôles avaient également fait état de la présence de produits visés par le rappel dans des pharmacies, crèches, hôpitaux et grossistes.
"C'est incompréhensible et c'est totalement de la responsabilité soit de ces établissements (hospitaliers) soit des pharmaciens", a souligné Agnès Buzyn, notant tout de même qu’il ne s’agissait que de 44 pharmacies "défaillantes" sur 20.000 en France. La ministre a déploré la légèreté de certains établissements et professionnels de santé. "Là où on est extrêmement inquiets, c'est effectivement le fait que les gens ne prennent pas suffisamment conscience du risque sanitaire dans le retrait de lots qui est totalement de la responsabilité de chacun et les gens sont exposés à des peines graves, des peines pénales, des amendes", a-t-elle martelé.
Une enquête pour faire la lumière sur les responsabilités de chacun
"On est en train de faire une enquête, j'ai des remontées des Agences régionales de santé concernant les hôpitaux incriminés", a ajouté Agnès Buzyn.
"Je crains que nous trouvions des choses étonnantes chez Lactalis", a-t-elle d'autre part déclaré, évoquant "une forme de résistance" dans les retraits de lots et notant que les trois rappels successifs avaient "compliqué le traitement" de l'information par les distributeurs. "Les industriels sont en première ligne de la responsabilité sanitaire", a-t-elle rappelé. Après les représentants de la grande distribution jeudi, le groupe Lactalis va devoir s'expliquer vendredi devant le ministre de l'Economie, qui a convoqué sa direction et dénoncé une "entreprise défaillante".
Au 9 janvier, les autorités de santé avaient recensé 35 nourrissons atteints de salmonellose et ayant consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée. Dix-huit nourrissons ont été hospitalisés, mais tous sont sortis de l'hôpital, selon la même source. "A ma connaissance aujourd'hui, les derniers cas signalés vraiment liés à la contamination datent de début décembre", a ajouté Mme Buzyn.