Les maisons de retraite en danger faute de budget ?
La Fédération hospitalière de France (FHF) lance une pétition ce jeudi pour alerter sur la baisse programmée du financement des maisons de retraite publiques.
"Halte à la baisse des moyens financiers !". À côté de ce slogan, sur l'affiche, le visage de Marie-Louise, 97 ans, qui vit dans un Ephad. Dégradation des conditions d’accueil, diminution du personnel... La baisse des dotations aux Ephad publics, 200 millions d'euros d’ici 2023 selon la FHF, pourrait avoir des conséquences très concrètes sur la vie des personnes âgées dépendantes. La FHF invite les Français à signer une pétition pour défendre les maisons de retraite publiques. Les explications de Frédéric Valletoux, directeur de la Fédération hospitalière de France (FHF).
- Pourquoi cette réforme a-t-elle un impact sur le financement des maisons de retraites publiques ?
F. Valletoux : "Cette réforme vise à revoir les règles de financement des maisons de retraite. Ça se fait au détriment des maisons de retraites publiques. L’Assurance maladie ne va pas faire 200 millions d’euros d’économie. En réalité, ce sont 200 millions de transfert des maisons de retraites publiques vers les maisons de retraite privées. C’est inacceptable. On sait que ce n’est pas dans les maisons de retraite publiques qu’il y a les résidents les plus fortunés. On déshabille le service public au bénéfice du privé qui n’en a pas forcément besoin. Ces transferts remettent en cause la qualité du service et la manière dont on accueille les résidents."
- Quelles répercussions pourrait avoir cette réforme sur le quotidien des résidents ?
F. Valletoux : "Ça veut dire moins d’emplois. La situation est déjà très tendue dans les maisons de retraite publiques. On a par exemple la maison de retraite de la ville de Bourges. Il y a 14 aides-soignants. Si elle applique la nouvelle règle de financement, c’est quasiment 8 emplois sur les 14 qu’il faudrait supprimer. On voit qu’on va vers une dégradation. Une aide-soignante, qui a déjà 8-9 résidents à suivre, pourrait se retrouver à suivre chaque jour une quinzaine de résidents. On perd de l’humanité, de la sécurité dans des endroits où on a énormément besoin d’accompagnement."
- Qu’espérez-vous provoquer par cette alerte ? N’est-ce pas trop tard ?
F. Valletoux : "Cela fait des mois qu’on tire la sonnette d’alarme auprès du ministère de la Santé, d’Agnès Buzyn… Ce dossier, c’est un cadeau empoisonné laissé par le précédent gouvernement. La ministre a conscience de la situation. Mais, pour l’instant, on n’arrive pas à se faire entendre. Derrière des mesures techniques, il y a une déstabilisation du secteur. On attend que la ministre gèle ces nouvelles règles et qu’on se remette autour de la table pour trouver des modalités de financement qui ne vienne pas déstabiliser un secteur qui est déjà en tension. On veut mobiliser les Français via cette campagne de communication, via une pétition en ligne sur change.org."